Au lieu d’une peine de prison, il a eu une seconde chance par les arts

"Je suis passé de ce gamin qui était en quelque sorte troublé mais il y a aussi eu un moment où j’ai pu centrer ma vie quand quelqu'un m'a attrapé par la main et a dit, tu sais quoi, suis-nous, nous t’aiderons à réussir."

19 septembre 2018 01:50 Mis à jour: 5 avril 2019 19:50

NEW YORK – Faire des collages et organiser des expositions d’art ne sont pas des choses que l’on associe habituellement aux jeunes hommes qui ont des démêlés avec la justice. Mais ces dernières années, c’est la façon dont les autorités ont aidé plusieurs adolescents qui s’en sont sortis plutôt que de faire face à la prison.

Daniel Aguilar était l’un de ces adolescents. Il a été arrêté pour un délit mineur et a fait face à la perspective d’avoir un casier judiciaire avant ses 18 ans. Lorsqu’on lui a offert une deuxième chance dans le cadre d’un programme d’art-thérapie, cela a été le point tournant dont il avait besoin pour réparer son erreur.

En 2012, le tribunal a ordonné que le jeune homme de 16 ans de Staten Island, dans l’État de New York, participe à un programme dirigé par Young New Yorkers en guise d’alternative à l’incarcération. Le jeune homme voulait simplement passer à autre chose le plus vite possible. Il savait que s’il faisait ce qu’on attendait de lui, son dossier pourrait être révoqué et fermé.

Mais lorsqu’il s’est lancé dans ce programme de huit semaines à Brooklyn, il n’avait aucune idée à quel point cela allait changer sa vie.

« Je suis passé de ce gamin qui était en quelque sorte troublé à ce moment de ma vie où quelqu’un m’a attrapé par la main et a dit, tu sais quoi, suis-nous, nous t’aiderons à réussir », a déclaré Daniel à Humanity. Il a maintenant 23 ans.

En entrant dans le bureau le premier jour, il était nerveux, mais ce sentiment s’est vite atténué. Il savait que sa famille était déçue de ce qui s’était passé et s’inquiétait pour son avenir. Il était donc déterminé à prouver qu’il n’était pas une mauvaise personne.

« Les seuls doutes que j’avais [au début du programme] étaient de savoir si mes parents me regarderaient toujours de la même façon, si mes amis me regarderaient toujours de la même façon, si ma société me regarderait toujours de la même façon. C’est parce qu’il y a un stigmate qui accompagne le fait d’être arrêté et d’être dans le système », dit-il.

« Je voulais juste terminer le programme pour que les gens sachent que [bien que] j’aie fait ce que j’ai fait, ce n’est pas ce que je suis. »

Une seconde chance

Daniel Aguilar en classe depuis le tout premier programme Young New Yorkers. (Courtesy of Young New Yorkers)

Avant Young New Yorkers, Daniel n’avait pas le type de système de soutien que le programme lui offrait.

« Je pense que c’est la première fois que quelqu’un intervient dans ma vie et me dit que je suis plus que mes erreurs, et qu’on me voit pour mon avenir et ce que je peux apporter à la société et à ma vie à venir, et non pour ce qui s’est passé dans le passé », explique Daniel.

Pendant trois heures chaque semaine, les intervenants du programme ont encouragé Daniel à examiner ses choix, et comment il a été influencé par ses pairs et son milieu social. Il a examiné ses actions, les répercussions et la façon dont il pourrait faire des choix responsables pour l’avenir.

« Daniel est un jeune homme extraordinaire », a déclaré Rachel Barnard, fondatrice et directrice exécutive de Young New Yorkers, à Humanity.

« Je pense que l’une des choses les plus importantes qu’il a tirées de cette situation était que nous avions un programme axé sur les forces et qu’il était donc capable de discuter des choix qu’il avait faits sans se baser sur ce contexte que c’est une punition et que vous êtes une mauvaise personne, mais plutôt quelles sont vos forces et que pouvons-nous faire pour que votre vie ne soit pas définie par ce moment-là », a-t-elle déclaré.

Daniel Aguilar prononce un discours lors du dîner-bénéfice Young New Yorkers 2013. (Courtesy of Young New Yorkers)

En collant des photographies de lui-même dans un collage à côté d’images de lions – choisies pour symboliser la force, la persistance et la résilience -, il a commencé à voir sa véritable identité.

Le simple fait de se rendre de Staten Island à Brooklyn – un voyage qu’il a dû documenter dans le cadre d’un projet de vidéographie – a aussi profondément changé son état d’esprit.

« Je ne suis jamais venu au centre-ville de Brooklyn », dit-il. « À partir de ce moment j’étais dans un tout autre contexte, donc mon esprit s’est élargi et ma perspective sur ma vie a changé. »

La classe a également effectué un certain nombre d’excursions pour se familiariser avec l’art public et savoir comment faire entendre sa voix à travers l’art pour s’attaquer aux problèmes sociaux qui les intéressent.

« C’était quelque chose d’incroyable, quelque chose dont je n’avais jamais fait partie auparavant », a dit Daniel.

Restauration d’œuvres d’art

Il a abouti à une exposition d’art dans une salle d’audience. Le procureur, l’avocat de la défense et le juge qui ont condamné chaque participant ont assisté à l’exposition afin de voir les œuvres d’art, mais surtout, de s’entretenir avec les participants du programme. Chaque personne a pu parler de ce que le programme avait fait pour elle.

Le but était d’humaniser le processus du système de justice pénale et de permettre aux participants d’apprendre à se connaître sur un plan émotionnel et personnel. Et ça a marché.

Daniel se souvient qu’un participant a décidé que son projet d’art sur le thème de la communauté demanderait à chacun d’écrire ses objectifs et ses aspirations sur un morceau de papier, de le plier dans un avion en papier, puis de le lancer dans les airs.

« Je me souviens que nous nous sommes tous retrouvés debout, peut-être 80 d’entre nous, en train de jeter un tas d’avions dans le ciel et de les laisser s’envoler à travers la salle d’exposition. C’était génial », dit-il.

Ces aspirations fulgurantes ont été un reflet qui illustrait bien la transformation que Daniel allait vivre au cours du processus de huit semaines.

Le juge Calabrese et Daniel Aguilar à l’exposition 2018. (Mansura Khanam)

« Cela m’a juste rendu une personne plus consciente et plus lucide, quelqu’un qui peut examiner l’impact de ses choix à l’avance », a expliqué Daniel.

« La plupart du temps, j’étais très impulsif, et je faisais les choses sans vraiment comprendre les conséquences de mes choix. »

Plus tard, il a été invité à prendre la parole lors d’un événement des jeunes new-yorkais. Les professionnels du droit et ses mentors présents ont tous été impressionnés par son attitude, tout comme sa famille. Il savait qu’il pourrait grandir de son erreur.

« C’était incroyable, j’ai eu ce sentiment de joie », dit-il en réalisant cela.

Aller de l’avant

Daniel a ensuite obtenu son diplôme du John Jay College of Criminal Justice, avec une majeure en psychologie légale, et il est maintenant un mentor de Young New Yorkers pour une bonne raison.

« Je ne pense pas que je serais la personne que je suis aujourd’hui si ce n’était pas d’eux », dit-il.

Il savait qu’il avait quelque chose à redonner qui pourrait aider les jeunes à suivre le programme maintenant.

« Je suis quelqu’un qui est passé par le système, qui a suivi le programme, et je ne suis qu’un témoignage de l’impact que le programme a eu sur moi et sur ma vie », dit-il.

Version originale

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis et laissez-nous vos commentaires.

Un sans-abri se souvient de la vie qu’il a vécue, mais perdue
– puis il découvre que ce n’est pas fini

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.