Instituts Confucius: Pékin veut sortir de Toronto avant d’être probablement rejeté

À l’approche d’un vote de la commission scolaire de Toronto sur le partenariat avec l’Institut Confucius, la partie chinoise veut annuler l'entente

Écrit par Omid Ghoreishi, Epoch Times
27.10.2014
  • Manifestation contre le partenariat de la commission scolaire de Toronto avec l’Institut Confucius de Pékin le 1er octobre 2014 à Toronto. (Allan Zhou/Époque Times)

Moins d’une semaine avant que la plus grande commission scolaire du Canada passe au vote pour déterminer si elle va conserver son partenariat avec les Instituts Confucius du régime chinois, des responsables chinois ont émis une lettre demandant d’annuler l’entente.

La lettre, adressée au Toronto District School Board (TDSB), a été envoyée le 23 octobre par le ministère de l’Éducation de la province du Hunan. Selon l’entente actuelle, ce dernier devait fournir les instructeurs et les membres du conseil consultatif de l’Institut Confucius de la commission scolaire. Un exemplaire de la lettre a été obtenu par Époque Times.

«Étant donné que le TDSB n’a pas réussi à respecter notre entente sur l’Institut Confucius, la coopération entre nous ne peut aller de l’avant, donc je propose officiellement d’annuler notre entente à compter d’aujourd’hui», a écrit Kermin Wang, directeur général du ministère de l’Éducation de la province du Hunan.

Pamela Gough, administratrice du Quartier 3, estime que la lettre est une tentative des responsables chinois de sauver la face, étant donné qu’ils savent que le TDSB va probablement voter cette semaine pour mettre fin à l’entente.

«Ils sont en mesure de compter les voix tout comme nous […] Ils sont proactifs pour sauver la face et se retirer avant d’être rejetés par le TDSB», affirme Mme Gough.

Un comité du TDSB avait voté plus tôt ce mois-ci pour rompre les liens avec les Instituts. La question devait être passée au vote devant toute la commission le 29 octobre.

Mme Gough ajoute qu’un certain nombre d’administrateurs sont agacés par la lettre de Kermin Wang, ils considèrent que le ton est «trop sévère» et «manque complètement de tact et de diplomatie».

«Le TDSB n’a pas manqué de respecter une quelconque entente. Le TDSB a recours à ses propres processus pour décider s’il veut aller de l’avant avec l’entente. L’entente n’est même pas encore entrée en vigueur», ajoute-t-elle.

La présidente du TDSB, Mari Rutka, dit ne pas vouloir commenter les motifs des responsables chinois pour mettre fin à l’entente, mais elle dit que la commission doit prendre sa propre décision sur le sujet.

Le TDSB a également une entente avec Hanban, soit le quartier général de l’Institut Confucius en Chine. Selon Mme Rutka, aucune lettre similaire, à sa connaissance, n’aurait été envoyée 
par Hanban.

Présentés comme des programmes culturels visant à enseigner la langue et la culture chinoises, les Instituts Confucius sont considérés par des responsables chinois comme un outil pour répandre l’influence du Parti communiste chinois; les agences de renseignements occidentales affirment qu’ils peuvent se livrer à l’espionnage.

L’ex-président du TDSB, Chris Bolton, avait milité en faveur d’une entente avec l’Institut Confucius, tandis que le reste du conseil d’administration n’avait que peu de détails sur l’entente en question. M. Bolton a démissionné de son poste en juin dernier, quelques mois avant la fin de son mandat, alors que plusieurs parents et administrateurs s’inquiétaient du partenariat.

  • Michel Juneau-Katsuya, ancien cadre du SCRS, a témoigné devant la commission scolaire de Toronto concernant les Instituts Confucius. (Matthew Little/Époque Times)

Cheval de Troie

Michel Juneau-Katsuya, un ancien cadre du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS), a été invité à fournir son opinion sur la question lors d’une rencontre du comité le 1er octobre dernier. Il a nommé plusieurs groupes entretenant des liens avec le régime chinois qui s’étaient mobilisés en faveur de l’Institut Confucius du TDSB.

Selon l’expert en renseignement, il y a des documents en ligne montrant que des groupes comme le National Congress of Chinese Canadians (NCCC) et son fondateur Ping Tan, la Confederation of Toronto Chinese Canadian Organizations et la Beijing Association ont été accueillis et/ou louangés par des responsables à Pékin. Dans le passé, le NCCC a nié à Époque Times qu’il était sous le contrôle d’un quelconque «parti ou force politique».

M. Juneau-Katsuya a également indiqué au comité que les Instituts Confucius représentent une menace pour le Canada, car ils sont utilisés comme des agences de renseignements par le régime chinois.

Dans un communiqué, le directeur des communications du TDSB, Ryan Bird, a déclaré que le vote sur le partenariat était encore à l’ordre du jour pour la rencontre du 29 octobre et que le TDSB allait rembourser 215 000 dollars si le conseil d’administration décide d’annuler l’entente.

Des exemplaires de l’entente entre le TDSB, le ministère de l’Éducation de la province du Hunan et Hanban, obtenus en vertu de la loi d’accès à l’information de l’Ontario, ne mentionnent pas de pénalités advenant une annulation.

L’année dernière, l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université avait appelé toutes les institutions d’enseignement supérieur à rompre leurs liens avec les Instituts, les qualifiant de «bras politiques du gouvernement chinois». Son homologue américaine, l’American Association of University Professors, a emboîté le pas cette année en demandant aux universités américaines de ne pas s’associer aux Instituts.

Au Canada, l’Université McMaster a fermé son Institut Confucius, tout comme Penn State et l’Université de Chicago aux États-Unis.

Version originale : Beijing Seeks to End Confucius Institute Partnership Ahead of Toronto School Board Vote