Quelque chose d’important se tramait récemment à Montréal : des idées jaillissaient, des conseils s’échangeaient, des histoires inspiraient… Retour sur C2MTL. 



«Il est rare, aujourd’hui, que nous prenions le temps de réfléchir, de créer, de rêver», disaient les conférenciers invités. Et pourtant, pendant trois jours, c’est exclusivement ce à quoi aspiraient plus de 4000 personnes de partout dans le monde, pour la plupart créatifs en entreprise, influenceurs, publicitaires et entrepreneurs, rassemblées à l’Arsenal, un ancien hangar à bateaux installé dans Griffintown. 
 


Grâce à Sid Lee Montréal, la boîte de services créatifs derrière cette idée qui est de réinventer le concept de conférences professionnelles tout en attirant des gens de partout à Montréal, les invités ont pu profiter, dans une même journée, de l’expérience et des conseils d’une leader d’opinion renommée, du fondateur d’une école verte, d’une directrice de musée, d’un chef d’une entreprise à succès et d’un lauréat du prix Nobel de la paix. Le lendemain, on écoutait les propos d’une princesse, d’un PDG, d’un musicien et d’un architecte. Puis encore, ceux d’un designer, d’un vice-président marketing, de la présidente d’une fondation, d’un des réalisateurs les plus connus au monde… 



Qu’ont en commun la trentaine de grands conférenciers invités à Montréal la semaine dernière? La créativité. Celle dont ils se sont servi pour faire grandir leur entreprise, pour aider les autres, pour revitaliser un quartier, pour changer le monde à leur façon… 



On pense à John Hardy qui, inspiré par un documentaire à propos de la lutte contre le réchauffement de la planète, a décidé de faire sa part en ouvrant la Green School, à Bali, une école d’éducation verte qui enseigne à des enfants provenant de 40 pays. On pense à Nathalie Bondil, la créative directrice et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal, qui a déclenché une véritable révolution au sein du musée en s’amusant avec les collections qu’elle rend plus accessibles et ludiques. Puis, à Tony Hsieh, 25 ans, à la tête de Zappos, une grande entreprise de vente de vêtements en ligne, qui a décidé d’investir 350 millions dans le Downtown Project, à Las Vegas, qui vise à revitaliser le centre-ville de façon originale. Il y a aussi le professeur Muhammad Yunus, lauréat du prix Nobel de la paix et président du Yunus Centre, qui a fondé la Grameen Bank en observant comment fonctionnaient les institutions classiques, pour ensuite appliquer le contraire. Sa banque priorise le prêt à ceux qui n’ont rien et a ainsi aidé des millions de personnes à s’extraire de leur état d’extrême pauvreté.

On retient aussi le passage de Jonas Tåhlin, vice-président marketing international pour the Absolut Company, cette entreprise de vodka qui a su intégrer avec succès, et de façon significative, l’art, les artistes et la culture à son marketing.

Quand on parle de créativité, le nom de Zita Cobb, présidente de Shorefast Foundation, ressort aussi. Après un succès fulgurant à Silicon Valley, Zita retourne à son île natale, Fogo, à Terre-Neuve, où elle investit afin de revitaliser son milieu rural et valoriser les traditions et les savoirs locaux. Fogo compte maintenant des résidences d’artistes, un hôtel contemporain, un des meilleurs restos au monde… Puis, à C2MTL, Cindy Gallop, créatrice de marque, a fait sensation. Celle qui voit ce qui ne tourne pas rond dans l’industrie a lancé récemment MakeLoveNotPorn, un site démystifiant la sexualité porno en célébrant et en présentant la sexualité réelle – celle de vraies personnes – par des vidéos sexuelles, mais remplies de tendresse. Ce ne sont que quelques exemples des conférenciers inspirés et inspirants présents la semaine dernière à Montréal.

C2, comme disent les habitués, c’est pour «Commerce» et «Créativité». Comment rendre son entreprise créative? Comment investir l’argent de son commerce de façon sociale et originale? Comment penser autrement? Voilà ce à quoi cherchaient à répondre les invités devant une foule enthousiaste. 


Bac à sable créatif

Avant la tenue de l’événement, Benoit Berthiaume, PDG de C2MTL, parlait de «bac à sable créatif» lorsqu’il devait décrire l’idée. Il fallait y être pour comprendre qu’il disait tout à fait vrai. En dehors de l’immense salle de conférences, les espaces immenses, colorés, éclatés prenaient des airs de grande salle de jeux pour adultes avec une piscine à boules comme espace de discussion, un lite brite géant à manipuler, un tourniquet distribuant des messages inspirants, un bar à bonbons, une table à ping-pong réinventée, des bistros, des bars, des lounges, des terrasses… sans oublier l’électrique soirée de fermeture, animée par le DJ James Murphy. «Notre souhait ultime est de stimuler, de faire réfléchir, d’interloquer et d’inspirer notre auditoire», confiait Benoit Berthiaume dans une entrevue réalisée avant l’événement. Ceci explique donc cela. 

Montréal en vedette 
Sur les réseaux sociaux, pendant l’événement, certains ont critiqué les coûts engendrés par C2MTL – qu’on chiffrait à 10 millions de dollars, dont 2,5 millions de fonds publics – mais l’événement s’en défend en mettant de l’avant les intentions de C2MTL de faire connaître Montréal et de créer des retombées. Ainsi, pendant l’événement, devant des visiteurs de 25 pays différents, des artistes québécois (Patrick Watson, le Cirque du Soleil, le Cirque Éloize, le Festival International de Jazz de Montréal, Mutek, Elektra) ont offert des performances; la boutique Code Souvenirs, tenue par le Bureau du design de Montréal, présentait 150 produits de 41 designers d’ici; des visites guidées dans les quartiers en effervescence que sont Griffintown et la Petite-Bourgogne étaient proposées et une autre offrait de visiter les lieux montréalais où ont été tournés des films. C’est sans compter ces centaines de visiteurs influents qui découvrent la ville et ses attraits pendant les trois jours que dure l’événement. 



Est-ce que le concept est là pour rester? Seul l’avenir le dira mais, déjà, au deuxième jour des conférences, on a annoncé que l’acteur et réalisateur Kevin Spacey ainsi que la vice-présidente de la Fondation Clinton, Chelsea Clinton, fille de Bill Clinton et d’Hillary Rodham Clinton, avaient confirmé leur présence comme conférenciers. De plus, à la fin de l’événement, on a annoncé des éditions de C2 à l’international. Madrid est la première ville organisatrice confirmée.

Cinq conseils de Noreena Hertz pour prendre de bonnes décisions

leader d’opinion et auteure, qui a, entre autres, participé au processus de paix au Moyen-Orient


1- Récolter nos informations de façon intelligente – écouter, classer, laisser place à ses intuitions


2- S’ouvrir à différents points de vue


3- Se garder en forme pour pouvoir prendre les meilleures décisions possible


4- Accepter, s’adapter, innover

5- Se garder du temps pour réfléchir 



Quatre conseils de Jonas Tåhlin pour être créatif

vice-président marketing international pour the Absolut Company


1- Observez les tendances


2- Ne courez pas après ce qui est trop cool


3- Ne restez pas statique : testez et expérimentez à l’infini


4- Soyez prêt à perdre le contrôle