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Le mystère de l'hypnose et l'hypnopraxie

Écrit par Andréane Morlange, radio Son de l’Espoir
22.11.2010
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  • homme tunnel(攝影: / 大紀元)

Nous vous proposons aujourd’hui, d’aborder  l’hypnose et une forme différente d’hypnose : l’hypnopraxie, avec Stéphanie Coda

SOH: Dans quel cadre vous êtes-vous intéressée à cette pratique ?

Stéphanie Coda : Je suis psychologue, psychothérapeute depuis douze ans maintenant. Je travaille à Genève J’ai mon propre cabinet indépendant. Il y a deux ans, j’ai reçu pour la seconde fois un courrier du Dr Guy Chedeau qui me proposait de le rejoindre pour suivre une formation en hypnopraxie, une nouvelle méthode qui allait plus loin que la méthode d’hypnose traditionnelle. J’avais par ailleurs pas mal de demande d’hypnose de mes patients au cabinet. J’ai donc rejoint le groupe formation dont la cession se termine bientôt.

SOH:Donc l’hypnopraxie est une facette ou une école de l’hypnose. Mais pouvez-vous nous définir l’hypnose ?

Stéphanie Coda : Le terme hypnos signifie à l’origine sommeil. L’hypnose est un dérivé, un état de conscience légèrement modifié dans lequel vont se passer plusieurs choses. Jean Godin la définissait de cette manière : « l’hypnose oriente les états de la conscience en mobilisant des chaînes d’association psychologique et ainsi elle va mobiliser des structures psychiques jusque là figées. Elle suscite alors de véritables réaménagements psychologiques qui permettent de faire l’économie des symptômes ». Chez Guy Chedeau, qui va ensuite être le fondateur de la notion d’hypnopraxie, il va y avoir un lien et une union du corps et de l’esprit. C’est un processus globalisant du corps et de l’esprit et ce n’est pas seulement un processus psychologique comme chez Jean Godin.

SOH: Est-ce une pratique médicale ?

C’est une approche thérapeutique utilisée dans des domaines médicaux pour l’anesthésie, la médecine dentaire, les accouchements, et dans la médecine qui s’occupe du traitement de la douleur.

SOH: C’est surtout pratiqué par des professionnels de la santé ?

Oui, quand l’approche est sérieuse, elle s’adresse à des professionnels de la santé : médecins, infirmiers, dentistes, anesthésistes, les métiers de la physiothérapie, tous les psychologues et les psychiatres.

SOH: Comme se passe une séance d’hypnose ?

Stéphanie Coda : La séance d’hypnopraxie ne va pas être d’emblée telle quelle. Le patient va arriver avec une demande. Il va falloir faire une anamnèse, avoir une ou deux séances de rencontre ou de psychothérapie, si on est dans le cadre de la psychothérapie, pour cerner la demande, et commencer à entrer en relation avec l’être qui va pouvoir, au travers de la relation thérapeutique, laisser exprimer certaines structures. L’hypnopraxie est un travail sur les structures de l’être.

Donc ce n’est pas possible de travailler d’emblée sur une demande, comme par exemple l’envie d’arrêter de fumer ou l’envie de maigrir quand la personne vient consulter pour cela. Derrière la problématique de la cigarette ou du poids, il y a toute une organisation de vie, toute une saisie de la vie chez la personne, qui est palpable au travers de ces structures, des structures psychologiques très profondes.

En fait la notion de praxie signifie la manière de se saisir de la vie, la manière de prendre, de faire lien au monde. Dans l’hypnopraxie, on va travailler la manière de faire lien au monde de l’être, d’aller toucher au fond de son âme, au fond de ses structures, pour réaménager les éléments psychologiques. On peut appeler cela une refonte du soi.

SOH: Quel est le rôle du praticien dans l’hypnopraxie ?

Stéphanie Coda : Contrairement à la pratique de l’hypnose où le praticien va être plus dirigiste et va avoir un protocole la plupart du temps, il part d’un point bien précis pour arriver à une fin indéterminée…

SOH: C'est-à-dire ce sont des protocoles établis dans l’école; à telle pathologie correspond tel protocole ?

Stéphanie Coda : Oui, c’est ça. Dans l’hypnopraxie on ne va pas avoir de directivité. On va avoir uniquement un langage de structure, ce qui sous entend qu’on ne va pas emmener une personne dans un lieu particulier pour y faire certaines choses ce qui est souvent le propre du protocole. Dans l’hypnopraxie, on part du principe que le symptôme est une émanation de l’être, le symptôme raconte quelque chose, le symptôme a un sens, le symptôme est la solution, il n’est pas le problème - si on veut faire en très réduit -. Le symptôme est la solution que l’être a trouvée pour survivre à quelque chose d’éminemment difficile. A partir de là, on va traiter le symptôme comme un indicateur. Quand on va écouter le discours de l’être qui vient en séance, ce qu’il raconte autour de son symptôme, dans son discours, il va falloir être à l’écoute de ses structures.

SOH: Quand vous parlez de structures, cela correspond à quoi ?

Stéphanie Coda : Ce qui est très intéressant dans l’hypnopraxie, c’est ce travail sur les structures. Cela veut dire que nous dégageons des structures de notre être dans notre dialogue, en permanence et à notre insu. Nous ne pouvons pas contrôler cela. Les structures apparaissent dans notre langage au travers des verbes que nous utilisons. On appelle structurel quelque chose qui vaut pour le passé, pour maintenant, pour le futur. Ce qu’il y a d’intéressant aussi à noter, c’est que l’hypnopraxie trouve son origine dans la phénoménologie, et Guy Chedeau a vraiment fait ce travail magnifique : l’étude des phénomènes c'est-à-dire la manière dont je perçois le monde, comment le phénomène m’apparaît. Alors, ces verbes racontent l’orientation de votre conscience ; forcément nous prenons conscience en permanence, seconde après seconde et notre conscience s’oriente intentionnellement « vers ». Il y a vraiment un processus intentionnel.

Si je suis à l’écoute de ce processus intentionnel, en tant que thérapeute, je vais être particulièrement attentive aux verbes que la personne va utiliser, qui sont les actions de l’être. Dans le langage, les verbes représentent vraiment les actions ; ils sont les structures. Quand quelqu’un va me dire par exemple : « ce serait bien que je puisse être éclairé ». Le verbe qu’il faut entendre c’est « être éclairé ». Chez cette personne, ce n’est pas par hasard qu’elle utilise cette formulation. Peut être que vous, vous ne l’auriez pas utilisée. Moi je sais que je n’utilise pas beaucoup ça, j’utilise autre chose. Avoir besoin d’être éclairé, chez cette personne, c’est quelque chose qui vaut pour quand elle était toute petite, quand elle avait vingt ans, quand elle en a 45 maintenant, et quand elle en aura 60. C’est ce qu’on appelle des choses structurelles. Quand, dans la séance d’hypnose, je vais la renvoyer à ses structures, je vais par exemple lui dire : « et vous savez combien il est important pour vous que vous soyez éclairé », là elle va pouvoir s’absorber dans quelque chose qui est structurelle pour elle. Elle n’a pas fait exprès de dire « j’ai besoin d’être éclairée », vous auriez pu entendre quelqu’un d’autre qui aurait dit « j’ai besoin d’être rassuré ». Chez cette autre personne, avoir besoin « d’être rassurée » est structurel.

SOH: Si je comprends bien, les structures c’est ce qui fait que la personne est telle qu’elle est, de manière intemporelle ?

Stéphanie Coda : Tout à fait. Mais elle n’en a pas forcément conscience. C’est le chemin qui va me permettre d’accompagner la personne. Quand dans un moment de retour sur soi, je renvoie la personne à cette structure là, et à d’autres, car je vais travailler sur plusieurs structures, je touche quelque chose de très important pour elle. Et là elle peut aller au cœur d’elle-même, et elle même connaît le sens, pourquoi elle a cette structure- là. Mais moi je ne le connais pas. Je ne sais pas pourquoi c’est important pour elle d’être éclairée.

Par contre j’ai bien entendu que ça, c’est structurel chez elle. Donc je ne suis pas dirigiste, je lui renvoie simplement ses structures et quand je la renvoie à ses structures, elle peut travailler dessus. Quand elle travaille dessus, ce qui va se passer, c’est qu’il y a quand même une donnée chronologique : j’ai avancé dans le temps, comme par exemple avec une situation douloureuse que j’ai vécu à 20 ans et une situation que je vis à 30. Il se passe dix ans durant lesquels ma praxie, ma saisie du monde, s’est nourrie d’énormément d’expériences. Je reviens dix ans plus tard sur un sentiment éprouvé, et c’est ça qui se passe, c’est un retour sur le sentiment, je le mesure à la lumière de dix années de bagage de plus. Donc ce que je percevais il y a dix ans en arrière n’est plus exactement ce que je vais voir maintenant. Et c’est ça le réaménagement.

SOH: Le patient que vous avez face à vous va-t-il saisir facilement que vous lui renvoyez sa structure ?

Stéphanie Coda : Quand quelqu’un a entendu sa structure que vous lui renvoyez, il va être très touché. Même si la dimension consciente ne le saisit pas, la dimension interne et inconsciente est profondément touchée. Dans l’exemple de cet homme qui va dire « j’ai besoin que vous m’éclairiez », si au cours d’une simple discussion je lui renvoie : « c’est vrai, dans la vie c’est important que parfois on soit éclairé », cela va le toucher profondément et le fait qu’il soit touché, cela va aller mobiliser certaines choses en lien, qui vont travailler. Mystérieusement les choses se réaménagent.

En tous cas pour moi c’est une chose assez mystérieuse ; comment est-il possible qu’en allant au contact de son moi si profond, quelque chose change ? C’est le propre de la question hypnotique, qui est une question d’inconscient, c’est qu’elle n’est pas accessible de manière très mentale. C’est difficile d’expliquer ce qui se passe, car ce qui se passe c’est dans des processus inconscients ; on a qu’une petite partie de l’explication.

SOH: Vous disiez tout à l’heure que l’hypnopraxie travaille sur un état complet du corps et de l’esprit. Donc vous voulez dire que ce n’est pas seulement un état de conscience, mais également des choses inscrites dans le corps ?

Stéphanie Coda : Tout à fait. Et là on retrouve quelqu’un qui est beaucoup à l’origine de l’approche de Guy Chedeau c’est le phénoménologue et philosophe Michel Henry qui a écrit « l’Essence de la Manifestation », un énorme traité sur cette question là, et qui a écrit un livre qui s’appelle « Incarnation », où on va justement comprendre que nous sommes incarnés et que c’est dans la chair que ça se passe. L’affect est charnel, ce n’est pas possible de dissocier l’esprit de la chair, c’est dans les cellules de la chair qu’il va se passer quelque chose.

C’est là que Guy Chedeau a fait quelque chose de nouveau par rapport à Jean Godin, qui est : « nous allons travailler dans l’incarnation ». Nous ne pouvons pas travailler uniquement dans l’esprit, c’est une mauvaise observation des choses ; ce n’est ni faux ni pas faux, c’est simplement mal observé. Nous sommes des êtres spirituels incarnés dans la chair. D’où le fait que le symptôme, quand la demande vient avec un symptôme, ce qui est souvent le cas, raconte l’âme. Et quand je vais symptomatiser quelque chose, je vais exprimer quelque chose de mon âme.

 

Le symptôme me permet de faire face à quelque chose, ce n’est pas un problème qui m’est tombé dessus sans responsabilité de ma part, ce n’est pas l’idée d’être coupable d’avoir un symptôme, mais d’être responsable. Ce symptôme va servir quelque chose en moi, protéger, avoir un certain bénéfice, que ce soit dans les maladies, dans la douleur. Il va y avoir des raisons pour que le symptôme se soit organisé de cette manière-là, comment il permet à la personne de faire certaines choses de sa vie et comment on va pouvoir travailler autour de cela. Parfois il n’est pas de bon ton d’enlever le symptôme. Souvent la demande est paradoxale : la personne vient et dit « enlevez moi ce symptôme ». En même temps, ce symptôme est nécessaire pour de multiples raisons, il va falloir travailler dessus sans forcément l’enlever.

SOH: Un exemple ?

Stéphanie Coda : Dans la question des douleurs, par exemple pour les gens qui sont très migraineux, on a pu s’apercevoir assez fréquemment - c’est à prendre avec précaution ce que je vais dire car il y a des cas particuliers - d’une manière générale, la douleur permet de ne pas faire face à certains états dépressifs. C’est peut être une meilleure solution d’avoir des migraines par rapport à un vécu existentiel douloureux plutôt que de sombrer dans un état dépressif. Et si on enlève la migraine, la dépression peut arriver.

SOH: Quelle différence pratiquement va-t-il y avoir entre la psychothérapie que vous avez engagée avec votre patient et l’hypnopraxie qui va venir après ?

Stéphanie Coda : Je dirais que l’hypnopraxie ne va pas venir après, mais elle va ponctuer le travail de psychothérapie, elle est la cerise sur le gâteau.

Dans la mesure où, dans la psychothérapie, on est dans du mental, dans de l’émotionnel mais qui est mentalisé, on est sur un plan de compréhension, d’analyse, d’introspection, de recherche de ses émotions, de mobilisation, mais à un niveau de la conscience.

Dans l’hypnopraxie, on a un petit moment accès à des zones inconscientes, d’où l’intérêt car ces zones inconscientes ne sont pas accessibles durant la psychothérapie.

SOH: Elles arrivent à quel moment ? Au moment où la personne se relâche ? Où elle en demi-sommeil ?

Stéphanie Coda : On peut parler d’hypnose à partir du moment très simple où vous fermez les yeux et où je vous parle ; entre deux personnes, quand l’une ferme les yeux et l’autre lui parle, on est déjà instantanément en état d’hypnose. A partir du moment où vous fermez les yeux et je vais vous parler de manière structurelle, très vite, quelques secondes après, vous allez déjà vous connecter à des parties importantes de vous qui ont besoin de s’exprimer. A partir du moment où vous vous détendez, vous fermez les yeux et que je vous mobilise, ou qu’un praticien ou un thérapeute va vous mobilier, sur vos structures, rapidement, celles-ci émergent.

SOH: Cela me fait penser à ces livres et images de Magic Eyes : on est comme ça. Dans la psychologie de base, on voit l’image sans voir le relief.

Stéphanie Coda : Et les moments d’hypnopraxie sont des moments où tout d’un coup vous voyez quelque chose. Puis, vous pouvez vous relâcher et ne plus voir. Et une fois que vous avez compris comment voir, vous voyez partout. Cela ressemble tout à fait à ça. Sauf qu’il faut ce moment de calme, un petit moment qu’on prend pour soi pour aller à l’écoute de cette image interne qui a besoin de sortir.

SOH: Dans l’hypnopraxie, il n’y a pas le danger de manipulation qu’il pourrait y avoir dans l’hypnose ?

Stéphanie Coda : Je pense que même dans l’hypnose il n’y a au fond pas grand danger. Tout cela est une image. Que l’hypnotiseur puisse prendre le contrôle de votre esprit ? Profondément, ce n’est pas  ainsi que cela se passe. Non.

SOH: C’est le patient qui est le garde fou ?

Stéphanie Coda : Toujours. Personne ne peut vous faire faire quelque chose que vous n’avez pas décidée de faire.

Il y a l’hypnose de foire qui est très souvent manipulée, il y a des complices, on est dans le grand charlatanisme. C’est du spectacle.

SOH: Quelle est votre vision de l’humain?

Stéphanie Coda : Je ne pense pas que tous les êtres humains soient au même niveau. Je ne pense pas que tous les êtres travaillent de la même manière. Il y a vraiment des cultivations - va t’on dire- de la vertu qui n’est pas la même chez certains. Et plus quelqu’un travaille, plus il s’améliore, et cela je le vois dans le travail thérapeutique.

J’ai tout de même de la peine avec une vision originelle et bonne. Je pense que tous nos processus de philosophie, de spiritualité, d’introspection, de travail de développement de soi et de cultivation des choses importantes en soi donnent le meilleur de l’être humain. Et ce n’est pas accessible comme cela et ne vient pas non plus tout seul.

Après, je pense qu’on porte notre bagage d’une histoire à l’autre, probablement d’une vie à l’autre, à mon avis je pense qu’on arrive dans une existence avec un bagage passé.

SOH: Vous pensez à la réincarnation quand vous dites ça ?

Stéphanie Coda : Oui

SOH: Vous, vous sentez vraiment chez vos patients qu’il y a des choses d’avant ? Et vous arrivez à les faire sortir parfois ?

Stéphanie Coda : Oui parfois, et je pense que l’hypnopraxie est un moyen d’avoir accès à d’autres zones. En tous cas j’espère aussi pouvoir avancer dans cette pratique avec cet objectif là.

Et si, ensemble avec mon patient, on pouvait avoir d’autres prises de conscience liées à des éléments au-delà de cette existence là, ce serait énorme les portes qui s’ouvriraient.

Pour l’instant on est dans un discours sûr, il n’ya pas autre chose que l’éprouvé des gens finalement. Mais je pense qu’indirectement, je compte aussi sur cette approche pour mener l’enquête un peu plus loin.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.