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Témoignage d’un survivant de la Grande famine de Mao

Écrit par James Burke, La Grande Époque
14.02.2011
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  • Jiang Nai Ke(攝影: / 大紀元)

BANGKOK – Afin de s’aider à s’endormir la nuit, Jiang Nai Ke, âgé de 10 ans, mangeait le plâtre des murs de la maison de ses grands-parents pour apaiser ses crampes d’estomac pendant la pire période de la Grande famine.

Tout autour de lui, au cours de l’année 1960, des personnes commençaient à mourir de faim. Au moment où la famine a connu une halte en 1962, la moitié des gens du village où il vivait dans la province du Liaoning, au nord-est de la Chine, avaient péri.

«Les gens ont fait ce qu’ils ont pu pour survivre, ils ont mangé n’importe quoi», explique Jiang maintenant dans la soixantaine et vivant à Bangkog. «Certains ont même mangé de la terre; ils devaient gratter la terre et la manger.»

Certains ont même eu recours au cannibalisme.

Le Grand bond en avant

Deux ans auparavant, en 1958, le chef du Parti communiste, Mao Zedong, a mis en place son Grand bond en avant, qui, disait-il, devait propulser la production agricole et industrielle de la Chine à la tête des pays développés.

«À cette époque, nous ne savions pas ce qui se passait dans le pays, nous pensions que c’était seulement dans notre village parce que les autorités contrôlaient l'information», explique Jiang Nai Ke.

«Les fonctionnaires ont mis en œuvre quelques décisions très bizarres sur la façon de conduire l’agriculture en 1958», se souvient Jiang, qui décrit les champs autour du village de ses grands-parents comme étant une terre sablonneuse où pouvaient croître des arachides, du maïs, du riz et du blé.

«C’était un mouvement politique appelé “creusons la terre”. Les agriculteurs ont même dû déterrer la récolte qui était prête à être moissonnée juste pour utiliser ces nouvelles techniques. Les gens ont dû creuser un mètre de profondeur et la bonne couche arable devait être recouverte, ce qui était mauvais pour la plantation. C’était inutile et fou», dit Jiang.

«Les réformes comprenaient aussi un mouvement politique “fusion d’acier”», explique Jiang. On forçait les Chinois à apporter tout le métal en leur possession – pots, cuillères, poignées de porte – pour être fondu dans des hauts fourneaux afin de produire de l’acier, qui s’est révélé fragile et inutile.

Organisées en communes, les communautés paysannes à travers la Chine avaient également dû obéir aux ordres de cadres locaux de donner tous leurs vivres aux autorités.

«Donc, elles sortaient la nourriture et les fonctionnaires s'assuraient que vous aviez bien tout donné», dit Jiang.

«Personne ne tentait de résister aux ordres parce que le Parti avait déjà tué beaucoup de personnes et tout le monde était effrayé. Ils ont fait ça dans tout le pays.»

Jiang a expliqué qu’après quatre mois où tout le monde mangeait dans une «grande cuisine» commune, la nourriture du village est venue à manquer et il leur a été dit que chacun devait se débrouiller lui-même.

«Les autorités locales ont rendu quelques casseroles qu’elles avaient prises aux familles pour qu’elles puissent cuisiner chez elles, mais les gens n’avaient rien à cuire. Ils avaient tout donné à la grande cuisine auparavant.»

La famine s’installe

En dépit de conditions météorologiques favorables, les méthodes agricoles marxistes pseudo-scientifiques montrent que les récoltes dans la région de Jiang n’ont rien donné. «Ainsi, les gens ne trouvent rien à manger, ils doivent se rendre dans les montagnes pour y trouver des légumes sauvages, des feuilles et toutes sortes de graminées comestibles. Ces choses sont venues à manquer et nous avons dû creuser et manger les racines», raconte-t-il, ajoutant que les gens ont alors commencé à manger l'écorce des arbres.

«Chaque jour, je sortais dans la campagne et cherchais dans les environs quelque chose à manger, et les autres enfants faisaient de même», a-t-il affirmé. «Les jambes des gens commençaient à enfler ainsi que leur estomac et même leur tête», fait-il en décrivant les effets de la famine.

«Mon grand-père est mort de faim au printemps 1960. Il marchait à l’extérieur et soudain, il s’est écroulé, mort. Comme nous n’avions pas d’argent, nous avons utilisé un placard en guise de cercueil. J'ai aussi failli mourir de faim. Chaque jour, il n’y avait rien à cuisiner pour ma famille, aucune nourriture. Presque chaque jour, nous apprenions qu’un villageois était mort de faim.»

Jiang ajoute que, par désespoir, certains d’entre eux sont devenus cannibales.

«Un résident d’un autre village est venu et il est tombé, mort de faim. Son corps est resté allongé toute la journée mais, à la nuit tombante, des gens sont sortis et ont coupé son corps en morceaux. C’était le premier acte de cannibalisme dont je me souviens», dit-il.

Les gens ont alors commencé à découvrir que leurs parents décédés étaient exhumés des cimetières pour être mangés. «Ceux qui enterraient leur famille devaient rester la nuit dans le cimetière pour garder les tombes de leur proches», précise Jiang.

45 millions de personnes assassinées

Jiang ignorait qu’en dehors de son village, la famine sévissait dans toute la Chine.

«À cette époque, nous ne savions pas ce qui se passait dans le pays, nous pensions que cela ne s’était produit que dans notre région parce que les autorités contrôlaient l'information», explique Jiang. «Lors de cette période, alors que nous étions au seuil de la mort, nous pensions encore que le Parti viendrait nous sauver. À cette époque, nous pensions encore de cette manière. Je ne pense plus de cette façon.»

D’après des recherches approfondies parmi les archives du Parti et autres rapports, Franck Dikotter  professeur de sciences humaines à l’Université de Hong Kong  a estimé, l’année dernière, qu’au cours de la famine de 1958-1962 et la violence qui y était liée, 45 millions de personnes ont été tuées. Dans les zones urbaines, la famine était moins grave puisque des rations limitées étaient allouées.

Aujourd’hui, la tragédie de la Grande famine et les désastres du Grand bond en avant ne sont pas reconnus publiquement en Chine. Quatre ans après la fin de la famine, Mao a lancé la Révolution culturelle qui a également emporté des millions de vies.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.