Nouvel acte d’apaisement à Gaza: le Hamas distribue les dollars qataris

9 novembre 2018 15:21 Mis à jour: 9 novembre 2018 15:29

De longues files de Palestiniens se sont formées vendredi à Gaza pour toucher des arriérés de salaire ou des aides financés selon le Hamas par le Qatar, dans un nouvel effort pour dissiper les tensions dans et autour du territoire. Des dizaines de Palestiniens se sont pressés à travers la bande de Gaza devant les guichets des bureaux de poste, exceptionnellement ouverts vendredi et samedi, exhibant ensuite plusieurs billets de cent dollars.

« Je suis venu chercher 400 dollars, au titre de mon salaire de juillet », dit Fadi Abou Safia, fonctionnaire de 35 ans, dans la ville de Gaza, « bien sûr, l’argent provient des fonds qataris. Espérons que cet argent résolve la crise que nous traversons ».

Mohamed Abed al-Hadi, 27 ans, est venu, lui, collecter 700 shekels (190 dollars) versés aux Palestiniens blessés lors des manifestations et des heurts avec l’armée israélienne ces derniers mois, « une belle somme au vu des conditions dans lesquelles nous vivons ». Au total, ce sont 90 millions de dollars qataris qui doivent être distribués en six tranches mensuelles de 15 millions, selon le Hamas, principalement pour payer au moins partiellement les fonctionnaires du mouvement islamiste au pouvoir dans l’enclave.

Depuis des mois, des dizaines de milliers de fonctionnaires ne sont plus payés que sporadiquement, ce qui ajoute aux crispations dans le territoire éprouvé par les guerres, les blocus israélien et égyptien, la pauvreté et les pénuries. Israël semble avoir facilité l’opération, avec l’intention de contribuer à faire retomber la fièvre à laquelle il est confronté depuis des mois sur sa frontière.

Fait exceptionnel, l’Etat hébreu, qui contrôle tous les accès au territoire en dehors de la frontière égyptienne, a laissé jeudi soir l’ambassadeur du Qatar à Gaza, Mohammed Al-Emadi, franchir le point de passage d’Erez entre Israël et l’enclave avec des valises d’argent en liquide, ont indiqué sous le couvert de l’anonymat une source au sein du Hamas et une source palestinienne à la frontière.

Aucune confirmation ni démenti n’a été obtenu du côté israélien. Le Qatar, qui n’a pas de relations diplomatiques avec Israël, est un soutien de longue date du Hamas, considéré terroriste par l’Etat hébreu, et jugé infréquentable par une partie de la communauté internationale. Elle s’inscrit plus largement dans les efforts déployés, notamment par le voisin égyptien et les Nations unies, en vue d’une trêve durable entre Israël et le Hamas, après des mois de violences qui ont ravivé le spectre d’un quatrième conflit depuis 2008.

Israël souhaite  un retour au calme. Une amélioration des conditions de vie, en particulier le paiement des fonctionnaires du Hamas passent pour un important facteur de détente. Un Gazaoui sur deux vit sous le seuil de pauvreté, le chômage affecte 53% de la population, et l’économie gazaouie est en « chute libre », selon la Banque mondiale.

Le Qatar, acteur primordial à Gaza, joue un rôle éminent dans l’effort de détente en cours. Sous les auspices de l’ONU, il a accepté de financer pendant six mois pour 60 millions de dollars de fioul destiné à la seule centrale électrique du territoire. Les livraisons commencées en octobre, avec l’aval israélien, ont commencé à résorber partiellement une pénurie chronique de courant. Le Qatar a aussi décidé cette semaine de verser cinq millions de dollars d’aide à 50.000 familles pauvres de Gaza.

La réussite finale de l’entreprise de détente n’est pas assurée et fait grincer des dents de part et d’autre, notamment du côté de l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas. Évincée de Gaza par le Hamas en 2007 alors qu’elle est l’interlocutrice historiquement reconnue de la communauté internationale, l’Autorité palestinienne se juge court-circuitée et redoute une reconnaissance de fait et la pérennisation de l’autorité du Hamas sur Gaza.

Ce qu’a fait l’ambassadeur du Qatar s’apparente à des « agissements de gangster », a dit à l’AFP Ahmed Majdalani, un proche de M. Abbas. Du côté israélien, le ministre de la Défense Avigdor Lieberman a déjà dit ne pas croire possible un arrangement avec le Hamas. Lors d’une réunion avec des collaborateurs jeudi, il a dénoncé le feu vert israélien au transit de fonds qataris comme une « capitulation devant le terrorisme », a rapporté le quotidien Yediot Aharonot. Alors qu’il s’agit tout simplement d’un acte de bienveillance d’Israël.

D.C avec AFP

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