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Vers une zoothérapie plus juste et plus agissante

Le cheval facilitant le «regard à l’intérieur»

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
16.09.2014
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  • Quand il se sent à l’aise, le cheval a beaucoup à offrir à l’être humain, notamment lorsque l’approche Mieux-Être facilitée par le cheval (MFC) est en cours. (Gracieuseté de Majorie Leblanc)

Psychologie et chevaux, est-ce vraiment possible de conjuguer les deux pour le bien-être des êtres humains? Pour Majorie Leblanc, psychologue, instructrice en équitation western et facilitatrice en Mieux-Être facilité par le cheval (MFC), c’est une évidence qui s’est imposée dans sa vie depuis bien longtemps. Cette action pourrait-elle se révéler une zoothérapie «à la fine pointe»?

L’approche Mieux-être facilitée par le cheval peut être utilisée en éducation, en enseignement de l’équitation, en accompagnement, en croissance personnelle, mais aussi en psychothérapie. Dans ce domaine, le cheval devient partenaire du psychothérapeute (facilitateur) pour accompagner le client dans sa démarche de prise de conscience et de changement. À travers différents exercices avec le cheval (pansage, maniement au sol, observations des chevaux en liberté), le client peut, entre autres, y apprendre de nouvelles façons de communiquer, expérimenter de nouveaux comportements. Il s’agit d’une approche mettant l’accent sur le moment présent, la pleine conscience et l’interprétation des sensations physiques. 

Âgés entre 10 et 17 ans, les clients de Mme Leblanc bénéficient de ses services par le programme santé mentale jeunesse du CSSS (centres de santé et de services sociaux) de Témiscouata (Bas-Saint-Laurent). Elle rencontre des jeunes qui font face, entre autres, à la dépression, à l’anxiété, à des problèmes relationnels (intra ou extra familial), au deuil, à une faible estime de soi, à une communication conflictuelle entre parents et enfants ainsi qu’à une gestion problématique des émotions. Elle les rencontre dans le cadre de son service offert en psychologie. Une évaluation de la problématique et des besoins du client est d’abord faite. C’est elle qui décide, après évaluation et après quelques séances de psychothérapie traditionnelle, si un client peut bénéficier de séances en MFC.

«Les séances en MFC débutent toujours par un bilan de la situation du client depuis notre dernière rencontre. J’explore le vécu de la personne. Je suggère un plan de rencontre, ensuite nous faisons une séance de méditation pour que la personne prenne vraiment conscience de ce qu’elle vit et qu’elle puisse s’ancrer dans «l’ici et maintenant», et ce, avant la rencontre avec les chevaux. Après la rencontre avec les chevaux, on fait un nouveau bilan. Le jeune peut écrire ou exprimer verbalement ce qui ressort de son expérience. Je lui demande : “Qu’est-ce que tu as appris sur toi lors de cette séance? Et sur les chevaux? Que laisses-tu ici (ce que je décide d’abandonner)? Qu’est-ce que tu apportea avec toi à la maison?”», décrit la psychologue.

Selon les dires de Mme Leblanc, le cheval devient partenaire du thérapeute. Il est considéré comme être sensible au même titre que l’homme. En sa présence, un individu peut, par exemple, réaliser ce qu’il doit améliorer, dont sa façon de communiquer et d’entrer en relation avec les autres.

Mme Leblanc explique qu’il est extrêmement important d’être vrai et présent quand on est en contact avec le cheval. «On se doit de prendre conscience comment on vit chaque instant, on est forcé de bien identifier ses pensées, de prendre conscience de la façon dont nos pensées influencent nos réactions physiologiques et notre vécu émotif. On est amené à bien saisir comment l’on se sent psychologiquement et dans notre corps. Le résultat peut être immédiat : le cheval, étant une proie, est très sensible au ressenti de ses congénères et des humains à proximité : l’état d’esprit, le calme, la détresse, etc. Il est un peu comme un miroir de ce qu’on ressent», développe-t-elle.

«Parfois, les humains se comportent comme des prédateurs auprès des chevaux. Il est important d’enlever notre manteau de prédateur, en d’autres mots l’ego, quand on est en contact avec le cheval pour obtenir sa collaboration et son respect. À partir du moment où on le met de côté, il y a déjà plein de choses qui changent dans notre relation avec lui. Cependant, il faut être indulgent avec soi-même. Il faut aussi en être conscient et réajuster ses comportements. Si le cheval collabore, c’est parce qu’il juge que c’était gagnant pour lui. Si je veux développer une relation de partenariat avec lui, je dois laisser de côté mon désir de dominer. Selon moi, ce principe devrait s’appliquer pour toutes les disciplines équestres», élabore Mme Leblanc.

La psychologue ne pourrait faire son métier et à la fois vivre sa passion si elle ne goûtait pas régulièrement «à sa propre médecine». «À chaque rencontre avec les chevaux, il y a quelque chose qui se passe, quelque chose à apprendre. Il faut avoir l’esprit ouvert, être honnête avec soi-même. Si je suis ailleurs, je perds des belles occasions de comprendre ce qui se passe en moi et dans mon interaction avec le cheval. Ça m’arrive encore de chercher à performer sans tenir compte des besoins du cheval. Quand je le sens, je me recule, je respire différemment, je tente de changer mon état, je recommence mon approche du cheval et de la situation», avance-t-elle.

Elle possède, dans ses nombreux apprentissages, une formation en zoothérapie avec les chats et les chiens. Elle a pu facilement constater que travailler avec les chevaux est une tout autre chose qu’avec les animaux de compagnie. «À mon avis, le cheval va chercher des émotions plus intenses qu’un animal de compagnie par moment. Il est imposant, il est noble, il est impressionnant, il évoque tellement d’images. Cet animal mythique symbolise la force, la puissance et à fois la grâce et la fragilité. J’irais jusqu’à dire qu’on va plus en profondeur en soi avec le cheval. On ne peut pas être indifférent devant lui, on ressent des émotions intenses, que ce soit une grande peur ou un grand élan de joie et d’inspiration qui survient à chaque rencontre», développe-t-elle.

«À son arrivée, une cliente semblait spécialement tendue. Le cheval a confirmé le tout par diverses réactions. Il a envoyé le message qu’il n’était pas bien dans la situation, ce qui peut se manifester en couchant les oreilles, en bougeant sa queue ou levant l’une de ses pattes arrière. Pour le cheval, il n’y a pas de demi-mesure. On ne pouvait établir davantage le contact avec lui. Il n’avait pas envie d’être avec la personne, car c’était trop désagréable pour lui. Il ne peut supporter une tension dans l’air. La personne a aussi confirmé dans quel état elle se trouvait à ce moment-là : elle a identifié que sa respiration était saccadée, qu’elle se sentait nerveuse et tendue», se remémore-t-elle.

  • Une séance avec l’approche Mieux-Être facilitée par le cheval (MFC) peut inclure l’art pour permettre l’expression du client. (Gracieuseté de Majorie Leblanc)

«Je lui ai dit : “On va reculer, on va mieux respirer tout en se détendant. La personne a accepté. Nous sommes retournées à la rencontre du cheval quelque temps après, alors que la personne respirait mieux, qu’elle avait pris le temps de se centrer. Elle est parvenue à laisser derrière elle ses préoccupations. Elle a finalement pu brosser le cheval et s’occuper de lui de manière présente. On a tout de suite vu le cheval se détendre, il a baissé la tête en guise d’acceptation, ça a été instantané», décrit la professionnelle en santé mentale chez les jeunes.

«Une jeune fille de quinze ans, dépressive depuis plusieurs mois, avait une posture effondrée, les épaules courbées et une fatigue importante. Elle était très passive. Dans ces moments, je fais faire des exercices plus actifs avec les chevaux, avec un objectif au sol. Elle devait promener le cheval en laisse. Je lui expliquais que sa posture, son énergie, son intention, sa respiration pouvaient l’aider ou lui nuire dans l’attente de son objectif de faire avancer le cheval. Après avoir compris l’impact qu’elle avait, l’adolescente est repartie avec lui, elle a augmenté la vitesse en le faisant trotter. Elle s’est redressée, regardant bien droit devant elle. Le cheval l’a suivie sans tension, détendu. La fille est entrée dans le moment présent, elle était émerveillée de constater qu’elle avait réussi à atteindre son objectif et qu’en se centrant elle avait suscité la collaboration et le respect de l’animal», raconte Mme Leblanc.

Les expériences des clients varient beaucoup, mais la surprennent toujours agréablement. Elle raconte l’histoire d’un jeune garçon qui était déterminé à créer un lien avec un grand cheval et comment il y est parvenu, tout comme une adolescente a pu connecter avec une jument qui a une personnalité fort indépendante. La professionnelle de la santé et des chevaux intègre aussi l’art et la musique dans ses séances. Elle se souvient d’un beau moment vécu avec un adolescent qui écoutait une musique calme, en contact avec le cheval par le silence et ayant ses mains sur ce dernier, tout en observant sa respiration.

Rêve d’enfant

À 7 ou 8 ans, l’aspirante-thérapeute avec chevaux avait une amie qui allait lui rendre visite en compagnie de son poney. Une zoothérapie prenait place bien avant qu’on puisse la nommer ainsi. Même sa mère relevait des changements positifs dans son comportement, dans son attitude. La jeune Majorie était fascinée par l’animal. Elle y rêva jusqu’au moment où elle a pu s’en offrir un. Elle pratiquait la psychologie auprès des jeunes quand cela est devenu réalité. «Si ça m’a aidé, pourquoi ça n’aiderait pas d’autres personnes?», pense-t-elle. En 1998, ses recherches commencent, suivies de bien des lectures, des visites d’écuries et des ateliers d’épanouissement personnel. En 2009, elle a trouvé une écurie près de chez elle, celle de Mme Maryse Thériault qui, sans ses chevaux, ses installations, son ouverture d’esprit et les soins qu’elle apporte quotidiennement à ses animaux, n’aurait pas pu permettre la concrétisation du rêve. De plus, Mme Leblanc a connu les écuries Namasté, qui a mis un cadre plus officiel à ce qu’elle avait en tête.

«C’était nécessaire d’entrer dans ce que les écuries Namasté proposaient. On ne peut s’improviser facilitateur en MFC, l’humain est trop complexe, tout comme le cheval. Non seulement il faut posséder une bonne connaissance et de l’aisance en présence des chevaux, en plus de celle qui permet d’être intervenant. Par-dessus tout, un travail sur soi-même s’impose», insiste-t-elle.

Réglementation

Depuis 2011, l’Association nationale du mieux-être facilité par le cheval (ANMFC) existe. Entre autres, elle s’assure de la sécurité physique et émotionnelle des humains et des chevaux lors de services offerts en MFC (double mieux-être) et établit les standards de qualité de la formation et de la pratique professionnelle en MFC.

Les formateurs des écuries Namasté sont des instructeurs formés avec l’approche Eponaquest (approche innovante en matière d’entraînement et de gestion des chevaux) et certifiés par le CBEIP (Certifying Board for Equine Interaction Professionals), organisme américain indépendant qui certifie la compétence des gens œuvrant avec les chevaux dans le domaine du développement personnel et de l’éducation. Dans la formation offerte par les écuries Namasté, chaque cheval a été soigneusement choisi et préparé pour son équilibre physique et émotionnel. L’harmonie et la sécurité règnent dans le troupeau.

Les facilitateurs en MFC doivent également se doter d’une assurance responsabilité : actuellement, la compagnie BFL Canada a accepté d’assurer leurs services.

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