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Xi Jinping fait le ménage

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
02.12.2014
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  • Montage de Luis Novaes/Epoch Times: (gauche) Zhou Yongkang (Liu Jin/AFP/GettyImages); (Au-dessus) Xi Jinping (Hagen Hopkins/Getty Images); (droite) Li Dongsheng (China Photos/Getty Images); (en-dessous) Général Xu Caihou (AFP/Jim Watson); (centre) Condamnation de Bo Xilai, 22 septembre 2013 à Pékin, Chine. (Feng Li/Getty Images)

Ces deux dernières années, le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC) Xi Jinping a travaillé sans relâche pour démanteler le réseau politique qui contrôlait auparavant le pays. Aujourd’hui, le pouvoir de ce groupe est bien brisé mais selon l’expression chinoise consacrée, les observateurs attendent de voir «posés les derniers clous sur le cercueil».

Les effets de ce grand nettoyage ont été annoncés par l’agence de presse officielle  Xinhua après la 4e session plénière du PCC en octobre. L’agence officielle du Parti a publié une liste des «55 gros tigres» désignant les corrompus de haut rang. Les spécialistes de la politique communiste en Chine n’ont pas été surpris de voir qu’une grande partie de ces hommes ont en commun le même supérieur hiérarchique: Jiang Zemin.  

Jiang Zemin a dirigé le PCC à partir de juin 1989. En 2002, il a quitté son poste de secrétaire général du PCC, mais a gardé le contrôle de l’armée un an de plus. Pendant de nombreuses années après cela, il a conservé un poste dans les quartiers généraux de l’armée. 

Mais au cours de son règne et après, il a tissé une toile de relations personnelles et professionnelles dans toute la Chine qui a persisté bien après le début du mandat de son successeur, le doucereux Hu Jintao.

L’un des exemples les plus mémorables et explicites de la présence prolongée de Jiang Zemin a eu lieu en octobre 2009, lors des célébrations de la journée nationale de la République populaire de Chine, sept ans après la fin de son mandat de dirigeant du Parti. Ce jour-là, il est apparu sur CCTV, la télévision centrale de Chine, juste à côté de Hu Jintao sur la tribune montée sur la place Tiananmen, alors que le reste du comité permanent du Politburo se trouvait derrière eux. Le lendemain, le Quotidien du peuple, le journal officiel de l’État, publiait des photos de même taille des deux hommes.

Dans un système politique où les apparitions des hauts dirigeants chinois sont attentivement contrôlées et délimitées, avec un temps d’apparition télévisée strictement réparti selon le rang, cet incident montrait clairement qui était le parrain du Parti en 2009.

Jiang Zemin a gardé cette influence lorsqu’il a transmis le pouvoir à Hu Jintao en 2002, puis en 2007, et à un moindre degré en 2012, s’assurant de bien placer ses hommes aux postes clé lors de la passation de pouvoir à Xi Jinping. En 2007, Jiang Zemin a même réussi à élargir de deux sièges le comité permanent du Politburo, le centre nerveux du Parti qui prend les décisions importantes, de façon à y poster ses hommes les plus fidèles. 

Les personnages les plus puissants de cette constellation politique étaient Zhou Yongkang, ancien dirigeant de la sécurité intérieure (voir l’article ci-contre), Li Dongsheng, directeur des forces de police secrète rassemblées sous le Bureau 610, Xu Caihou, haut gradé de l’armée et Jiang Jiemin, qui contrôlait les intérêts énergétiques du pays. Ces quatre hommes font partie des 55 noms repris sur la liste de Xinhua ayant été démis de leurs fonctions au sein du Parti. Ces hommes et bien d’autres fidèles de Jiang Zemin ont exercé leur influence à presque tous les niveaux de l’État, du Parti et de l’économie du pays.   

Après avoir été l’une des cibles principales de la fameuse campagne anti-corruption de Xi Jinping, le réseau politique de Jiang Zemin – totalement corrompu et violent à l’extrême – n’a aujourd’hui plus aucune attache à l’intérieur de Chine.

Corruption

Alors que des enquêtes ont été ouvertes sur les principaux membres du groupe et que des informations ont été révélées dans des médias chinois bien choisis, les observateurs ont pu se faire une idée des richesses qui ont été accumulées. «Je ne peux tout simplement pas comprendre le genre de corruption que nous avons vu en Chine ces dernières années», a écrit Zheng Yongnian, un intellectuel chinois dont les idées sont largement partagées. «Si vous êtes corrompu et que vous volez des centaines de milliers, voire des millions de yuans, je peux comprendre. Vous pouvez utiliser cet argent pour mener une vie meilleure. Mais voler des milliards, des dizaines de milliards ou même des centaines de milliards – cela, je n’arrive pas à le comprendre. Vous ne pourrez pas dépenser tout cet argent en une seule vie.»

Pendant toutes ces années, Jiang Zemin s’est assuré la loyauté et l’obéissance de tant de personnes par la corruption et la complicité de ses proches. 

Au contraire de Mao Zedong ou de Deng Xiaoping avant lui, Jiang Zemin ne jouissait pas de la crédibilité ou du prestige d’un passé révolutionnaire. La direction du Parti lui avait été offerte de façon presque inattendue par Deng Xiaoping, au plus fort de la crise politique entourant le mouvement étudiant de la place Tiananmen. En tant que secrétaire du Parti à Shanghai, Jiang Zemin avait exprimé sa volonté de réprimer les étudiants. Après le massacre de la place Tiananmen, Jiang Zemin, entre-temps devenu secrétaire général du PCC, a pourchassé les étudiants dissidents.

La crise de Tiananmen une fois passée, beaucoup pensaient que Jiang Zemin serait de nouveau écarté par Deng Xiaoping en quelques années. Mais lorsque Deng Xiaoping tombe malade en 1995 et décède en 1997, les machinations politiques de Jiang Zemin commencent vraiment.

Jiang Zemin a été aidé dans la consolidation de son pouvoir par Zeng Qinghong, qui s’était enrichi dans le secteur pétrolier et avait déjà acquis par lui-même un pouvoir significatif. Zeng Qinghong a aidé Jiang Zemin à s’acheter ses positions en échange de soutien politique – les deux hommes se sont ainsi assurés que Jiang Zemin garderait du pouvoir au sein du régime bien après que tous deux auront quitté leurs postes officiels. 

Cela a été rendu possible en plaçant leur famille et leurs proches à des postes clés dans des secteurs industriels majeurs afin de les contrôler et d’en tirer des rentes. Zhou Yongkang et sa famille étaient dans le pétrole, Li Peng avait la main sur les services électriques, et l’un des fils de Jiang Zemin avait un poste dans les télécommunications...

Cette corruption extrême orchestrée par Jiang Zemin a, une fois les détails révélés au cours de la campagne de Xi Jinping, étonné et choqué le peuple chinois. 

Xu Caihou, commandant en second de l’armée chinoise, possédait une tonne de billets de banque dans le sous-sol d’une propriété qui a été fouillée au mois de mars dernier. Les médias chinois n’ont même pas donné une estimation de la somme que cela représentait. Le butin incluait aussi des antiquités, des pièces de jade et de l’or. Gu Junshan, l’un des protégés de Xu Caihou, possédait une statue de Mao Zedong en or massif.

Par ailleurs, Jiang Zemin et ses proches, à la tête des industries, n’ont imposé aucune réglementation environnementale, provoquant des niveaux massifs de pollution jamais vus ailleurs dans le monde: cancers en série, empoisonnement des terres et de l’eau, pollution insoutenable de l’air des villes. 

Institutions

Le recours à l’appareil de sécurité supervisé par Jiang Zemin a aussi provoqué la saisie de terres et la démolition de maisons dans tout le pays. Les responsables locaux corrompus s’entendaient avec les promoteurs pour spolier les habitants des terrains convoités et réprimer violemment les manifestations qui s’ensuivaient.

L’État a arrêté de publier les informations sur le nombre d’incidents de masse, soit toutes les manifestations ou émeutes impliquant plus de 50 personnes. En 2010, Sun Liping, professeur de l’université de Pékin – et directeur de thèse de Xi Jinping – avait estimé que 180.000 incidents de masse s’étaient produits.

Jiang Zemin avait recours à la corruption pour rétribuer les membres de sa faction qui soutenaient sa campagne politique phare, la persécution de la pratique spirituelle du Falun Gong. Cette gigantesque mobilisation de l’appareil sécuritaire reposait sur des enlèvements de masse, des emprisonnements arbitraires et des tortures incroyablement cruelles, de millions de citoyens chinois.

Rien de tel qu’une campagne de terreur pour asseoir et maintenir son pouvoir

La campagne politique est l’un des principes opérationnels fondamentaux du PCC et l’histoire du régime est souvent perçue à travers l’exécution et les conséquences de telles campagnes. Les purges des années 50, par exemple, le grand bond en avant ou la révolution culturelle ont été des campagnes emblématiques de Mao Zedong et son règne était dirigé par l’obsession de l’organisation de ces campagnes.

Deng Xiaoping a ouvert une période de réformes économiques. Mais il a aussi commandité le massacre des étudiants à Pékin le 4 juin 1989. C’est cette campagne, avant sa chute, qui marquera son ère.

Le rôle de la persécution du Falun Gong a souvent été négligé par les observateurs pour définir la carrière politique de Jiang Zemin. La décision fatale de réprimer le Falun Gong a été prise au cours des mois d’avril et mai 1999 et a été rendue publique le 20 juillet de la même année. Les statistiques officielles parlaient de 70 millions de pratiquants de Falun Gong (plus de 100 millions de personnes selon le Falun Gong).Dans tous les cas, cette persécution visait une importante partie de la population.

La campagne contre cette pratique bouddhiste pacifique reposait sur l’enlèvement des pratiquants pour les forcer à une transformation idéologique, ce que les communistes appelaient dans les années 50 une «réforme de la pensée» , ou pour le dire simplement, un lavage de cerveau. Des milliers de décès causés par les tortures ont été répertoriés.

Selon les recherches menées, 62.000 pratiquants de Falun Gong ont été tués pour leurs organes entre 2000 et 2008, pour alimenter le secteur en plein essor de la transplantation en Chine. Les prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong se poursuivent encore aujourd’hui et le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. 

À l’époque, les observateurs voyaient le mouvement politique instauré par Jiang Zemin comme une occasion de forcer les membres du Parti à s’allier avec lui et ainsi renforcer son pouvoir. Et cela malgré le fait que le lancement de ce mouvement violent de persécution n’ait rencontré que peu d’enthousiasme dans les hautes sphères du Parti.

Les autorités de la sécurité chinoise, sous les ordres de Jiang Zemin, ont conçu toutes les techniques de tortures physiques et mentales et les ont appliquées aux pratiquants de Falun Gong pour les forcer à renoncer à leurs convictions : brûlure, électrocution, pendaison, privation de sommeil et autres, selon le site web Minghui.org, qui rassemble des rapports de première main sur la persécution en Chine. Ces techniques de torture ont même reçu des appellations spéciales comme «l’escalier de l’enfer», «l’étirement du cadavre», «rôtir un mouton entier» qui implique de lier les mains et les pieds de la victime à une barre élevée au-dessus du sol, comme un animal sur une broche. La victime dans cette position est ensuite battue. Le site Minghui.org publie des témoignages de pratiquants du Falun Gong qui rapportent dans les détails la cruauté des méthodes de tortures employées.

Les fidèles de Jiang Zemin se sont si profondément investis dans cette violente campagne politique qu’ils ont manqué l’occasion de reprendre le pouvoir à la tête du Parti des mains de Xi Jinping.

Un coup d’État avorté

Le journaliste chinois Jiang Weiping a rapporté que Bo Xilai, un membre déchu du Politburo, allié et protégé important de Jiang Zemin et de Zhou Yongkang, a un jour reçu ce conseil: «Tu dois te montrer dur dans la gestion du Falun Gong. Ce sera ton capital politique.»

Bo Xilai a rapidement grimpé les échelons, chapeauté par Jiang Zemin et Zhou Yongkang. Ce dernier était lui-même placé à la tête de l’appareil de sécurité chinois, qu’il a rendu gigantesque et doté d’un budget plus important que celui de l’armée, tout cela sans aucune supervision. 

Bo Xilai aurait dû devenir l’héritier de la dynastie Jiang Zemin et prendre la place de Xi Jinping à la direction du Parti, selon une conspiration politique préparée avant la transition de pouvoir de 2012. Des personnes placées dans les cercles intérieurs du Parti ont confié à Epoch Times en 2012, que le plan visait à perpétuer la campagne contre le Falun Gong afin que les responsables ne soient jamais inquiétés pour leurs crimes.

Mais ce complot a été révélé en 2012 et a déclenché la mise à l’écart de Bo Xilai en mars 2012 par Hu Jintao. Lorsque Xi Jinping a pris le pouvoir en novembre de la même année, il s’est voué sans tarder au démantèlement pièce par pièce de la faction de Jiang Zemin. 

Selon les observateurs politiques, la tentative d’écarter Xi Jinping du pouvoir a déclenché cette extraordinaire campagne anti-corruption visant les plus hauts responsables. Dans des circonstances normales, les nouveaux dirigeants n’ont pas recours à des méthodes punitives aussi directes envers leurs opposants – mais Xi Jinping a été forcé de répondre de cette manière pour garder une stabilité dans le monde brutal du pouvoir politique communiste chinois.

Le coup final

La liste des individus démis de leurs fonctions, publiée par Xinhua en octobre, annonçait en quelque sorte au Parti et au pays la réussite de la campagne de Xi Jinping. Aujourd’hui, il contrôle le pays et la faction de Jiang Zemin est démantelée. 

Sur cette liste, la plupart des responsables d’agences centrales font partie du réseau de Jiang Zemin et les responsables provinciaux sont également des membres de la grande famille de Jiang Zemin.

Alors que Xi Jinping a éliminé les principales parties du réseau de Jiang Zemin dans tout le pays, les médias chinois ont annoncé que certains membres de l’ancienne garde ont exprimé leur soutien envers Xi Jinping.

Un article récent du Quotidien du peuple, intitulé «Xi Jinping estime les anciens cadres», reprend un discours du dirigeant du Parti adressé aux cadres et dirigeants du parti retraités. Il qualifie ces derniers de «précieux trésors» et les félicite pour les services rendus au Parti. Bien sûr, personne n’a été surpris de l’absence totale de l’un des anciens dirigeants du Parti lors de cet événement: Jiang Zemin.

Le réseau politique de Jiang Zemin avait une grande portée géographique bien que sa base soit toujours restée à Shanghai. En juillet dernier, une équipe d’investigation s’est rendue à Shanghai. En septembre, 11 responsables locaux ont rapidement été démis de leurs fonctions. Il semblerait que Xi Jinping soit prêt à faire à Jiang Zemin ce qu’il a déjà fait à Zhou Yongkang et Xu Caihou: enquêter et écarter les membres proches de la cible avant de porter un coup final.

Version originale: Xi Jinping Cleans House in China

     

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.