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Bientôt 15 jours après ses critiques contre l’islam, la jeune Mila ne peut toujours pas retourner au lycée

janvier 31, 2020 18:00, Last Updated: juin 7, 2021 11:55
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Inondée de menaces sur les réseaux sociaux, Mila, la lycéenne iséroise de 16 ans dont les virulentes critiques sur l’islam ont été massivement relayées se retrouve sans affectation scolaire, dans l’attente d’une solution du rectorat.

Dix jours après la publication de sa vidéo controversée, suivie d’une vague de menaces de mort et de viol, la lycéenne n’a toujours pas réintégré son établissement de Villefontaine, où ses attaques ont provoqué l’indignation d’une partie des élèves.

« Ça a choqué beaucoup de monde ici », confirme une élève de 15 ans qui l’a côtoyée dans certaines matières. « Toute la France a vu sa vidéo… », relève-t-elle, souhaitant rester anonyme.

Devant le portail du lycée, Anissa, autre adolescente de Seconde, déplore que « cette critique des musulmans » ait été diffusée sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, la jeune femme évoquait un récent conflit avec un jeune homme qui l’a insultée en ligne, avant de s’en prendre aux musulmans : « Le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la merde ».

Un autre élève, Nicolas, pense que la jeune femme n’a tout simplement « pas mesuré ses paroles, ni les conséquences de son buzz ». Il regrette que des gens « aient envie de lui faire du mal » car « ce n’est pas justifié », notamment au nom de la « liberté d’expression ».

En lien avec la famille, le rectorat de l’académie de Grenoble s’est mis en quête d’une solution qui permettra à Mila de retrouver le plus rapidement possible, et en toute sécurité, le chemin des salles de classe.

« Plusieurs options sont sur la table », précise Aymeric Meiss, directeur de cabinet de la rectrice de l’académie de Grenoble, confirmant que la jeune fille n’avait pas rejoint son lycée depuis les faits « parce que la situation ne le permet pas ». Sans préciser si un retour dans son lycée est envisagé.

Il y a bientôt 15 jours, la vidéo de l’adolescente est devenue virale sur les réseaux sociaux, attirant un déferlement de menaces, de soutiens et un lot de polémiques impliquant jusqu’à des ministres.

Les propos de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui a assimilé mercredi la critique des religions à « une atteinte à la liberté de conscience » avant de rétropédaler en plaidant la maladresse, ont notamment beaucoup fait réagir.

La secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, s’en est prise aux déclarations du délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri – « qui sème le vent récolte la tempête »« Je trouve que ce sont des propos criminels, ce sont des propos coupables », a réagi Mme Schiappa.

Jeudi soir, lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à Lyon, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a condamné les « appels à la haine » et martelé que « quand une élève est menacée, notre travail est de la protéger ».

Le ministre estime qu’une « réflexion sur la responsabilité des réseaux sociaux » doit être menée. « Tous ne jouent pas le jeu. Tous ces comptes anonymes posent vraiment question », a-t-il ajouté, interrogé par Le Progrès.

Le parquet de Vienne, qui avait ouvert une enquête pour « provocation à la haine à l’égard d’un groupe de personnes, en raison de leur appartenance à une race ou à une religion déterminée », l’a finalement classée sans suite.

Pour le procureur Jérôme Bourrier, l’enquête a démontré que les propos diffusés, « quelle que soit leur tonalité outrageante », avaient pour « seul objet d’exprimer une opinion personnelle à l’égard d’une religion, sans volonté d’exhorter à la haine ou à la violence contre des individus ».

Les enquêteurs poursuivent en revanche leurs investigations pour trouver les auteurs des menaces de mort exprimées à l’encontre de la jeune fille, qui a porté plainte. En attendant, plusieurs de ses camarades à Villefontaine voient d’un mauvais œil un éventuel retour dans l’établissement, où « pas mal de monde lui en veut », selon l’une d’elles.

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