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Étude statistique du ralentissement de l’économie chinoise

Écrit par Valentin Schmid, Epoch Times
25.11.2014
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Pour la première fois depuis des décennies, l’économie chinoise est en train de ralentir. Que ce soit les données officielles, les chiffres des rapports bancaires ou les prix des produits de première nécessité, tout trahit un ralentissement.

De nombreux économistes ont prédit ce ralentissement, mais un chercheur en particulier l’avait signalé en premier. Leland Miller est président de la China Beige Book, une société d’analyse présentant le système le plus complet d’enquêtes sur la conjoncture économique chinoise et disposant des données actuelles les plus fiables. Chaque trimestre, des enquêteurs de cette firme approchent sur le terrain des milliers d’entreprises dans toute la Chine et interviewent des cadres de haut niveau pour déterminer l’état local et national de l’économie.

Leland Miller et son équipe ont reproduit en Chine, avec des résultats surprenants, le même système que celui utilisé dans le Livre beige de la Réserve fédérale américaine.

Voici le contenu de l’entretien accordé par Leland Miller à Epoch Times.

Pourquoi les données chinoises ne sont-elles pas fiables?

Même si vous croyez à toutes les données publiées en Chine, celles-ci ne vous indiqueront pas ce que vous devez connaître sur l’économie chinoise. Elles ne vous aideront pas à obtenir les chiffres du PIB à l’échelle nationale ni le taux  d’inflation nationale si vous essayez de comprendre ce qui se passe réellement sur le terrain en Chine.

Les régions côtières fonctionnent très différemment du milieu du pays et de certaines régions périphériques. La Chine est en fait un ensemble de petites Chine. En prenant en considération les différentes régions et secteurs séparément, on pourrait apprendre plus sur la Chine que tout ce que l’on peut trouver dans toutes les données officielles jamais publiées.

Les statistiques officielles présentent de graves problèmes de méthodologie et les départements responsables manquent de ressources. Mais ce qui est vraiment important ici est le fait que les chiffres du PIB ne révèlent pas vraiment grand-chose sur la croissance de l’économie. Il vaudrait donc mieux  étudier les performance de l’entreprise sur le terrain. Il vaudrait donc mieux observer les conditions d’acquisition de crédit pour les entreprises, le prix d’accès aux capitaux et des choses de ce genre.

Les chiffres officiels chinois sont très souvent liés à la politique. Mais en fin de compte, on arrive à la situation où la politique doit refléter la réalité économique. On ne peut pas raconter indéfiniment la même fausse histoire.

Parlez-nous de certaines des choses que vous observez en ce moment?

Nous voyons certains secteurs s’améliorer avec le temps, mais dans l’ensemble il y a une  tendance très claire et nette à la baisse. Nous observons  la croissance du  chiffre d’affaires, de la production et des ventes. Nous examinons également  les créances et les dettes des entreprises. Mais en même temps, ce qui est important aujourd’hui, ce sont les données du crédit.

Nous suivons les taux d’intérêt payés que ce soit à travers les banques ou d’autres institutions, et nous suivons actuellement les taux d’intérêt bancaires parallèles en Chine.

Que vous disent les données bancaires parallèles?

Ce que nous avons remarqué en 2013 en examinant les performances réelles des entreprises, c’est que oui, vous pouvez offrir autant de crédit que vous voulez, mais si tout va à l’élite privilégiée des entrepreneurs à des taux subventionnés, tandis que le reste du crédit n’est disponible pour les petites et moyennes entreprises à travers le marché parallèle, alors le mécanisme de transmission de crédit est rompu.

Tel était le cas en 2013 lorsque la demande de crédit était encore forte. Ce que nous avons vu en 2014, notamment durant les deux derniers trimestres, est que la demande de crédit avait effectivement chuté. Les dépenses d’investissement en capital, ainsi que les prévisions de ces dépenses chutaient. Contrairement à 2013 quand les entreprises cherchaient vraiment du crédit sans pouvoir l’obtenir, en 2014 davantage de crédit était offert, mais les entreprises n’en voulaient pas.

Elles empruntaient moins et dépensaient moins, ainsi le ralentissement de 2013 n’avait pas la même dynamique que le ralentissement de 2014. Il est très important de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une simple trajectoire rectiligne, l’économie chinoise est en train de changer du point de vue de ses objectifs  et de ce dont les entreprises ont besoin pour aller de l’avant.

Si la croissance ralentit, peut-on la simuler stimuler?

Le PIB est pour la consommation publique. C’est une histoire politique; c’est plus une chose médiatique qu’autre chose. Le régime chinois ne va pas stimuler l’économie pour atteindre une cible déterminée, mais la banque centrale le fera afin de soutenir le marché du travail.  Ils veulent éviter les ruptures sociales, nous parlons ici de croissance de l’emploi, nous parlons d’inflation.

L’économie est lente, les marchés du crédit sont en pagaille, mais étonnamment, selon nos données, le marché du travail est très résistant. Aussi longtemps que le marché du travail résiste, nous parlons ici de croissance de l’emploi et d’attentes des embauches, il n’y aura pas de stimulus.

Nous parlons même d’une croissance des salaires moindre, de façon à ce que les entreprises puissent avoir les moyens pour embaucher. Les marges de profits sont les plus élevées de l’année. Les statistiques d’un marché du travail résilient que nous continuons de voir et avons pu voir toute l’année, indiquent que le régime chinois n’est pas vraiment inquiet au sujet du marché du travail.

Quels sont les autres risques?

Je pense que le plus gros problème est que personne ne connaît l’ampleur de l’endettement. Il y a des prêts de souffrance derrière le système et nous ne connaissons pas leurs niveaux, ils ne révéleront jamais leurs niveaux, c’est le plus grand secret d’État. Nous avions dans le passé des sociétés de gestion d’actifs qui engouffraient ces dettes 100% en dollars, puis elles ont disparu. Elles se recapitalisent en permanence, la dette sort du champ et vous ne savez jamais quels sont les niveaux d’endettement.

Cela fonctionne tant que les marchés ne s’en inquiètent pas et que les gens n’ont pas vraiment idée de ce qui se passe. À tout moment, cela pourrait commencer à inquiéter les gens et affecter l’investissement direct étranger, les prix des obligations et d’autres choses. Ainsi, la Chine pourrait être confrontée à un problème de confiance si elle laisse les choses aller trop loin et donne l’impression de ne pas contrôler la situation.

C’est une des raisons pour lesquelles ils considèrent si importante la question du PIB, qui est en fait une chose trop ridicule pour s’en inquiéter. Cependant, pour eux, cela symbolise l’idée qu’ils sont capables de gérer la croissance et de ce fait qu’ils sont en mesure de gérer leur dette.

Est-il possible de revenir vers une économie de consommation?

Ce concept comporte en réalité plusieurs choses différentes. Il est plus communément compris comme un rapport entre consommation et investissement. Mais il s’agit aussi d’un rééquilibrage sectoriel. Vous souhaitez abandonner le secteur industriel à faible marge et d’autres secteurs de ce genre et vous lancer dans les industries à fortes marges comme les services.

Nous avons observé beaucoup de rééquilibrage sectoriel jusqu’à ces quelques derniers trimestres. Depuis, les données sont devenues assez louches. Ensuite, il y a un rééquilibrage géographique. Les zones côtières ont connu pendant une longue période une croissance plus importante que les provinces intérieures, mais nous avons constaté un rééquilibrage géographique s’établir durant les deux dernières années et demie.

Revenons sur le premier rééquilibrage, l’investissement par rapport à la consommation. C’est quelque chose que les gens ont des difficultés à comprendre.Ils peuvent le considérer du point de vue théorique, mais cela devient différent si vous disposez de chiffres réels.

Nous observons cela par le biais d’indicateurs comme les dépenses d’investissement en capital et les prévisions de ces dépenses et du côté de la consommation, les ventes au détail. Ce que nous nous avons constaté au cours des deux derniers trimestres est une baisse importante des dépenses d’investissement en capital. Alors, les entreprises réagissent à ce ralentissement comme ils ne l’ont jamais fait auparavant: elles arrêtent de dépenser et d’emprunter.

Mais en  réalité, pendant que l’investissement chute, la vente au détail ne prend pas le relais. Donc vous ne voyez pas que le secteur des ventes au détail est en train de s’envoler. Vous ne pouvez pas voir non plus un rééquilibrage qui consiste en simple baisse d’investissement amenant à un bond dans la consommation qui équilibre les  choses et permet de sortir un bon chiffre du  PIB.           

La réalité est la suivante: alors que la consommation augmente au fur et à mesure que la répression financière est abandonnée d’un point de vue  politique, on pourra remplacer la poussée apportée par les investissements. Donc, vous allez voir un ralentissement au fil du temps. Le point de vue de China Beige Book sur cela est : dans le meilleur scénario - la Chine ralentit; dans le pire scénario - la Chine ralentit. Cependant, il y a différentes façons de ralentir, certains plus saines que d’autres.

Je pense que le  point à retenir pour ceux qui s’intéressent à l’économie chinoise et sont préoccupés car ils ne savent pas quoi en retenir, est le suivant: on présume que la Chine comprend l’économie d’une manière différente des autres. 8% de croissance: nous ne comprenons pas vraiment comment ils obtiennent ce chiffre, mais ils l’obtiennent d’une façon ou d’une autre et ils vont continuer à le faire.

L’économie est en fin de compte l’économie, et l’économie chinoise ralentit. Les investisseurs, les politiciens, les entreprises investissant en Chine et les sociétés en relation avec la Chine  ont besoin de comprendre ceci: vous voyez actuellement une Chine très différente et vous verrez une Chine très différente aller de l’avant, et mieux vaut se tenir prêt. Le monde n’est plus comme avant.

Leland R. Miller est président du China Beige Book International. Auparavant, il a travaillé comme avocat en Asie et pour l’American Bar Association par laquelle il a aidé à superviser la révision du système bancaire chinois.

L’interview a été éditée pour la rendre plus courte et plus claire.

Version originale: China Data Expert Leland Miller Confirms Slowdown

 

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