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Malgré la pression de Pékin, le spectacle continue

Écrit par Joshua Philipp, La Grande Époque
10.06.2010
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  • Le spectacle Shen Yun à l'automne 2009 à Genève, en Suisse. Presque partout où se produit Shen Yun, les missions diplomatiques chinoises tentent de l'en empêcher,(攝影: / 大紀元)

Les efforts du gouvernement chinois pour interférer avec Shen Yun ont connu quelques succès, mais sont largement infructueux

Contrer ce spectacle des arts de la scène est devenu une priorité en matière d'affaires étrangères pour le gouvernement chinois. Presque partout où Shen Yun est présenté, des responsables des missions diplomatiques chinoises communiquent avec les salles de spectacle et les politiciens locaux, les menaçant de représailles s'ils permettent à la compagnie de se produire ou s'ils assistent au spectacle.

Dans la plupart des cas, les pressions n’ont pas été prises en considération et les représentations ont eu lieu. En 2009, la compagnie Shen Yun Performing Arts a donné 311 représentations dans plus de 100 villes de par le monde. Seulement quelques représentations ont été annulées, dans des lieux où le mot d'ordre de Pékin a trouvé oreille : Hong Kong, Singapour, Roumanie, Ukraine et Moldavie.

Avant que Shen Yun, un spectacle de danse et de musique classiques chinoises, ne débute sa tournée mondiale, Pékin s'affaire à harceler les commanditaires, à interférer avec la vente de billets et à mobiliser les associations étudiantes chinoises afin qu'elles agissent sous les ordres des ambassades et consulats.

Lorsque ces efforts échouent, le gouvernement chinois s'en remet aux menaces en appelant et en envoyant des lettres aux politiciens et responsables dans tous les pays où le spectacle est présenté, brandissant la perspective que les relations avec la Chine seront affectées négativement.

Certaines de ces lettres du Parti communiste chinois (PCC) ont été transmises aux organisateurs de Shen Yun, et des personnalités ont ouvertement condamné les tactiques d'intimidation.

Le consulat chinois de Francfort, en Allemagne, a envoyé des lettres aux représentants du gouvernement et aux consulats des autres pays le 6 janvier 2009, leur «rappelant» de ne pas assister au spectacle de Shen Yun. La lettre a été dévoilée publiquement et a provoqué un tollé. Le président du Parlement européen de l'époque, Hans-Gert Poettering, et un des vice-présidents, Edward McMillan-Scott, avaient envoyé des lettres de soutien au spectacle.

Faisant fi de la pression exercée par Pékin, 25 députés suédois ont pour leur part émis une déclaration en 2008 indiquant qu'ils allaient assister à Shen Yun, ajoutant qu'ils «Accueillaient chaleureusement la première visite […] en Suède! Nous, membres de différents partis politiques au Parlement suédois, condamnons l'ambassade chinoise pour sa violation de la liberté d'expression dans notre pays.»

En 2007, l'ambassade chinoise avait également menacé le chef du comité de la Culture suédois, Johan Lundgren. M. Lundgren avait affirmé que les menaces du PCC étaient creuses et ne posaient aucun problème aux relations sino-suédoises. «J'ai insisté sur le fait que la liberté d'expression est en vigueur ici», avait-il déclaré.

Dans plusieurs autres pays, des politiciens et autres personnalités ont pris connaissance du spectacle et sont allés le voir, seulement après avoir reçu des menaces de Pékin de s'en abstenir.

Lors de la tournée canadienne de Shen Yun en 2007, l'ambassade chinoise est entrée en contact avec différents ministères. Le premier ministre canadien, Stephen Harper, avait envoyé une lettre de soutien au spectacle et le ministre de l'Environnement de l'époque et actuel ministre du Transport, John Baird, avait assisté à la représentation pour retransmettre personnellement les vœux de M. Harper.

Renaissance culturelle

Selon un des maîtres de cérémonie de la compagnie Shen Yun, Leeshai Lemish, le PCC interfère avec les spectacles «parce qu'il en est terrifié».

Shen Yun Performing Arts est une organisation à but non lucratif basée à New York dont la mission est d'«insuffler une nouvelle vie dans la culture traditionnelle chinoise afin d'offrir aux spectateurs une expérience d'une beauté sublime», peut-on lire sur le site de la compagnie.

Le spectacle est ciblé par Pékin, car la culture dont fait la promotion Shen Yun est cette même culture que le PCC s'est efforcé de détruire durant des décennies, explique M. Lemish dans un courriel.

«C'est un héritage de 5000 ans, imprégné de spiritualité et d'idées telles que chaque geste que nous posons – bon ou mauvais – a une conséquence», poursuit-il. «Ce sont des idées que le Parti a qualifié de superstition et qu'il a tenté d'éliminer en les remplaçant par l'athéisme, le marxisme et le matérialisme absolu.»

Le spectacle contient deux numéros qui dépeignent la persécution du Falun Gong par le PCC en Chine et la résistance pacifique de ses pratiquants, un sujet très sensible pour Pékin et qui explique son acharnement à tirer les ficelles diplomatiques et clandestines pour contrer Shen Yun. Selon Leeshai Lemish, «Le Parti sait que l'art présenté avec autant d'intégrité touche les gens d'une manière que les mensonges ne peuvent le faire. En résumé, le Parti tente d'arrêter Shen Yun parce qu'il est effrayé, qu'il comprend la puissance de l'art et la puissance du message d'espoir de Shen Yun visant à faire renaître la culture traditionnelle. Il a particulièrement peur que ses secrets soient dévoilés à travers le monde.»

Dans ses efforts visant à faire annuler les spectacles, Pékin a épuisé tous les moyens. À Hong Kong, sept représentations à guichets fermés ont été annulées en janvier 2010 après que sept membres-clés de la compagnie se sont vu refuser le visa d'entrée.

Des congressistes américains ont condamné l'annulation, dont le républicain Dana Rohrabacher. «Ces fonctionnaires locaux suivaient la ligne directrice de leurs maîtres à Pékin. C'est toujours triste de constater que la censure et la répression de ce genre se répandent dans des endroits comme Hong Kong, autrefois un phare de démocratie et d'espoir dans le monde», a-t-il déclaré dans un communiqué.

À l'extrême

Outre les pots-de-vin et les menaces, la tactique la plus utilisée par le PCC pour marginaliser Shen Yun est de qualifier la production de «politique» ou encore d'«anti-Chine». Ce sont des termes récurrents dans la propagande de Pékin, utilisés pour dépeindre les militants des droits de l'homme durant les Jeux olympiques de 2008, ou pour contrer les accusations de piratage informatique. «Le PCC aime qualifier tout ce qui lui déplaît d'anti-Chine», estime M. Lemish. «Vous êtes ouvertement en faveur du respect des droits de l'homme des Chinois? Vous êtes anti-Chine. Vous voulez que la Chine se dote d'un véritable État de droit? Vous êtes anti-Chine.»

Leeshai Lemish ajoute : «Dans le cas de Shen Yun, le PCC avance l'argument cocasse selon lequel les chorégraphes chinois, les compositeurs chinois, les musiciens chinois et les jeunes danseurs chinois qui dédient leur vie à faire revivre la culture traditionnelle chinoise sont anti-Chine. C'est en fait très humoristique.»

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.