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L’intelligence du geai des chênes mise en évidence

Écrit par Héloïse Roc, Epoch Times
20.10.2012
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  • Les geais des chênes utilisent une stratégie pour voler les aliments de leur adversaire. Le voleur est très discret, il attend à une certaine distance et observe de loin son adversaire. (Wikipédia)

Une étude de l’université de Cambridge dévoile l’intelligence des corvidés à travers les résultats de recherches publiés dans la revue Animal Behaviour. Nicky Clayton, chercheuse à l’université, s’est référée à une fable d’Ésope qui encensait déjà l’intelligence des oiseaux il y a 2.600 ans. Il s’agissait pour elle de vérifier cette parabole sur la malice d’un corbeau assoiffé.

Un corbeau se trouve devant une jarre remplie d’eau, mais la cruche n’est pas suffisamment pleine pour que le bec de l’oiseau puisse atteindre le liquide. L’animal ne se laisse pas décourager et jette des cailloux dans la jarre pour faire monter le niveau de l’eau et ainsi se désaltérer. Aujourd’hui, l’équipe britannique inspirée par cette histoire, expérimente les prouesses des corvidés et démontre au travers d’expériences leurs réelles capacités. Les professeurs Lucy Cheke, Nicky Clayton et leurs collègues ont effectué de nombreux tests d’intelligence.

Les capacités cognitives et l’intelligence sociale des corvidés

Depuis dix ans, l’équipe de Cambridge a étudié les oiseaux et au travers de nombreux exercices, elle a expérimenté leur perspicacité. Les corvidés ont été observés à la loupe. Ainsi leurs aptitudes particulières ont été notifiées: leurs capacités cognitives, leur intelligence sociale et leur disposition de projection dans le temps. Par cette étude, les scientifiques ont vu que ces oiseaux sont aptes à la conceptualisation et au discernement. Les chercheurs ont été surpris car cette forme d’intellectualisation n’était réservée jusque-là, dans l’espèce animale, qu’aux grands singes: chimpanzés, bonobos, orangs-outans et autres gorilles. Nicky Clayton assure que cette étude a remis en question un bon nombre d’hypothèses ancestrales comme le fait «que seuls les humains peuvent planifier l’avenir et se remémorer le passé». Cette découverte a entraîné une transformation profonde de la conception de l’intelligence aviaire. C’est un changement radical pour les chercheurs, si bien que les geais buissonniers ont été qualifiés de «singes à plumes» par les scientifiques!

Le choix des récipients

Du fait de leur intelligence déjà reconnue, les corvidés testés ont surtout été des geais des chênes. Les premiers tests réalisés ont consisté à placer des appâts dans des tubes remplis d’eau ou de sciure de bois. Rapidement, les geais ont fait la différence entre jeter des cailloux dans l’eau ou dans la sciure. Ils ont perçu très rapidement que le niveau de la sciure ne montait pas quand ils lançaient des cailloux dessus. Ainsi, presque instantanément les corvidés ont compris et se sont concentrés sur le tube d’eau pour atteindre l’appât.

La capacité à organiser des réserves

Le geai des chênes étudié dans l’expérience est un oiseau qui vit en forêt ou dans les bois d’Eurasie et  d’Afrique du Nord. Dès l’automne, il migre en Europe pour hiberner. Très commun en France, on le rencontre parfois dans les parcs des villes. C’est un oiseau de petite taille, au plumage brun rosé et aux ailes rayées de bleu.

La nourriture du geai des chênes est constituée presque essentiellement de graines et de fruits: il se nourrit particulièrement de glands et d’insectes présents dans le sol. Durant l’été et l’automne, l’oiseau prépare ses réserves de graines pour l’hiver, il les enterre à différents endroits ou les cache même au creux des arbres. Selon les écologistes, un tel comportement est utile car il contribue à la dissémination des graines et à la régénération des forêts. Les chercheurs de l’université de Cambridge, connaissant la capacité des corvidés à aménager leurs réserves alimentaires, ont décidé d’observer leur organisation.

Création d’une zone d’essai

En créant une zone d’essai, les scientifiques ont vu les geais stocker des milliers de noix qu’ils reprendraient ultérieurement. Dans cet espace aménagé pour l’expérience, les chercheurs ont introduit un bol de nourriture composé de glands. Puis ils ont placés quatorze oiseaux dans ce lieu d’observation. À côté de l’emplacement du test, une grande volière extérieure a été posée. Rapidement, ils ont pu observer qu’une hiérarchie sociale s’installait au sein du groupe d’oiseaux, des interactions s’établissant. Les geais vivent en couples qui se forment au début du printemps  puis nichent isolément, défendant chacun les territoires qu’ils ont formés.

  • La nourriture du geai des chênes se compose presque essentiellement de glands, de fruits et d’insectes enfouis dans le sol. (Wikipédia)

Le professeur Nicky Clayton a déclaré dans une interview: «Les geais dans notre étude cachent les produits alimentaires, les déplacent fréquemment et même effrontément. Ils se permettent même de voler la nourriture cachée par le concurrent qu’ils estiment inférieur». C’est ainsi que les chercheurs ont pu vérifier un rang social qui s’établissait au sein des groupes de geais.

Les geais utilisent une stratégie pour voler les aliments de leur adversaire: «Le voleur est très discret, il attend à une certaine distance et observe de loin son adversaire, il le laisse cacher la nourriture. Puis lorsque celui-ci s’éloigne, tout doucement il fait des tentatives d’approche, puis chaparde les réserves du concurrent».

Dans une interview réalisée avec BBC Nature, le professeur Clayton a déclaré que ces comportements indiquent la capacité des oiseaux à avoir une réflexion face aux situations. «Les geais répondent au milieu social, tout à la fois en cachant la nourriture et en la volant. Ils utilisent différentes tactiques pour dissimuler et pour chaparder, il s’agirait ici de stratégies cognitives, plutôt que des règles apprises ou innées», explique-t-elle.

Dans le passé, les scientifiques avaient déjà émis l’hypothèse que la gestion des relations au sein des groupes d’oiseaux avait peut-être contribué à développer l’intelligence des oiseaux. Mais pour le professeur Clayton, l’environnement social des geais n’est pas suffisant pour expliquer leurs capacités cognitives. Les corvidés cachent la nourriture en période d’abondance et ils comptent sur leur mémoire pour la récupérer en période de disette. Les chercheurs ont été fascinés par le jeu de cachette entre les différents groupes qui s’observent à l’insu de leurs congénères.

 

 

 

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