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En route vers l’économie d’abondance et de partage?

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
12.11.2014
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  • eremy Rifkin, conseiller d’un grand nombre de gouvernements sur la planète, apporte un éclairage sur la transformation économique en cours dans son livre «La nouvelle société du coût marginal zéro». (Philippe Huguen/AFP/Getty Images)

Alors que la France se révèle incapable d’endiguer son chômage de masse et que l’Europe semble tétanisée à l’idée de retrouver le chemin de la croissance, le dernier livre de Jeremy Rifkin, le célèbre spécialiste américain de prospective économique et scientifique, fondateur de la «Foundation On Economic Trends»(FOET), et conseiller d’un grand nombre de gouvernements sur la planète, apporte un éclairage neuf et optimiste sur la transformation économique radicale en cours à l’échelle mondiale.

La matrice énergie/communication, force motrice des révolutions industrielles

Sous le titre abrupt mais évocateur de «La nouvelle société du coût marginal zéro», l’auteur révèle que les règles du fonctionnement de l’économie mondiale sont en train de changer de façon irréversible grâce à internet et aux énergies renouvelables. Prolongeant sa thèse de la «troisième révolution industrielle» décrite dans son précédent ouvrage, il analyse les périodes successives de l’histoire industrielle jusqu’à nos sociétés modernes pour en dégager les forces motrices, qu’il résume sous la forme d’une matrice énergie/communication propre à chaque période et à l’origine d’un saut énorme de productivité. Ce fil directeur lui permet de dégager les tendances actuelles, tant au niveau économique que sociétal et humain, pour se projeter dans l’avenir de nos 50 prochaines années.

Les deux premières révolutions industrielles, berceaux de l’économie de marché

Pour Rifkin, le capitalisme a réellement pris son essor au moment de la première révolution industrielle grâce à l’invention par l’anglais James Watt de la machine à vapeur alimentée au charbon. L’industrie cotonnière a alors bénéficié d’énormes gains de productivité tout en voyant ses coûts de production plonger. L’utilisation de la vapeur s’est alors généralisée, en particulier dans les pays disposant de gros gisements de charbon. Elle a favorisé l’essor de la sidérurgie et du rail, plus fiable et plus rapide que la diligence, puis des imprimeries géantes et de la presse. Les importants investissements nécessaires ont engendré l’apparition des sociétés par actions. Parallèlement les syndicats regroupaient les ouvriers dépossédés de leurs outils traditionnels et contraints de grossir les rangs des usines.

À la fin du XIXe siècle, au moment où la matrice de type charbon/rail  parvenait à son apogée, la découverte aux États-Unis et en Europe du pétrole, du moteur à combustion interne et de l’électricité a engendré une seconde révolution industrielle, dont le brusque gain de productivité allait provoquer l’effondrement d’une grande partie de l’industrie existante puis dominer tout le XXe siècle. Ce nouveau paradigme économique, basé sur la matrice pétrole/route, a permis le développement de l’automobile et de la publicité, corollaire de l’économie de marché. Les investissements nécessaires pour explorer, produire en série et distribuer ces biens de consommation ont engendré la création de groupes industriels centralisés et intégrés verticalement, ainsi que la constitution d’une industrie financière puissante et l’essor des télécommunications. Parallèlement, la consommation de masse qui l’a accompagnée a beaucoup renforcé le besoin de propriété et de richesse individuelle, ainsi que l’individualisme et la solitude.

Les énergies renouvelables et internet, matrice de la troisième révolution industrielle

Selon Rifkin, la seconde révolution industrielle a atteint son apogée à la fin du XXe siècle avec la mondialisation de l’économie et le transfert de l’industrie dans les pays émergents, alors que les réserves de pétrole commencent à diminuer et que plus personne ne conteste le changement climatique provoqué par la combustion des énergies fossiles. En parallèle, le développement des énergies vertes et d’internet a engendré l’apparition d’une nouvelle matrice énergie/communication basée sur internet et les énergies renouvelables et capable de bouleverser l’ancien paradigme pétrole/route.

Les énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien ou la géothermie ont longtemps été balbutiantes, mais les récentes avancées technologiques de ce secteur ont provoqué une baisse importante des coûts au point que l’on prévoit d’atteindre la parité des coûts de production de l’électricité d’ici 2020. Chacun pourra alors produire sa propre électricité chez soi, recharger son véhicule électrique ou utiliser un véhicule en partage branché à une borne publique. De plus, les objets de notre quotidien sont de plus en plus connectés à internet grâce aux puces dont ils sont équipés, d’où l’émergence d’un «internet des objets» où ils seront capables de communiquer entre eux directement, pour le bien et la sécurité des personnes. Un exemple récent en est la voiture sans chauffeur dévoilée récemment par Google.

 

Un changement de paradigme capable de remettre en cause l’économie de marché

Parallèlement, l’essor des nouveaux géants de l’internet tels que Google, Amazon ou Facebook redéfinit les modes de communication, en commençant par les jeunes dont le mode de vie est indissociable de l’accès gratuit au réseau. Les industries du disque et du livre en furent les premières victimes. L’apparition des imprimantes 3D et des logiciels en accès libre permettra bientôt d’imprimer chez soi la plupart des objets quotidiens quasi gratuitement. De même, les sites internet de particulier à particulier offrant des services de partage lowcost, tels que l’autopartage avec Blablacar ou Uber, l’échange d’appartement avec Couchsurfing ou Airbnb, ou les services de financement participatif (crowdfunding) commencent à bousculer les acteurs traditionnels de ces secteurs. Grâce aux MOOC (massive open online courses), il est enfin possible de suivre à distance les cours des plus grandes universités et d’obtenir leurs diplômes.

Le monde de la santé lui-même n’échappe pas à l’extension des services de partage sur internet et aux gains de productivité sans précédent qu’ils engendrent. Des pans entiers de l’économie basculeront peu à peu dans une ère où le coût d’accès aux produits et services deviendra quasi nul, d’où le nom de «nouvelle économie à coût marginal zéro». Les consommateurs d’autrefois commenceront à se muer en «prosommateurs», c’est à dire des consommateurs devenus des producteurs contributifs, échangeant directement entre eux leurs biens et services, en se passant le plus souvent de ceux des industries qui n’auront pas su s’adapter. Pour Jeremy Rifkin, la nouvelle économie sera une économie d’abondance, plus collaborative, plus écologique, plus démocratique, et où la course au profit diminuera progressivement, faute de besoin.

L’auteur est conscient que l’avenir peut être très différent de la description idyllique qu’il propose. Il est en effet peu probable que les industries traditionnelles laissent cette révolution se dérouler sans tenter de restreindre la liberté d’accès à internet. Tout peut également être remis en cause en cas de guerre ou d’attaque terroriste nécessitant un renforcement du contrôle d’internet. Le grand mérite de ce livre est d’extraire les tendances de fonds du brouhaha actuel pour en livrer une vision très vraisemblable et optimiste du futur.

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