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Les jeunes candidats indépendants bousculent les élections locales de Taïwan

Écrit par Global Voices
26.11.2014
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  • La Commission centrale des élections indique aux électeurs comment voter.

Les élections locales de Taïwan, au cours desquelles 11-1030 maires, conseillers municipaux et chefs de village seront choisis parmi 19.762 candidats, se tiendront le 29 novembre 2014. Le résultat des élections locales aura une incidence sur le résultat des élections législatives et présidentielles taïwanaises de 2016.

Alors que le système électoral de Taïwan favorise le bipartisme, au sein duquel la lutte pour le pouvoir est essentiellement une compétition entre le Kuomintang (KMT) et le Parti démocrate progressiste (DPP), cette année un certain nombre de petits partis politiques et de candidats indépendants ont décidé de rivaliser avec les grands partis pour les élections locales à venir.

Parmi les nouveaux visages on trouve des jeunes qui ne sont affiliés à aucun parti, mais qui proviennent du Mouvement des fraises sauvages de 2008 et du Mouvement des tournesols de 2014. Ce dernier a conduit à une occupation de trois semaines du Parlement de Taïwan en début d’année pour protester contre un accord commercial négocié secrètement avec la Chine. Beaucoup d’entre eux veulent profiter des élections pour exposer leurs idées sur la justice sociale à un public plus large et apporter des changements dans leurs villes natales s’ils remportent le poste de chef de village.

L’un de ces jeunes candidats, Yoshi Liu, avait pris part en 2008 au Mouvement des fraises sauvages, un mouvement étudiant qui luttait contre les abus de pouvoir de la police lors de la visite d’officiels de Chine continentale à Taïwan. Il a expliqué pourquoi il a décidé de se présenter à l’élection dans une interview avec des journalistes de News E-forum, un média citoyen indépendant géré par des étudiants et des militants: «Lorsque Yoshi repense au Mouvement des fraises sauvages de 2008, il explique qu’il se rendait compte que «les étudiants étaient incapables de faire tenir un mouvement social sur le long terme». Il croyait également que le mouvement social avait ses limites. Cependant, la plupart des jeunes militants ont essayé de rester à l’écart de la politique traditionnelle et ont refusé de travailler avec ceux qui étaient dans une position de pouvoir. Finalement, ils [ont obtenu leurs diplômes et] ont quitté le mouvement, et il n’y avait plus suffisamment de ressources pour une mobilisation future. Les élections politiques, cependant, peuvent apporter de réels changements.»

Les journalistes de News E-forum ont interviewé un politologue afin d’expliquer pourquoi de nombreux jeunes candidats visent le poste de chef de village: «La démocratie à Taïwan ce sont les belles fleurs suspendues sur l’arbre, mais ses racines basées dans les communautés locales sont pourries.» Au cours d’une discussion sur la politique locale à Taïwan, le professeur Wang Yeh-Lih du Département de Science politique de l’Université nationale de Taïwan a déclaré que bien que l’île ait traversé la rotation des partis au pouvoir et que la société ait développé une culture politique dans la pratique de la démocratie, au niveau local, les conseillers et les chefs de village sont toujours contrôlés par des factions locales, qui sont souvent reliées aux gangs et ploutocrates.

La politique locale à Taïwan est comme un petit écosystème. Les chances de remporter un poste sont extrêmement liées au réseau social d’une personne. En conséquence, les chefs de village, qui ont de bonnes connections dans leurs communautés, jouent le rôle de «courtiers de vote» aux élections de niveau supérieur.

En ce qui concerne la façon dont les jeunes candidats peuvent changer le système actuel, il estime que l’accent devrait être mis sur l’objectif de «comment changer la culture existante de l’élection» au lieu de se focaliser sur «qui remporte le vote».

Avec peu de ressources, il serait en effet difficile pour les jeunes candidats de gagner des élections. Coolloud.org, un média indépendant axé sur la diffusion d’informations concernant les mouvements sociaux, a expliqué pourquoi à Taïwan le système électoral ne favorise pas les nouveaux arrivants sans ressources financières: «Les candidats individuels doivent payer 120.000 à 2.000.000 de Nouveaux dollars de Taïwan [3.909 à 65.150 dollars américains] pour une caution électorale, en fonction du poste et du niveau de gouvernement auquel ils se présentent. Pour les grands partis politiques, qui peuvent obtenir des ressources du gouvernement, la caution électorale est une formalité. Toutefois, pour les petits partis et les candidats indépendants, c’est leur premier obstacle. Bien que de nombreux candidats du Parti vert de Taïwan aient recueilli assez d’argent pour payer l’acompte, ils ont utilisé tout leur argent et n’auront pas assez de ressources financières pour leurs campagnes électorales.

En plus de l’acompte, les campagnes électorales et la publicité font tous partie d’un jeu glamour autour de l’argent.

Notre système électoral actuel juge si un candidat peut s’inscrire ou même gagner l’élection en fonction de sa richesse.»

En plus de la caution électorale et du financement de la campagne, la mobilisation des électeurs est également un jeu d’argent. Par exemple, les hommes d’affaires taïwanais en Chine, qui soutiennent le parti actuellement au pouvoir Kuomingtang, fournissent des billets d’avion à prix réduits aux Taïwanais qui travaillent en Chine continentale pour qu’ils puissent rentrer à Taïwan pour voter.

Afin d’aider les jeunes électeurs étudiants à rentrer dans leur ville natale pour les élections, un groupe de citoyens appelé «Réseau de jeunes citoyens bénévoles» a mis en place un projet de financement communautaire pour recueillir des fonds pour couvrir les frais de voyage.

À cause des barrières financières tout un chacun n’a pas la possibilité de participer aux élections de façon équitable, mais les jeunes font un premier pas important pour changer les règles du jeu en se présentant aux élections locales.

Source: Global Voices

 

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