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A la découverte des huacas, patrimoine historique de la capitale péruvienne

Écrit par Juan Arellano, Global Voices
02.08.2014
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  • Huaca Pucllana,Lima. (Robert Nunn)

Vous n’avez jamais associé l’archéologie à l’activisme? Peut-être devriez-vous y songer. Au Pérou, terre de cultures millénaires, des groupes de citoyens mettent en place différentes initiatives afin que l’immense patrimoine archéologique du pays ne soit pas perdu et demeure l’orgueil des Péruviens.

Salvemos las Huacas (Sauvons les Huacas) est un projet remontant à 2001. Avec ses élèves d’un collège de Lima, le professeur Koke Contreras essayait de créer des réseaux de citoyens pour la préservation et la défense du patrimoine archéologique:

«Le projet s’appuie sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) pour organiser et mobiliser la population autour de la préservation du patrimoine culturel», affirme l’association, qui «cherche à se transformer en un instrument pour les différentes communautés locales intéressées par le développement des systèmes d’alerte citoyenne et la participation locale dans la défense et la protection du patrimoine archéologique.»

Mais qu’est-ce qu’une huaca? L’historien Juan Luis Orrego Penagos nous éclaire:

«Par définition, la huaca est un terme quechua faisant référence à un lieu ou un objet sacré. La huaca peut ainsi être une construction religieuse, une colline, une lagune, un ruisseau, un arbre, une grotte ou n’importe quel lieu ou objet (une pierre, une idole ou une momie) anciennement considéré comme sacré. Au fil du temps, le terme a changé de connotation et se réfère aujourd’hui au patrimoine monumental et architectural préhispanique, comme les temples, les centres administratifs, les forteresses, les cimetières, etc. Dorénavant, les Péruviens associent une huacal avec n’importe quelle construction physique érigée par nos ancêtres.»

  • Des élèves du collège William Shakespeare nettoyant la Huaca El Retablo. (Collectif Colli)

Salvamos las Huacas poursuit deux objectifs: concevoir les cartographies des restes archéologiques de Lima grâce à sa plateforme web, et provoquer une sensibilisation collective sur l’importance de ces restes dans la construction de l’identité nationale et locale. Pour cela, ils organisent des activités comme des randonnées archéologiques, […] des initiatives qui serviront également à augmenter l’intérêt des citoyens sur cette question.

Quelques randonnées se font en compagnie d’archéologues, qui relatent aux visiteurs l’histoire des huacas et ce qu’il a fallu faire pour les récupérer. Dans un billet publié sur le blog de l’association, Koke Contreras réfléchit à ce que voyaient les participants de l’une de ces randonnées sur le Paraiso, un site archéologique niché non loin de Lima:

«Nous nous avançons en quête d’autres murailles lorsque nos yeux rencontrent une invitation à vivre dans ce recoin tranquille de Lima. En effet, le boom immobilier est présent, et inévitable. Une muraille d’argile préhispanique sur le point de s’effondrer nous souhaite la bienvenue tandis qu’une affiche nous invite à vivre dans cette partie bucolique de la vallée: profitez de cet instant hors du temps pour apposer votre empreinte, votre pierre, tracez votre cercle et imaginez la maison de vos rêves. Cette muraille défensive, qui repoussait les attaques et les invasions des autres régions avant l’arrivée des Incas, puis de l’invasion immobilière, tiendra-t-elle?»

Dans le même esprit, le Collectif Colli organise des activités qui préservent l’identité locale grâce à la connaissance et la valorisation de l’histoire, en particulier dans le quartier de Comas, à Lima, ainsi que dans le nord de la capitale péruvienne et ses alentours.

Le Collectif Colli se présente comme «une organisation pour les enfants, les adolescents, les jeunes et les personnes intéressées par la protection du patrimoine archéologique, dont l’objectif principal est la sensibilisation à la défense et la conservation des différents monuments, constructions, chemins, murailles et expressions matérielles des anciens habitants préhispaniques du nord de Lima.»

L’une des activités du Collectif est le nettoyage des huacas, effectué avec le soutien technique et la collaboration des écoles de la zone: (photo 2)

«A la Huaca El Retablo, des voisins enthousiastes du site archéologique se sont relayés toute la semaine  pour remettre en état cet espace abandonné, fréquenté la nuit par des sans abris. On compte également des élèves du collège William Shakespeare, guidés par leurs professeurs, dans le nettoyage de la huaca et ses environs.»

En outre, le Circuit Cycliste Protecteur des Huacas contribue aussi à la revalorisation du patrimoine matériel et immatériel, et fait la promotion du vélo comme moyen de transport, grâce à des sorties cyclistes archéologiques:

«L’activité se compose d’une visite guidée à travers les différentes huacas de Lima. On explique le rôle de ces huacas dans leur contexte historique, on évalue leur état de conservation et on roule en circuits dans les environs, afin de recréer un lien avec elles et de revitaliser son énergie protectrice.»

Les projets mentionnés ci-dessus, ajoutés à ceux comme Cuida tu Huaca PLO (Prend Soin de ta Huaca PLO), Institut de la Culture, de l’Histoire et de l’Environnement – ICHMA, HistoriActual, Forteresse de Campoy et d’autres encore, forment un réseau de spécialistes, d’activistes et de personnes de tous âges pour valoriser et provoquer une prise de conscience sur la nécessité de protéger le patrimoine archéologique du pays.

Dans un contexte où ce patrimoine est menacé, et où règne une grande méconnaissance parmi la population, la participation des institutions, des gouvernements locaux et de l’Etat, ainsi que celle des citoyens, est plus que jamais nécessaire.

 

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