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Gao Zhisheng: sorti de prison, mais loin d'être libre

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
11.08.2014
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  • Geng He, l’épouse de Gao Zhisheng, s’adresse aux journalistes lors d’une conférence de presse dans la région de San Francisco le 7 août 2014. Gao Zhisheng, l’un des plus éminents avocats défenseurs des droits de l’homme en Chine, a récemment été libéré de prison, mais n’est pas encore libéré de toute surveillance et tout contrôle. (Ma Youzhi/Epoch Times)

Après près de cinq ans et demi de détention, dont un certain temps dans des geôles de torture ou des immeubles résidentiels anonymes et plus récemment dans une prison reculée, Gao Zhisheng, l’un des avocats défenseurs des droits de l’homme les plus célèbres de Chine, a récemment été libéré.

L’information a été révélée début août après que son frère, Gao Zhiyi, a été le chercher à la prison de Shaya, dans la région du Xinjiang. Les deux hommes semblent avoir été accompagnés par des agents de sécurité qui continuent de surveiller et de limiter leurs mouvements.

Lorsqu’un journaliste de Voice of America a essayé de parler à Gao Zhisheng au téléphone, ce dernier n’a eu le temps de prononcer que quelques mots avant que sa sœur ne le prévienne que «quelqu’un arrive» et que le téléphone lui soit enlevé des mains.

Après des années de mauvais traitements en prison, les dents de Gao Zhisheng tiennent à peine en place, selon sa famille. Une visite chez le dentiste sera une des premières étapes de son retour en société.

L’épouse de Gao Zhisheng et leurs deux enfants vivent en Californie et n’ont pas vu Gao depuis qu’ils ont fui la Chine à la hâte en janvier 2009.

«J’ai parlé à mon mari pour la première fois en quatre ans. La conversation a été courte, mais je peux dire qu’il n’était pas le même. Je suis très inquiète qu’il ait pu être gravement torturé en détention», a dit Geng He, son épouse, selon Freedom Now, un groupe de défense des droits de l’homme basé à Washington.

Un semblant de procédure légale

Gao Zhisheng a été libéré après avoir accompli une peine de trois ans de prison, largement considérée comme ayant été imposée de façon arbitraire.

Cette condamnation était la première tentative des autorités chinoises de donner une apparence de procédure équitable à ses attaques contre Gao Zhisheng. Ce dernier est privé de liberté et victime de brutalité extrême depuis 2006 en raison de ses efforts visant une des questions les plus sensibles pour le Parti communiste chinois (PCC).

En 2004, Gao Zhisheng avait commencé à représenter des pratiquants de Falun Gong. En 2004 et 2005, l’avocat avait publié trois lettres ouvertes adressées aux dirigeants du PCC, leur demandant de mettre fin à la persécution du Falun Gong. Fin 2005, Gao Zhisheng a publié une nouvelle lettre ouverte dans laquelle il déclarait démissionner du PCC.

Après avoir été accusé d’«inciter à la subversion du pouvoir de l’État» en 2006, Gao avait été condamné à une peine de trois ans de prison, plus tard suspendue pour deux ans, ce qui signifie qu’il n’a pas été réellement emprisonné en 2006. Bien qu’il n’ait pas été détenu en prison à partir de 2006, il est resté captif des autorités chinoises. Lorsque la date de fin de la peine a été fixée en 2011, les autorités l’ont rapidement jeté en prison, déclarant que Gao Zhisheng avait brisé les termes de sa liberté conditionnelle.

Au cours de ses allées et venues en détention, les récits de Gao Zhisheng ont décrit en détail de terribles tortures et mauvais traitements physiques et psychologiques. Dans une lettre écrite en 2007, intitulée Nuit sombre, capuche noire et enlèvement par la mafia de l’ombre, il raconte qu’il a été torturé pendant 50 jours, y compris avec des matraques électriques, de la fumée de cigarettes dans les yeux et des cure-dents insérés dans les parties génitales.

«Pas encore libre»

L’information de la libération de Gao Zhisheng a été accueillie à la fois avec méfiance et soulagement par les observateurs. Sa famille vit à l’étranger, mais il semble très improbable que Gao Zhisheng soit autorisé à se rendre aux États-Unis pour retrouver son épouse et ses enfants.

«Gao Zhisheng a été libéré de prison, mais il est très clair qu’il n’est pas encore libre», a commenté Jared Genser, conseiller juridique bénévole de Gao Zhisheng œuvrant pour le groupe Freedom Now. «Jusqu’à ce qu’il ait retrouvé son épouse et ses enfants, notre travail va continuer. J’appelle les autorités chinoises à enlever le cordon de sécurité autour de Gao Zhisheng, à le laisser parler librement et rencontrer les personnes de son choix ainsi qu’à le laisser voyager librement en Chine et à l’étranger.»

Le républicain membre du Congrès Frank Wolf, un sympathisant de longue date de Gao Zhisheng qui a intégré sa cause dans un projet de défense des droits de l’homme, a déclaré qu’il était «soulagé d’entendre que Gao Zhisheng avait été libéré de la torture et de la réclusion, mais je crains qu’il ne soit pas vraiment libre en dehors de la prison». Frank Wolf a ajouté, dans sa déclaration: «J’espère que, s’il choisit d’en faire la demande, il recevra le droit d’asile aux États-Unis.»

Après des années de pratique légale couronnées de succès à Pékin, ayant défendu des groupes minoritaires, des travailleurs maltraités et des chrétiens clandestins, le bureau de Gao Zhisheng a été suspendu en novembre 2005 après avoir accepté de défendre les dossiers de pratiquants de Falun Gong persécutés.

Après la fermeture de son bureau, Gao Zhisheng a écrit une lettre ouverte aux dirigeants du PCC et dans laquelle il décrivait en détail les tortures endurées par les pratiquants de Falun Gong. Quelques jours plus tard, il publiait la lettre dans laquelle il annonçait sa démission du PCC.

«Passer plus d’une dizaine de jours en contact étroit avec les pratiquants de Falun Gong a été une expérience bouleversante pour mon âme», écrivait-il dans sa lettre, en faisant référence à la période durant laquelle il a vécu avec des pratiquants qu’il a interviewés sur leur persécution.

«J’avais perdu tout espoir dans le PCC. Ce parti a employé les moyens les plus barbares, les plus immoraux et les plus illégaux pour torturer nos mères, nos épouses, nos enfants et nos frères et sœurs. Il a fait de ce genre de torture le travail des membres du Parti et a fait valoir le poids politique de la torture», écrivait-il dans sa lettre.

Gao Zhisheng poursuivait: «Dès maintenant, Gao Zhisheng, un “membre” du Parti qui n’a pas payé depuis longtemps son adhésion et qui ne participe pas aux “activités du Parti” depuis des années, déclare qu’il démissionne de ce parti cruel, indigne, inhumain et pervers.»

«C’est le jour de ma vie dont je suis le plus fier.»

Version en anglais: Chinese Rights Lawyer Gao Zhisheng Freed From Prison, but Not Yet Free

 

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.