Campagne de démolition des églises chrétiennes en Chine

Écrit par Carol Wickenkamp, Epoch Times
04.05.2014
  • 28 avril 2014: L’église de Sanjiang dans la province du Zhejiang a été démolie. Un projet provincial de développement urbain vise les édifices religieux, selon des documents officiels. (via Weibo.com)

L’une des répliques mémorables du roman classique Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll est la reine de cœur hurlant: «Qu’on lui coupe la tête!» chaque fois qu’elle est contrariée.

Xia Baolong, secrétaire du Parti communiste de la province du Zhejiang, semble avoir été inspiré par le personnage de conte alors qu’il menait une tournée d’inspection dans la province plus tôt cette année. En pointant le doigt vers la croix d’une église dans la petite ville de Baiquan, il aurait déclaré qu’elle était «trop visible et éclatante». Cela doit donc être «rectifié», a-t-il dit. La croix a été abattue et une plus petite placée sur le mur.

Les remarques péremptoires de M. Xia Baolong se sont multipliées tout au long de la tournée d’inspection et ont provoqué une vague de démolition d’églises dans toute la province, sous le vague prétexte du développement économique et du renouvellement urbain.

Le 28 avril dernier, la cible était l’église officielle de Sanjiang dans la ville de Wenzhou. Les équipes de démolition se sont attaquées à l’église et abattu sa façade alors que des fidèles essayaient de les arrêter par leurs protestations. Un témoin a rapporté au Telegraph: «J’ai vu trois ou quatre excavatrices devant en train de démolir l’église et trois ou quatre à l’arrière en train de démolir le bâtiment annexe. J’ai aussi vu une petite excavatrice entrer dans l’église pour démolir l’intérieur».

Une photo non vérifiée a plus tard été postée en ligne montrant que toute la structure s’était effondrée.

L’assaut de l’Église de Sanjiang ne représente qu’un exemple d’une vaste campagne lancée dans toute la province du Zhejiang et au-delà.

Dans la ville de Hongzhou, province de Zhejiang, 200 personnes de l’administration locale ont descendu la croix du clocher d’une petite église. «Ils ont dit que la croix était trop visible et devrait être placée à l’intérieur du bâtiment de l’église après en avoir diminué la taille», a déclaré le pasteur Sheng de l’église du Mouvement patriotique des trois autonomies affilié à l’État chinois. Un responsable lui a précisé que cette amputation n’était qu’une «rectification».

Les responsables du canton de Yongjia ont exigé que la congrégation se débarrasse de la croix ainsi que de tout le dernier étage de l’église. Des rapports de la province du Anhui indiquaient récemment que la destruction des églises et des croix a aussi commencé à toucher les autres provinces.

Les bâtiments de la province du Zhejiang ne sont que les premières victimes d’une guerre tous azimuts contre les églises et sans doute en fin de compte contre tous les édifices religieux en Chine, sous couvert de campagnes de rénovation urbaine et de développement économique.

La population chrétienne de Wenzhou, près de 15% des 9 millions de citoyens de la ville, ont surnommé leur ville la «Jérusalem de la Chine», un terme potentiellement inquiétant pour le Parti communiste athée.

La popularité des groupes religieux est depuis longtemps une cause d’inquiétude pour le Parti, qui a lancé des campagnes concertées contre le bouddhisme et le taoïsme dans les premières années de l’établissement de son règne. Des décennies plus tard, la popularité des pratiques de qi gong et en particulier du Falun Gong, a conduit à une nouvelle vague de persécution.

Le forum du Centre de recherche Pew sur la religion et la vie publique projette que la Chine comptera environ 160 millions de chrétiens protestants en 2025.

Ce développement est apparemment un sujet de grande préoccupation pour le secrétaire du Parti provincial Xia Baolong qui s’est plaint, lors d’une interview avec l’agence Xinhua le 17 février dernier, de l’infiltration des «forces hostiles occidentales» (comprendre les églises chrétiennes) qui tentent de semer la discorde parmi les cadres du Parti.

En juillet de l’an dernier, selon un document interne du Parti, il s’était adressé au Comité municipal du Parti de Wenzhou et avait alerté de l’inquiétante influence des religions clandestines.

Masqué par l’élan de modernisation, d’embellissement et de développement économique, le Parti communiste chinois perçoit l’occasion d’aplatir les églises, d’abattre la forêt de croix dans le ciel de Wenzhou et de contrecarrer la propagation du christianisme en Chine.

Les déclarations officielles du Parti indiquent également que la stratégie de démolition des bâtiments religieux est liée au développement des terrains où ils sont situés. Le plan a été évoqué avec peu de détails par Wang Zuoan, secrétaire du Bureau d’État des affaires religieuses, dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision Phoenix fin 2013.

Wang Zuoan a exhorté les autorités locales à tenir compte des traditions et des sentiments des personnes religieuses en poursuivant la destruction des édifices religieux, mais n’a pas caché l’intention du Parti, qui prévoit également une réglementation plus stricte des organismes et des biens religieux ainsi qu’une refonte du statut juridique des biens immobiliers religieux.

L’attaque provinciale envers les églises a été lancée peu après que Wang Zuoan ait soutenu l’idée de confiscation des biens religieux, sous la direction de Xia Baolong, secrétaire du Parti de la province du Zhejiang.

Le retrait des croix et la destruction des églises sont autorisés par la campagne de développement du Zhejiang intitulée «Trois rectifications et une démolition», qui répertorie fréquemment les structures désignées comme «illégales», une accusation large et adaptable utilisée par les responsables en Chine.

Le lancement du programme «Trois rectifications et une démolition» inaugure d’autres programmes provinciaux. Hangzhou s’est fixé un objectif de trois ans pour récupérer 3 millions de mètres carrés sur des bâtiments illégaux, y compris les structures religieuses. Le projet inclut également l’intensification de la propagande visant à manipuler l’opinion publique au sujet de la démolition de ces constructions illégales afin de maintenir «une atmosphère harmonieuse».

Les autorités locales de Jinhua, province du Zhejiang, se sont vantées d’avoir libéré 549 875,37 mètres carrés de bâtiments illégaux en une semaine au mois de mars dernier. Elles ont annoncé la mise en œuvre d’une «carte de bataille» pour suivre les progrès de la destruction des bâtiments et des quartiers ciblés.

Mais des documents détenus par l’organisation ChinaAid de la ville de Ruian et de la municipalité de Shamen, dans la région côtière du canton de Yuhuan, province du Zhejiang, divulguent plus ouvertement encore les projets visant les structures religieuses.

Des communications internes entre divers bureaux de la ville de Ruian s’appuient sur des indicateurs statistiques des structures illégales, y compris les églises, illustrant la campagne des «Trois rectifications et une démolition». Ces documents déclarent: «Vous devriez considérer les structures illégales désignées comme «bon pour la destruction» au sein du système provincial pour les affaires ethniques et religieuses. Ce sont des objectifs clé pour vos enquêtes et contrôles».

Version en anglais: Campaign Underway to Demolish Christian Churches in China

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