Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

La Chine va-t-elle vraiment cesser d’utiliser les organes de prisonniers exécutés?

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
08.12.2014
| A-/A+
  • Huang Jiefu, l’ex-sous-ministre de la Santé chinois et actuel directeur du Comité des dons d’organes chinois (Raveendran/AFP/Getty Images )

Le plus haut responsable chinois en matière de transplantations d’organes semble avoir annoncé, encore une fois, que la Chine allait cesser de prélever les organes de prisonniers exécutés et que, à partir du 15 janvier 2015, seulement les organes provenant de dons volontaires de citoyens ordinaires allaient être utilisés. Du moins, c’est ce qu’indiquent les grands titres.

Si cette promesse a bel et bien été faite, ce serait la deuxième fois qu’elle est faite par Huang Jiefu, un chirurgien directeur du Comité des dons d’organes chinois et membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois qui avise le Parti communiste chinois.

La première promesse a été faite en 2012 bien qu’aucun échéancier n’ait été présenté. À l’époque également, les médias internationaux importants avaient rapporté la nouvelle avec enthousiasme. Ils n’ont toutefois pas fait de suivi lorsque, plus tôt cette année, Huang Jiefu a déclaré que les organes de prisonniers exécutés allaient, en fait, encore être utilisés aussi longtemps que leur permission était obtenue.

Il semble qu’une fourberie semblable est à l’œuvre dans le cas actuel.

Analyser la déclaration

La déclaration de Huang Jiefu aurait été faite lors d’une conférence médicale à Kunming, la capitale de la province du Yunnan, au sud. Il n’y a aucun compte rendu ou enregistrement officiel de ce qu’il a dit, seulement des reportages dans les médias chinois, dont certains demeurant vagues sur les éléments cruciaux, et tous nécessitant une analyse plus approfondie.

D’emblée, l’annonce contenait une certaine dose d’ambiguïté et laissant probablement assez de marge de manœuvre pour revenir sur la promesse si nécessaire. Par exemple, le Southern Metropolis Daily, un quotidien relativement libéral dans la ville méridionale de Guangzhou, a écrit qu’il avait reçu ses informations d’une «source fiable», jetant le doute quant à savoir si un journaliste du quotidien était sur place quand Huang Jiefu a fait ses déclarations.

De plus, il n’y a aucune citation de Huang Jiefu dans les reportages où il indique que les organes de prisonniers exécutés ne seront plus utilisés après le 15 janvier 2015. «On ne peut nier qu’en Chine actuellement, outre les idées traditionnelles qui génèrent un manque d’enthousiasme pour le don d’organes, les gens sont inquiets au sujet de l’équité, de la justesse et de la transparence des dons d’organes», a déclaré Huang selon le Southern Metropolis Daily.

Il a ajouté que ces préoccupations représentent un des principaux obstacles à l’établissement en Chine d’un système de dons d’organes volontaires et légitimes, plutôt que la dépendance actuelle envers les prisonniers exécutés (ou en réalité les prisonniers de conscience, tel que documenté par plusieurs chercheurs).

La partie au sujet de «complètement cesser l’utilisation d’organes de prisonniers exécutés comme source pour les transplantations» a été paraphrasée et attribuée à la «source fiable».

Dans tous les autres reportages chinois sur le sujet, la référence aux prisonniers dans le couloir de la mort a été similairement paraphrasée d’une telle manière qu’il est impossible de déterminer exactement ce que Huang Jiefu a vraiment déclaré.

Un article dans le Yunnan Online contenait une section de mise en contexte qui analysait la question du commerce d’organes d’une manière qui remet en question l’allégation selon laquelle la Chine souhaite éliminer sa dépendance envers des organes de prisonniers.

Dans la section appelée Regard en arrière, la publication se penche sur les commentaires de Huang Jiefu prononcés plus tôt cette année, alors qu’il faisait remarquer que les prisonniers dans le couloir de la mort sont aussi des citoyens chinois et que s’ils veulent faire don de leurs organes après leur mort, ils devraient avoir le droit de le faire.

Le point important, a-t-il dit, est qu’une telle transaction ne devrait pas être effectuée en privé, mais plutôt filtrée à travers le système officiel d’approvisionnement et de distribution d’organes qu’il tente de mettre sur pied. Le système est supposé allouer les organes selon le besoin et le temps d’attente, plutôt que selon la capacité de payer ou de soudoyer les médecins ou autres responsables.

Le Guardian a offert une concession semblable. Après un titre annonçant que La Chine va cesser d’utiliser les prisonniers exécutés comme source d’organes, une autre ligne clarifie que «les prisonniers dans le couloir de la mort ont fourni la majorité écrasante des organes transplantés depuis des années, étant donné la demande élevée et les dons minimes. Cependant, à l’avenir, leurs organes seront utilisés seulement s’ils font le don volontaire et que leurs familles approuvent la décision».

Aveu implicite

Ce qualificatif change complètement l’histoire.

Ce n’est pas que la Chine souhaite cesser d’utiliser les organes de prisonniers exécutés, mais plutôt qu’elle va «mettre un peu d’ordre dans ses affaires», comme l’avait indiqué le chercheur Ethan Gutmann dans une entrevue plus tôt cette année.

The Slaughter, le livre de M. Gutmann publié en août dernier, traite de ce qu’il appelle l’hécatombe de pratiquants de Falun Gong et autres prisonniers de conscience tués pour leurs organes. M. Gutmann estime que plus de 60 000 ont été tués depuis 2000. Les responsables chinois n’ont jamais répondu à ces allégations.

Si Huang Jiefu ne fait que dire que, maintenant, les autorités chinoises vont s’assurer d’obtenir la permission des prisonniers avant de prélever leurs organes, alors cette récente bourrasque de nouvelles ne traite rien de nouveau et ne représente qu’un réchauffé de ses remarques de mars dernier.

Tout cela représente également un aveu implicite remarquable que de graves violations des droits de la personne et des traités internationaux ont été commises. Si la Chine ne fait qu’annoncer maintenant que les organes seront prélevés avec la permission des individus, cela indique qu’auparavant ce n’était pas le cas.

«Le consentement est requis par les règles régissant les transplantations depuis 1984 et par les lois en la matière depuis 2007», explique Arne Schwarz, un chercheur suisse dans le domaine des transplantations d’organes en Chine ayant gagné un prix pour son travail.

«Maintenant, Huang Jiefu a admis ce que tout le monde savait déjà : les règles et la loi ont été ignorées dans le passé. Pourquoi devrions-nous croire qu’elles ne le seront pas à l’avenir?»

Il ajoute : «Mais, même si un consentement écrit est fourni, il est invalide puisque les sociétés médicales internationales – comme la Transplantation Society, l’Association médicale mondiale et même l’Association médicale chinoise – s’accordent pour dire que les prisonniers et les autres détenus ne sont pas en position de donner librement leur consentement.»

Selon lui, les intentions de Pékin comportent des risques, car en mettant les organes de prisonniers exécutés dans le système de dons et d’allocations, utilisé pour les organes donnés par des citoyens non emprisonnés, cela va simplement obscurcir la source des organes et ancrer la pratique. Cela va donc nuire à la transparence et à la traçabilité plutôt que de les augmenter, comme le demande l’Organisation mondiale de la santé.

«Tout ce que cela démontre, c’est que cette annonce n’est pas une réforme, mais bien de la propagande», ajoute-t-il.

Version originale : Is China Really Going to Stop Using Organs From Executed Prisoners?

 

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.