Les Borgia et leur temps
Intrigues, complots ou mécénat humaniste?
Du 17 septembre au 15 février, le musée Maillol accueille les Borgia avec les œuvres des plus grands artistes de la Renaissance.
Au cours des siècles, la famille Borgia a inspiré de nombreux artistes et écrivains, de Victor Hugo et Alexandre Dumas jusqu’aux auteurs de BD comme Milo Manara et Alejandro Jodorowsky. Aujourd’hui encore, pièces de théâtres, films et séries télévisées sont inspirés de la famille italienne devenue symbole du pouvoir corrompu et décadent de la Renaissance. Papes, hommes d’État, princes, philosophes, scientifiques et théologiens faisaient partie de cette extraordinaire famille dans laquelle l’intrigue, le meurtre, l’inceste, le complot et l’avidité du pouvoir faisaient partie du quotidien.
Grands mécènes et protecteurs des arts et des lettres, qui étaient réellement les Borgia? Le musée Maillol tente de répondre à cette question, nous laissant découvrir une autre image de cette famille.
Giovanni Bellini, Della Robbia, Dosso Dossi, Michel-Ange, Le Pérugin, Pinturicchio, Raphaël, Le Titien, Luca Signorelli, Verrocchio, Léonard de Vinci étaient tous leurs protégés, leur main droite et ont contribué à immortaliser le mythe Borgia.
L’exposition retrace le parcours exceptionnel des Borgia, dans la tentative de découvrir les visages des membres de cette famille.
Les personnages principaux
Rodrigo Borgia, élu pape en 1492, est le père de cette famille de la petite noblesse venue d’Espagne. C’est Rodrigo Borgia qui est à l’origine du mot népotisme, lorsqu’il installe ses proches aux positions clé du pouvoir.
Son fils César Borgia a inspiré Le Prince de Nicolas Machiavel, et sa fille Lucrèce Borgia est à l’origine de maints ouvrages, pièces de théâtres et films. Au XXe siècle, les historiens tentent de réhabiliter la réputation sulfureuse de cette femme à la beauté inouïe et de la présenter comme victime de son père et de son époque plutôt que comme une dangereuse manipulatrice.
Outre les portraits des membres de la famille, armures, épées et bijoux reconstituent l’environnement familial, ainsi que l’atmosphère de l’époque.
L’intrigue
La famille Borgia commence à grimper les échelons du pouvoir bien avant le pape Alexandre VI.
Tout commence avec Alfonso Borgia issu de la petite noblesse aragonaise, qui s’approche du milieu ecclésiastique. Il devient le pape Calixte III en 1455. Il appelle à Rome son neveu Rodrigo Borgia, fait de lui son fils adoptif et lui offre la meilleure éducation avec l’humaniste Gaspard de Vérone.
Sous le conseil de son oncle, Rodrigo Borgia fait des études de droit. Peu à peu, il acquiert des pouvoirs politiques et des richesses. Il devient pape en 1492. Finalement, il place autour de lui et dans les fonctions institutionnelles ses enfants et ses proches, assurant ainsi leur pouvoir. Rodrigo Borgia poursuit la vision politique de son oncle – rendre à Rome sa place parmi les autres cours italiennes et déployer le pouvoir du pape sur toute l’Italie.
Parmi ses enfants, il met sur le devant de la scène César et Lucrèce. Il utilise la beauté de sa fille à des fins politiques. César et Lucrèce sont le fruit de la liaison de Rodrigo avec sa maîtresse Vannozza Cattanei. Rodrigo Borgia a eu effectivement plusieurs maîtresses, ce qui n’était pas une exception dans le Vatican de l’époque. Par contre, il a été le seul homme d’Église à reconnaître ses six enfants. Il semble que ce que l’on pourrait décrire comme un acte d’authenticité a été dénoncé par la suite comme un acte de débauche. Ceci pourrait expliquer la mauvaise réputation de cette famille.
César est nominé cardinal en 1493, un an après la nomination de son père comme pape. Mais il renonce aussitôt au chapeau de la cardinalice et devient un impitoyable chef de guerre.
Lucrèce Borgia, élevée comme une princesse, a reçu la meilleure éducation. Elle savait lire et écrire le latin et le grec. Elle savait chanter, jouer de la musique, danser, tenir des conversations érudites, bref, une femme de la Renaissance. Certains la décrivent comme une femme affreuse, alors que d’autres la présentent comme une femme douce, vertueuse et surtout très cultivée.
Certes, elle a été mariée trois fois, mais cela fut le choix de son père. Ses mariages constituèrent des manœuvres politiques du souverain pontife.
Les mécènes
Le renforcement politique de Rome va de pair avec l’investissement dans l’architecture et les arts. L’embellissement de la ville et la floraison des arts sous les Borgia contribueront à la grande renommée de Rome. C’est le pape Alexandre VI qui commence les travaux dans les appartements du Vatican et la décoration des églises. Pinturicchio, l’un des meilleurs peintres de l’époque, réalise des fresques pour la décoration des appartements privés du Vatican et Piermatteo d’Amelia réalise les fresques de la voûte de la chapelle Sixtine, recouvertes plus tard par celles de Michel-Ange.
Lucrèce Borgia épousera Alphonse Ier d’Este et deviendra duchesse de Ferrare et protectrice des arts. Elle fréquentera les artistes les plus célèbres.