Actes antichrétiens : 86 sénateurs réclament la protection des églises face à des victimes se sentant « abandonnées »

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Photo: Crédit photo ISSOUF SANOGO/AFP via Getty Images
Les actes antichrétiens se multiplient en France, sans que les fidèles ne perçoivent une réponse adaptée de l’État. Plus de 80 sénateurs alertent sur cette situation et appellent à un dispositif national pour protéger les lieux de culte et leurs fidèles.
Dans une tribune publiée sur Boulevard Voltaire, 86 sénateurs, majoritairement LR, alertent sur la progression inquiétante des atteintes contre les églises et les communautés chrétiennes. La sénatrice Sylviane Noël, à la tête de l’initiative, appelle solennellement à la protection des lieux de culte.
Les attaques contre les églises suscitent moins d’écho
« Sur les seuls cinq premiers mois de l’année 2025, 322 actes antichrétiens ont été enregistrés en France, soit une hausse de 13 % par rapport à la même période, un an auparavant », rappellent les sénateurs dans leur texte. Les formes de ces atteintes sont variées et souvent spectaculaires. Profanations, incendies volontaires et agressions physiques. Les signataires de la tribune notent également que, parmi ces incidents, les vols d’objets liturgiques connaissent une forte augmentation : « 820 cas ont été signalés en 2024, contre 633 en 2022 ».
Pour les sénateurs, la différence de traitement médiatique et politique entre les actes visant les chrétiens et ceux visant d’autres religions est frappante. À titre d’exemple, ils indiquent le cas des « têtes de cochon déposées devant plusieurs mosquées de Paris », les mettant en parallèle avec l’incendie de la Vierge à Guingamp, qui s’est produit « en pleine messe de la Nativité ». Si le premier a suscité « une vive réaction, dans la classe politique, et une couverture médiatique importante », le second, pourtant « survenu dans des conditions tout aussi graves et symboliquement fortes, n’a suscité ni la même visibilité ni la même mobilisation », déplorent les signataires. Ce décalage alimente « le sentiment que certaines victimes de violences religieuses sont davantage considérées que d’autres ».
Un manque de dispositifs pour protéger les chrétiens victimes
La tribune cite aussi le cas tragique d’Ashur Sarnaya, Irakien en fauteuil roulant, membre de la communauté assyro-chaldéenne et fidèle de la paroisse Saint-Éphrem. Réfugié en France après avoir fui la persécution et connu pour prôner la paix, il a été assassiné le 10 septembre au soir à Lyon, d’un coup de machette à la gorge, alors qu’il rentrait chez lui dans le quartier de Gorge de Loup. Il se filmait alors sur TikTok pour témoigner de sa foi chrétienne. « Pas une semaine ne passe sans que la presse quotidienne régionale ou les réseaux sociaux ne nous informent de ces atteintes », dénoncent les sénateurs.
Cette situation révèle également un manque de dispositifs adaptés pour protéger les chrétiens victimes de ces actes, alors même que l’État a mis en place divers moyens – allant des plateformes de signalement aux numéros d’alerte, en passant par des partenariats associatifs et des dispositifs d’accompagnement – pour lutter contre l’antisémitisme et les actes antimusulmans. Cependant, selon les sénateurs, « rien de semblable n’existe pour les actes antichrétiens et cette différence ne peut plus être passée sous silence », car elle fragilise le principe d’égalité face à la protection des croyants.
Ils appellent le gouvernement « à agir sans délai »
Les sénateurs rappellent que la devise républicaine engage l’État : la liberté implique la pratique paisible de chaque foi, l’égalité exige une protection identique pour tous les croyants, et la fraternité commande de voir dans chaque atteinte religieuse une blessure infligée à la nation entière.
« Aujourd’hui, nous appelons solennellement le gouvernement à agir sans délai », exhortent les parlementaires, qui réclament la mise en place de dispositifs nationaux « de signalement et d’accompagnement des victimes d’actes antichrétiens ».
Dans un contexte où les tensions sociales et internationales exacerbent les fractures, ces sénateurs estiment qu’il est crucial d’envoyer un signal clair : « Aucune haine ne sera jamais tolérée, aucune violence contre un croyant ne sera jamais relativisée, aucune atteinte à un lieu de culte ne sera jamais minimisée », assurent-ils, tout en précisant qu’à « l’inverse de certains, jamais nous n’appellerons à dresser les victimes les unes contre les autres ». Et de conclure : « Il en va de notre cohésion nationale, de notre fidélité à l’Histoire de France, à ses racines chrétiennes, et de notre attachement au principe de laïcité, qui n’est pas l’effacement des religions mais la garantie que chacune puisse exprimer sa foi dans la dignité et la sécurité. »

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