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Couleur de peau: Miel

Tranche de vie troublante et animée

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
04.04.2013
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  • Le véritable Jung, en quête d’identité dans son pays d’origine, la Corée, dans le film Couleur de peau : Miel. (FunFilm Distribution)

Le docu-fiction d’animation Couleur de peau : Miel arrive au Québec avec des éloges flatteurs dont le Grand Prix de Montréal décerné au meilleur long métrage du Festival international du film pour enfants (FIFEM), le Prix de l’innovation-INIS et le prix du public au Festival international du film d’animation d’Annecy 2012. Le long métrage d’animation (Belgique/France/Corée du Sud) a été réalisé par Jung et par Laurent Boileau, d’après la bande dessinée de Jung, publiée aux Éditions Quadrants/Soleil. L’œuvre autobiographique est un collage de souvenirs plus douloureux que cocasses, présentant les tourments méconnus de l’adoption, de ce que vivent la Corée et les familles, peu importe où elles se trouvent sur le globe.

Qu’il soit dans sa nouvelle famille en Belgique ou en Corée alors qu’il a été abandonné par sa mère, Jung a traîné beaucoup de souffrance dans sa vie. En quête de trouver des réponses sur ses origines et d’obtenir une certaine paix, il se souvient de moments aussi drôles qu’affligeants.

À la croisée du documentaire semi-fiction de Stories We Tell de la réalisatrice canadienne Sarah Polley et de Waltz with Bashir, Couleur de peau : Miel pourrait passer, sous ses premières impressions, comme étant un film indépendant pour enfants. Il est au contraire un drame dur, parfois comique, un peu comme l’excellent film d’animation Mary and Max ou encore le marquant Persepolis.

L’innovation de l’animation 2D mêlée à celle du 3D émerveillera ceux qui recherchent les avancées dans le domaine graphique. Cela est en plus agrémenté de passages réels de la vie de Jung, à l’âge adulte, ce qui triple la richesse de l’œuvre, alors que cette apparition est pour que le public cerne bien qui est le narrateur. L’éclairage donne un cachet saillant à toutes les images du film ou presque.

La quête d’identité de Jung n’est ni trop noire, ni trop romancée. Elle se veut réaliste, sans trop de repères, toujours accompagnée d’une humilité touchante. Une série de photos, de diapositives, qui montrent où en est Jung dans sa compréhension du monde et ce qu’il est devenu. La narration témoigne à chaque instant d’une distance qu’a prise le protagoniste par rapport à son histoire qui se déroule sous nos yeux, ce qui donne une cohérence au tout. Cela sert particulièrement la dernière partie du film où la reconnaissance et l’acceptation apparaissent.

  • Jung, au moment de son adoption, avec sa nouvelle famille dans le film Couleur de peau : Miel. (FunFilm Distribution)

Le travail conjoint de Jung et de Laurent Boileau se veut également une critique contemporaine des familles qui décident d’adopter. Jung fait justement référence à l’adoption pour certaines familles comme s’il s’agissait de l’achat d’une voiture de l’année. On y retrouve un regard cru et nécessaire sur la psychologie des parents occidentaux qui, même vivant dans une certaine aisance matérielle, sont aussi en détresse émotionnelle autant qu’ailleurs dans le monde. Le plus malheureux est de constater que même dans ces sociétés soi-disant développées, plusieurs «adoptés» finissent par sombrer.

L’aspect intérieur du calvaire de Jung est très clair, autant par des visions cauchemardesques que par des souffrances que le cinéphile peut très bien deviner. Cela permet aussi d’approcher les mauvais coups de Jung avec plus d’empathie. Quelques séquences, très poétiques et mélancoliques parsèment le film, dont celles de la traversée d’un champ de blé mûr ou encore des songes où il retrouve sa mère biologique.

Ce film pourra se révéler une ressource précieuse pour les gens ayant été adoptés, pour ceux qui travaillent avec des gens qui l’ont été ou qui seraient tentés par l’idée dans un futur proche. Par son expérience personnelle, Jung tient à raconter une histoire qui accueille celles de millions d’autres enfants.

 

 

 

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