Grande-Bretagne : Tommy Robinson mobilise massivement à Londres pour la « liberté d’expression »

Plus de 1 600 policiers ont été mobilisés ce samedi 13 septembre à Londres pour encadrer l'un des rassemblements les plus importants organisés par Tommy Robinson, baptisé "Unite The Kingdom Free Speech Festival".
Photo: Leon Neal/Getty Images
Plus de 1 600 policiers ont été mobilisés ce samedi 13 septembre à Londres pour encadrer l’un des rassemblements les plus importants organisés par Tommy Robinson, figure controversée de la droite britannique. Baptisé « Unite The Kingdom Free Speech Festival », cet événement est présenté comme « le plus grand rassemblement en plein air jamais consacré à la liberté d’expression au Royaume-Uni ».
La manifestation, qui a débuté à 11h00 locales, s’est élancée de Stamford Street, près du rond-point IMAX au sud du pont de Waterloo, avant de se diriger vers Westminster en passant par York Road, au cœur du pouvoir politique britannique. Robinson avait prévenu ses partisans qu’il n’y avait « pas de place pour la violence » lors de cette démonstration, déclarant dans une vidéo sur X : « Ce n’est pas le moment pour des émeutes ».
Un contexte tendu après l’assassinat de Charlie Kirk
Ce rassemblement intervient dans un climat politique particulièrement chargé, trois jours après l’assassinat de l’influenceur conservateur américain Charlie Kirk, tué par balle le 10 septembre lors d’un débat public sur le campus de l’université de Utah Valley. La mort du jeune homme de 31 ans, figure de la jeunesse trumpiste, a été annoncée par Donald Trump sur son réseau Truth Social, et le suspect présumé a été arrêté selon les autorités de l’Utah.
Robinson avait fait de cet assassinat un symbole pour sa cause, déclarant jeudi sur X : « Marchez pour votre pays, marchez pour la liberté, marchez pour vos enfants et marchez pour Charlie Kirk », transformant la mort de l’activiste américain en argument mobilisateur pour ses partisans britanniques. Charlie Kirk était l’un des plus fidèles alliés du président américain Donald Trump et un éminent militant conservateur.
Un dispositif sécuritaire exceptionnel
Face à l’ampleur attendue de la manifestation et des tensions potentielles, les autorités ont mobilisé plus de 1 600 agents, dont environ 500 officiers supplémentaires venus de tout le pays. Cette mobilisation policière exceptionnelle témoigne de l’inquiétude des autorités face à ce qu’elles considèrent comme l’un des plus importants rassemblements d’extrême droite organisés dans la capitale britannique ces dernières années.
Une contre-manifestation organisée par Stand Up To Racism sous le nom de « March Against Fascism » s’est également déroulée simultanément dans le centre de Londres. « Chaque antiraciste doit être dans les rues le 13 septembre », avait déclaré l’organisation, appelant à « confronter Tommy Robinson et l’extrême droite partout où ils tentent de défiler ».
Des personnalités internationales controversées
Le rassemblement a attiré plusieurs figures de la droite internationale. Éric Zemmour, président du parti français Reconquête, a confirmé sa présence, aux côtés de Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump. Cette dimension internationale souligne la volonté de Robinson de s’inscrire dans un mouvement transnational de contestation des politiques migratoires européennes.
Tommy Robinson, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, 42 ans, est le fondateur de l’ex-English Defence League, organisation issue de la mouvance hooligan. Condamné à plusieurs reprises pour troubles à l’ordre public, il a été emprisonné en 2018 pour outrage au tribunal, puis en 2024 pour avoir répété des propos diffamatoires contre un réfugié. Libéré en mai dernier, il avait notamment reçu le soutien d’Elon Musk, propriétaire de X.
Un été de tensions migratoires
Cette mobilisation s’inscrit dans la continuité d’un été marqué par des manifestations anti-immigration devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, largement relayées par Robinson sur les réseaux sociaux. Ces événements ont révélé les fractures profondes de la société britannique sur les questions migratoires et identitaires, particulièrement après le Brexit.
Les précédents rassemblements organisés par Robinson ont montré sa capacité de mobilisation : en juillet 2024, selon l’organisation antiraciste Hope Not Hate, entre 20 000 et 30 000 personnes avaient participé à ses manifestations. Ses partisans espèrent cette fois un « réveil patriotique » dans un « Royaume-Uni fracturé par les questions migratoires, identitaires et sociales ».
La liberté d’expression au cœur du débat politique
Le thème de la liberté d’expression, central dans ce rassemblement, agite effectivement le débat public britannique depuis plusieurs mois. Il a été ravivé début septembre par l’arrestation à l’aéroport londonien de Heathrow d’un créateur de séries accusé d’avoir diffusé des messages hostiles aux personnes transgenres.
Ce débat a également été évoqué en lien avec les centaines d’arrestations de manifestants exprimant leur soutien au groupe Palestine Action, classé « organisation terroriste » par le gouvernement britannique.
Face aux controverses, le Premier ministre Keir Starmer s’est dit « très fier » de la « longue tradition de liberté d’expression » au Royaume-Uni, qu’il « défendra toujours ». Cette position illustre la difficulté pour les autorités de concilier la protection des libertés fondamentales avec la lutte contre les discours de haine et l’incitation à la violence.
Des poursuites judiciaires en perspective
Robinson doit faire face à de nouvelles poursuites judiciaires. Il est attendu devant la justice en octobre 2026 pour avoir refusé de donner le code PIN de son téléphone portable, que la police réclamait en vertu des pouvoirs étendus dont elle dispose dans le cadre de la loi sur le terrorisme de 2020.
Cette procédure s’ajoute à un parcours judiciaire déjà chargé et illustre la surveillance étroite dont fait l’objet l’activiste de la part des autorités britanniques, qui le considèrent comme une menace potentielle pour l’ordre public.
Le succès de ce rassemblement pourrait marquer un tournant dans l’influence de Tommy Robinson sur la scène politique britannique, dans un contexte où les questions d’immigration et d’identité nationale occupent une place croissante dans les préoccupations d’une partie de l’opinion publique.

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