Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Xi Jinping s’apprête peut-être à harponner un tigre

L’ancien pape de la Sécurité intérieure semble vulnérable

Écrit par Heng He, Epoch Times
21.08.2013
| A-/A+
  • Sur une photographie prise le 5 mars 2012, Zhou Yongkang, membre du Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois, assiste à la séance d’ouverture de l’Assemblée nationale du Peuple, au Grand Palais du Peuple à Pékin. Les reportages récents en Chine indiquent que Zhou Yongkang pourrait être accusé de corruption. (Liu Jin/AFP/Getty Images)

C’est le mois d’août, le moment de l’année où les hauts dirigeants du Parti communiste chinois se réunissent dans la station balnéaire de Beidaihe dans le nord, pour se détendre, profiter de la plage et prendre les décisions les plus importantes concernant la direction du Parti.

Le thème officieux, dont tout le monde parle à Beidaihe, est le procès à venir de Bo Xilai, l’ancien membre disgracié du Politburo.

L’affaire est des plus controversées pour le leadership et le chef du Parti Xi Jinping a raison d’être prudent. Si l’affaire tourne mal, le blâme retombera sur ses épaules. Si tout va bien, les anciens dirigeants Hu Jintao et Wen Jiabao y gagneront en mérite.

À savoir que les récentes péripéties semblent indiquer que Xi est prêt à s’engager pour des enjeux élevés. Depuis les accusations portées contre Bo, annoncées fin juillet, il s’est fait jour toute une série de reportages sur l’ancien «coconspirateur» de Bo, Zhou Yongkang.

Zhou Yongkang, qui a été le pape de la Sécurité intérieure durant huit ans, avait disparu des médias pendant un temps. Le Parti remettrait-il Zhou au goût du jour pour le public dans le cadre des dispositions pour le jugement de Bo? Ou s’agit-il des préparatifs de Bo lui-même pour son procès, ouvrant la voie afin que les charges retombent sur Zhou?

Les charges de corruption

Les reportages récents indiquent que l’on prépare le terrain afin de poursuivre Zhou Yongkang pour corruption.

Le fils de Zhou Yongkang, Zhou Bin, est en charge des affaires familiales. Le 3 août 2013, le Guanghua Daily a rapporté que Wu Bing, le proche ami de Bin, s’est fait arrêter à la gare de Pékin Ouest, alors qu’il essayait de s’enfuir de Pékin. Wu Bing, en plus d’être le «copain» de Zhou Bin, est l’homme qui blanchit l’argent de la famille.

La radio Son de l’Espoir (SOH) a révélé la semaine dernière que, selon une source disposant d’informations internes au Bureau de Sécurité publique, Zhou Bin a été arrêté il y a deux mois, ce qui contredit les précédents reportages indiquant qu’il se serait échappé vers un pays étranger.

Alors que Zhou Yongkang peut être jugé pour corruption, les raisons réelles pour lui courir après seraient en lien avec des affaires de pouvoir.

Zhou et Bo

Zhou Yongkang est étroitement lié à Bo Xilai.

Le 10 février 2012, quatre jours après que Wang Lijun, qui était alors chef de la Police de Chongqing et le bras droit de Bo, ait demandé l’asile au consulat américain à Chengdu, le Washington Free Beacon a rapporté les propos d’un responsable américain affirmant que «Wang possédait une connaissance précieuse sur la lutte actuelle de pouvoir en Chine et sur les efforts d’extrémistes comme Zhou Yongkang et Bo Xilai pour perturber la calme succession de Xi Jinping».

Le mois suivant, lors de l’Assemblée nationale du Peuple, Zhou Yongkang était le seul à se présenter au groupe de discussion du Comité permanent du Bureau politique à Chongqing pour exprimer son soutien à Bo Xilai. À l’époque, Bo était déjà au centre de rumeurs concernant une lutte de pouvoir et une conspiration.

Au cours de cette réunion, lorsque Bo a essayé de défendre sa campagne Frapper le marché noir, ciblant prétendument les truands, il affirma que la campagne était réalisée sous la direction de la Commission des Questions politiques et juridiques (PLAC), dirigée alors par Zhou Yongkang.

Il ne fait aucun doute que Bo et Zhou ont collaboré, main dans la main, et Zhou a soutenu Bo devant le Comité permanent du Politburo. Dans la mesure où l’affaire Bo représente une lutte pour le pouvoir au sein du Parti, elle implique Zhou Yongkang. Mais c’est indépendamment de son implication avec Bo que Zhou aurait suscité une forte opposition.

Les droits et le pouvoir

Durant la dernière décennie jusqu’au Congrès du Parti, en novembre 2012, le PLAC était devenu de plus en plus puissant. Son pouvoir s’est accru avec la campagne de Jiang Zemin contre le Falun Gong en 1999.

La persécution du Falun Gong a toujours été une campagne politique, non une question d’application de la loi. La persécution avait besoin d’une chaîne hiérarchique en dehors du système juridique qui pourrait manipuler le système judiciaire. Le plus simple était d’utiliser le PLAC existant. C’est pourquoi, après quelques années, les bureaux 610, créés pour coordonner la persécution du Falun Gong, ont finalement été mis sous la tutelle du PLAC.

Cette autorité extrajudiciaire a donné aux chefs du PLAC, en premier Luo Gan, puis Zhou Yongkang, un pouvoir énorme au fil des ans. Pendant et après les Jeux olympiques de Pékin en 2008, le système «weiwen» (maintien de la stabilité) a été amélioré et redéfini.

L’idée de base était d’utiliser les ressources, la main-d’œuvre, l’expérience et les tactiques accumulées durant la persécution du Falun Gong contre une population beaucoup plus vaste et des groupes divers.

Grâce à ses capacités, le PLAC devait établir une politique indépendante concernant le Falun Gong, le maintien de la stabilité, son soutien financier sans fin, le développement des forces militaires et paramilitaires et son ambition personnelle; ainsi Zhou Yongkang et son PLAC sont devenus le deuxième centre de pouvoir au sein du Parti, parallèlement à la direction centrale.

Le PLAC s’est fait des ennemis pour deux raisons. Tout au long de l’histoire du PCC, depuis que Mao Zedong a pris le pouvoir absolu au début des années 1940, il n’y a jamais eu de deuxième centre de pouvoir. Le PCC n’a jamais toléré le moindre signe de division du Parti.

D’autre part, la violation massive des droits de l’homme menée par Zhou Yongkang a fait de lui l’homme le plus détesté du Parti et du PLAC, l’organisation la plus détestée.

Attraper un tigre

Il existe une règle non-écrite du Parti: aucune accusation formelle, ou peine, ne peut être portée contre un membre du Comité permanent du Politburo. Certaines personnes disent que la règle sera brisée cette fois pour Zhou, mais d’autres croient que la tempête anticorruption s’arrêtera avant d’atteindre Zhou en personne.

Jusqu’ici beaucoup de coups d’éclat dans la campagne anticorruption de Xi Jinping, mais peu de retombée. Le comportement d’un groupe de juges, pris récemment avec des prostituées à Shanghai, prouve que les responsables du Parti ne prennent pas la campagne de Xi au sérieux. Pour établir son autorité, Xi Jinping doit abattre un vrai tigre.

Zhou Yongkang est un vrai tigre, mais il faut être prudent pour le capturer. La puissance de Zhou vient de sa position, ce qui le rend différent de Bo Xilai dont le pouvoir provenait du rôle de son père dans la révolution.

En tant que l’un des «princes du Parti», qualificatif donné aux enfants de la génération des fondateurs du Parti, Bo est né avec le pouvoir. Beaucoup de «princes», même s’ils n’aiment pas nécessairement les idées de Bo, ou Bo lui-même, ont encore de la sympathie pour lui, ayant comme lui hérité du pouvoir. Ils ont un intérêt de classe en commun.

Même s’il est enfermé, Bo ne manque pas de partisans, à l’intérieur et à l’extérieur du Parti et à différents niveaux de la société. Zhou n’a pas de tels arrières, ou  ne présente pas un tel intérêt.

Zhou a été promu par Jiang Zemin dans un seul et unique but: la persécution du Falun Gong. Une fois que Zhou a perdu son poste, il a aussi perdu sa puissance et ses relations. Zhou n’est plus rien, voire moins que rien. La direction actuelle peut maintenant utiliser Zhou comme le bouc émissaire des violations généralisées des droits de l’homme.

L’an dernier, les deux Bo et Zhou étaient hors de portée des médias, mais rien de ce qu’ils représentaient n’a changé. La théorie de Mao fait toujours partie du patrimoine du PCC et la stratégie ainsi que les tactiques de maintien de la stabilité sont encore largement utilisées. Les crimes de Bo et Zhou sont les crimes du PCC. Si le but de poursuivre Bo et d’accuser Zhou est de sauver le parti, aucun changement ne pourra être envisagé.

Version en anglais: Xi Jinping May Be Getting Ready to Bag a Tiger

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.