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L’art et le sacré

Écrit par Angélique Raimbaut, Epoch Times
08.08.2014
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  • Église Notre-Dame-de-Toute-Grâce, au plateau d’Assy. À l’entrée, l’avancée de l’église est soutenu par six imposants piliers de grès. (Angélique Raimbaut)

Entre la Suisse et l’Italie, niché à 1000 m d’altitude en Haute-Savoie, orienté plein sud, à l’abri du vent, bénéficiant d’un climat sec et ensoleillé, le plateau d’Assy domine la vallée tout en offrant un spectaculaire point de vue sur le Mont-Blanc. Ce lieu unique, façonné par son histoire, ravit ses habitants pour son havre de paix.

Situé sur la route de la sculpture contemporaine, il ravira aussi les amateurs du Renouveau de l’art sacré, dont l’un des joyaux s’est incarné en Notre-Dame-de-Toute-Grâce. Cette église est singulière par sa décoration moderne, à laquelle ont participé une dizaine d’artistes de renom. Cela n’a pas été sans remous, notamment l’œuvre polémique du Christ en croix. L’église étant dédiée aux malades, Germaine Richier avait réalisé un crucifix abstrait, au corps meurtri, afin que les malades puissent s’y identifier. Mais peu après l’inauguration, l’évêque avait fait interdire d’office ce crucifix, au visage et au corps déformés, en le reléguant à la crypte où il resta pendant 20 ans.

D’autres œuvres nous rappellent que c’est dans un contexte marqué par la maladie et les guerres que cette église fut construite et décorée, entre 1937 et 1946. Ainsi, Bonnard a introduit dans son œuvre picturale des personnages en arrière-plan, portant des casques de soldats, dans des tons gris, contrastant fortement avec le premier plan représentant St-François de Sales, beaucoup plus grand et imposant, dans des tons pastels de rose et de mauve. Ladislas Kijno a quant à lui peint la cène, représentant des apôtres chauves, au visage émacié, certainement en rapport avec le souvenir de sa déportation en Sibérie.

  • Au centre de la fresque des litanies, au-dessus de l’entrée, est placée la Vierge, rayonnante, accueillant les visiteurs

Une église dédiée aux malades

Construite sur un ancien lieu de transhumance, le site ne comptait que quelques chalets perdus au milieu des champs, sur un vaste plateau que l’on appelait Assy. Les années 1920 ont marqué le début de la construction de sanatoriums, changeant définitivement le visage et le rôle d’Assy. Ces établissements étaient destinés à accueillir et soigner les malades atteints de tuberculose, puisque le repos au grand air et l’ensoleillement étaient ce qu’il y avait de plus favorable à l’époque pour soigner cette maladie. Pas moins d’une quinzaine de «sanas» sont sortis de terre, se spécialisant par public: femmes, hommes, enfants, militaires. À la même période se sont construits des logements, commerces et autres infrastructures, pour le personnel soignant.

Les sanatoriums possédaient leur propre chapelle et des aumôniers rendaient visite aux malades qui ne pouvaient pas se déplacer. L’un d’entre eux, Jean Devémy, a eu l’idée de construire une église dédiée aux malades, fédérant ainsi les établissements de cette station sanatoriale. Il l’a appelé Notre-Dame-de-Toute-Grâce.

Un œcuménisme artistique

La construction de Notre-Dame-de-Toute-Grâce est avant tout l’histoire de rencontres et de fraternité entre des hommes ou des femmes que parfois tout oppose. C’est «la leçon d’Assy», une leçon d’humanité. Le Père Devémy a donc réussi le pari de faire collaborer des artistes indépendamment de leurs croyances ou convictions: catholiques, juifs, athées, communistes se sont réunis autour de cette décoration d’art sacré.

Pas moins de sept artistes ont réalisé les vitraux : Georges Rouault, Jean Bazaine, Marguerite Huré, Paul Berçot, Maurice Brianchon, Adeline Hébert-Stevens et le Père Couturier. Évidemment, chacun de ces artistes possède sa propre signature, ou son style. Alors comment faire coexister une telle variété d’oeuvres sans que cette hétérogénéité ne choque l’oeil? L’architecture nous rappelle que nous sommes dans une église, dont la fonction est liturgique, ce qui veut dire que les œuvres ne sont pas mises en avant comme dans une galerie d’art, mais au service de la foi (vitraux, peintures, céramiques, sculptures) et de la liturgie (bénitier, cuve baptismale, tabernacle, chandeliers, crucifix).

Église ou musée?

Les touristes du monde entier s’arrêtent spécialement au plateau d’Assy pour faire la visite de l’église, classée monument historique depuis 2004. Les visiteurs déambulent, s’exclament, s’interpellent, critiquent à haute voix ou étalent leurs connaissances, pendant ce temps-là les enfants s’impatientent, courent ou se chamaillent dans les allées. Difficile de se recueillir au milieu de ce brouhaha, c’est ce qui agace parfois les fidèles qui ne veulent surtout pas que leur église soit considérée comme un musée.

Des visites respectueuses du lieu de prière peuvent se faire toute l’année, en-dehors des offices. Comme les photos sont interdites, vous pourrez vous procurer les clichés des œuvres chez les commerçants environnants (Bip-bip, Le ramoneur). L’été, des guides CASA (communautés d’accueil dans les sites artistiques) assurent une permanence et offrent la visite à votre demande. Ces étudiants bénévoles sont passionnés! Ils possèdent de solides connaissances, qu’elles soient religieuses ou artistiques. Cette année encore, vous pourrez les solliciter puisqu’ils seront présents jusqu’au 16 août pour vous accueillir.

Source: Epoch Times

 

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