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New York: le combat d’une réfugiée chinoise pour sauver sa mère

Écrit par Amelia Pang, Epoch Times
20.07.2014
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  • Wang Shan Shan et sa seconde fille Yin Feng, à Midtown West, Manhattan. Wang Shan a quitté sa famille en Chine pour sauver Yin Feng d’un avortement forcé. Sa mère est directement persécutée en Chine parce qu’elle pratique le Falun Gong. À New York, Wang Shan éveille les consciences sur la question du non-respect des droits de l’homme en Chine. (Samira Bouaou/Epoch Times)

NEW YORK – Wang Shan Shan s’était réveillée dans l’obscurité totale à 4h du matin et avait senti quelque chose d’humide. Elle avait perdu les eaux. C’était la Saint Valentin mais son mari se trouvait loin, dans une ville en Chine et ne lui parlait pas. Nouvelle réfugiée et sans famille à New York, Wang Shan Shan est allée dans la pièce à côté et a réveillé sa colocataire.

Sa colocataire a appelé une ambulance et l’a accompagnée à l’hôpital. Alors qu’ils roulaient dans les lumières floues de la nuit, Wang Shan s’est inquiétée du fonctionnement de l’assurance santé dans ce pays étranger;  tout à coup elle a senti un pincement au cœur. Elle a pensé à sa mère.

Sa mère, qui avait été à ses côtés lors de son premier accouchement, était torturée dans un centre de détention bondé en Chine à cause de sa pratique du Falun Gong, une méditation spirituelle interdite par le Parti communiste chinois (PCC). Aux dernières nouvelles, le cœur de sa mère faiblissait et deux hématomes dans son cou s’étaient transformés en bosses qui pouvaient être des tumeurs.

De plus, le mari de Wang Shan avait été forcé à demander le divorce car son mariage avec une pratiquante du Falun Gong affectait sa carrière au sein des autorités. Pire encore, le PCC avait exercé des pressions sur Wang Shan pour qu’elle avorte de son second enfant. Elle ne pouvait pas faire une chose pareille.

C’est pourquoi, par une nuit pluvieuse le 9 juillet 2012, elle avait quitté la Chine, seule. Elle était partie contre la volonté de son mari et contre son instinct maternel d’élever leur fille âgée d’un an. Mais elle devait sauver son futur enfant.

Lorsqu’elle est arrivée aux États-Unis, elle était enceinte de deux mois et était totalement seule, à l’exception de son frère cadet qui vivait au nord de l’État de New York. Néanmoins, durant les sept premiers mois de son séjour, elle avait décidé de vivre dans la ville de New York.

Liberté de parole

New York n’est peut-être pas un bon exemple de justice, mais pour les gens comme Wang Shan, c’était  l’endroit idéal pour exercer son droit à la liberté de parole. New York était son point de départ pour commencer à rendre justice à son défunt père et à sa mère détenue illégalement.

Le siège du centre mondial des démissions du PCC se trouve à Flushing, dans le Queens. Dès qu’elle est arrivée dans la ville, Wang Shan s’est immédiatement rapprochée de ce bureau.

Mme Wang, âgée de 33 ans, y a travaillé bénévolement pendant trois mois, en passant des appels téléphoniques à ses compatriotes en Chine afin de leur communiquer des informations venues de communautés non-censurées et les aider à voir au travers de la propagande du régime chinois.

Elle distribuait des documents  d’information sur la persécution du Falun Gong au Pier 17, dans le quartier du South Street Seaport. Elle manifestait avec d’autres pratiquants du Falun Gong devant l’ambassade chinoise en face du fleuve Hudson.

Avec une licence en communication commerciale et un doctorat en psychologie, Wang Shan a mis à profit ses compétences en communication.

«Ma sœur est quelqu’un de très responsable dotée d’une forte personnalité,» a reconnu son frère, qui a souhaité garder son nom secret.

Le 19 avril, elle et son frère ont écrit une lettre à Amnesty International, à la Commission des droits de l’homme des Nations unies, ainsi qu’aux présidents américain et chinois afin d’éveiller leurs consciences sur la persécution du Falun Gong en Chine.

Le Falun Gong est une pratique spirituelle de méditation aux origines anciennes, basée sur les principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance. En juillet 1999, Jiang Zemin, le dirigeant du Parti communiste de l’époque, a lancé une campagne nationale de persécution, par peur que la popularité de cette pratique, qui comptait presque 100 millions d’adhérents, représente une menace pour le pouvoir du PCC.

Bien que la pratique de méditation n’ait pas de motivations politiques, le PCC a vu dans l’existence même d’un tel groupe une menace envers les principes sur lesquels le Parti est fondé: la destruction des traditions et la propagation de l’animosité et de la méfiance parmi les Chinois.

Wang Shan a rencontré des membres du Congrès américain pour discuter du problème, mais cela ne suffisait pas car le temps passait et le problème devenait de plus en plus urgent.

Le 23 mai, l’avocat de sa mère a contacté Wang Shan et lui a dit qu’il avait fait tout ce qu’il avait pu pour l’aider. Il abandonnait la défense du dossier; la Cour ne l’accepterait pas.

Liu Aihua, la mère de Wang Shan, est illégalement incarcérée depuis 19 mois dans le premier centre de détention de la ville de Zhuhai sans aucun procès. Depuis 19 mois, les membres de sa famille n’ont pas été autorisés à lui rendre visite ni à lui parler.

Selon l’avocat, Liu Aihua dort sur le sol d’une petite pièce avec 40 personnes. Si elle se lève la nuit pour utiliser les toilettes, elle perd sa place.

Les arrestations

Liu Aihua avait été arrêtée à 2h du matin en novembre 2012. Une dizaine de policiers en civil avaient fait irruption dans la maison où Liu Aihua travaillait comme nourrice et l’ont emmenée de force. Le lendemain, ils sont retournés et ont pris dans les affaires de Liu Aihua  89 061 yuan, l’équivalent de 7500 € en espèces ainsi que certains de ses effets personnels. La famille n’a jamais revu l’argent.

À l’âge de 59 ans, Liu Aihua est forcée à travailler dans un endroit froid, humide et peu éclairé. Elle est également obligée à regarder des vidéos de lavage de cerveau pour la détourner de sa croyance spirituelle.

Depuis 2001, Liu Aihua a été arrêtée sept fois. Wang Shan se rappelle qu’une des arrestations les plus douloureuses s’est produite en août 2011. Sa sœur venait juste de subir une césarienne et son bébé avait été placé en soins intensifs. Mme Liu était retournée chez elle pour s’occuper de sa fille. Le matin du 20 août, la police a encerclé la maison de sa sœur et a arrêté sa mère.

«Nous pouvions à peine nous occuper de nous-mêmes et voilà qu’ils arrêtaient notre mère,» a confié Wang Shan. «Pour nous, c’était comme si le ciel nous était tombé sur la tête.»

Wang Guanghui, le père de Wang Shan, a été arrêté quatre fois pour avoir pratiqué le Falun Gong avant de mourir. Comme d’habitude, la famille n’avait pas été autorisée à le voir.

Wang Shan avait un jour dû payer 200 yuan (24€) pour pouvoir passer moins de 20 minutes avec son père au deuxième centre de détention de la ville de Shaoyang.

Au cours de la visite, une vitre en verre la séparait de son père. Il était mince, couvert d’ecchymoses et avait une mine épouvantable. Ils avaient communiqué grâce à une petite ardoise que la prison avait fournie. Son père élevait la main pour écrire les réponses avec beaucoup de peine. Il avait demandé pourquoi sa mère n’était pas venue. Wang Shan n’avait pas eu le courage de lui dire que sa mère était détenue dans un autre endroit.

Quelques mois après, le père de Wang Shan avait été transféré dans un autre endroit car son corps était devenu dangereusement fragile. Le 22 septembre 2009, il est décédé suite à une insuffisance rénale.

Pendant ce temps, la police a continué à rendre visite à leur famille tous les mois pour les surveiller; leur domicile était régulièrement fouillé. «Nos amis et nos proches ont été menacés et harcelés,» a-t-elle dit.

«Je faisais des cauchemars dans lesquels je voyais mes parents être  torturés,» a ajouté Wang Shan. «C’est  difficile d’imaginer comment on a survécu à cette époque.»

Cercle vicieux

Liu Aihua a eu quatre enfants, malgré la politique de l’enfant unique des autorités chinoises. Elle était institutrice d’école primaire et son mari était professeur en cycle secondaire. En guise de punition pour avoir eu trop d’enfants, les deux conjoints ont chacun perdu leur emploi.

Le père de Wang Shan  est petit à petit  tombé malade à cause du stress pour essayer de joindre les deux bouts. La pression montait à mesure que les frais hospitaliers augmentaient. Elle et ses frères et sœurs ont passé de nombreuses heures en dehors de la maison, non pas pour jouer, mais pour échapper aux cris de leurs parents.

Quand leur famille avait commencé à pratiquer le Falun Gong en 1996, les disputes ont diminué. Wang Shan avait alors 15 ans. Elle se rappelle très clairement comment, grâce à la méditation, le diabète de son père avait diminué. «Nous étions heureux,» s’est-elle rappelée.

Wang Shan vit maintenant dans le nord de l’État, près de son frère. Mais dès que sa fille sera un peu plus âgée et qu’elle aura fait des économies, elle prévoit de retourner dans la ville de New York pour manifester.

«Le pire c’est que nous ne sommes pas seuls,» a-t-elle affirmé. «Il y a des millions de familles comme la nôtre qui subissent encore de cruelles persécutions en Chine.»

Version en anglais: Lone Refugee in NYC Fights to Save Mother

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Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.