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Le congrès

Lait frappé à saveur Robin Wright

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
02.09.2014
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  • Dans le film Le congrès, une technologie très avancée permet que l’on puisse enregistrer ses moindres mouvements et émotions à l’intérieur d’une sorte de sphère électronique. L’actrice Robin Wright est l’une des premières à vendre sa «vie d’actrice» et à entrer dans cette sphère. (EyeSteelFilm Distribution)

Dans son roman The Futurological Congress, le grand auteur de science-fiction, Stanislaw Lem (une autre de ses histoires, Solaris, a été adaptée cinématographiquement à deux reprises) présente une vision dystopique de la dictature planétaire des pharmaceutiques. Ayant écrit ce roman vers la fin des années 1960, le réalisateur Ari Folman (Valse avec Bachir) a réinventé cette lecture, une de ses favorites, sans trop déroger de l’original. Il y additionne les technologies 3D et le motion-capture qui ont le pouvoir de changer le cinéma à jamais (voire de pouvoir «boire en lait frappé ses acteurs fétiches»!). Cela donne Le congrès, version sous-titrée française de The Congress, un film magnifique et bouleversant, qui se veut aux yeux du réalisateur «des pleurs pour de l’aide, des pleurs d’une nostalgie profonde pour l’ancien temps du cinéma que nous connaissions et nous aimions».

L’industrie du cinéma ne cesse de se renouveler. Quand les manufacturiers de médicaments ayant un contrôle complet des émotions, de l’amour, de l’attente, de la jalousie et de la peur de mourir entrent dans la danse des grands studios, les limites n’existent plus. Ils ont mis au point une formule chimique permettant aux consommateurs de faire leurs propres films, de vivre leurs propres fantaisies et d’inclure la distribution de leur choix. Dans un monde où les véritables acteurs sont devenus de vieilles reliques, oubliées de tous, où vont-ils après avoir vendu leur âme et leur identité aux studios de films despotiques? L’actrice Robin Wright (Forrest Gump), jouant son propre rôle, a été l’une des pionnières de ce dernier âge de déchéance.

La scène qui se déroule dans la salle futuriste d’enregistrement des mouvements, expressions et sentiments est aussi sublime qu’inquiétante. Le jeu des acteurs est à son climax : le monologue d’Al, Harvey Keitel (Reservoir Dogs), tout comme chacune des réactions de Robin Wright qui l’accompagne. Étant dans un environnement réaliste et dans un scénario tellement juste, il y a de quoi avoir des frissons dans le dos alors que l’on comprend que tout ce qui se dégage de Wright est sauvegardé et archivé.

«Pendant que je cherchais un emplacement idéal à Los Angeles pour filmer la scène du numériseur, j’ai été troublé d’apprendre que ce genre de pièce existait déjà. Les acteurs ont été numérisés, il y a bien des années. Cette technologie est déjà bien établie. Les acteurs, en chair et en os, ne sont plus vraiment requis dans cette ère “post-Avatar”. À mon avis, c’est le marché qui décidera si la prochaine génération de films sera faite avec des acteurs numérisés», exprime Folman.

On retrouve, dans Le congrès, le dilemme «The Matrix» : voulons-nous rester dans le vrai monde et souffrir dans la triste réalité ou plonger dans un monde artificiel où tout est possible, où tout peut être vécu? Une fois rendu dans la partie du film se vivant principalement en dessin animé 2D, on sent que le scénario perd ses repères et sa solidité, ce qui peut aussi être très symbolique de l’ensemble. Des longueurs s’installent, des détours peu nécessaires sont pris, la confusion et l’incompréhensible deviennent ce qui domine le long métrage. Le film Cool World avait aussi souffert de cette lacune où il y a trop de liberté, où tout peut être dessiné.

  • L’actrice Robin Wright, sous l’effet d’une drogue puissante, traverse dans un monde de dessins animés. (EyeSteelFilm Distribution)

La performance admirablement déconcertante de Robin Wright se poursuit même dans sa transformation en dessins animés. On la sent très présente à travers sa voix et les traits qui lui sont donnés. Ils suivent ceux de la véritable actrice.

Jeff Green, joué par Danny Huston (Children of Men, 21 Grams) est aussi terrifiant en acteur qu’en 2D. Il réussit très bien à donner la sensation d’être en compagnie d’un des hommes en contrôle du monde despotique dans lequel on immerge progressivement.

Harvey Keitel, bien que peu présent, bouleverse par sa vérité en articulant à merveille ce que Folman a préparé pour lui. Par contre, pas de traitement 2D pour M. Keitel.

Kodi Smit-McPhee (Dawn of the Planet of the Apes, The Road), interprétant le fils de Robin Wright, est convaincant dans le personnage de jeune adolescent qui devient de plus en plus malade. C’est toujours un privilège de retrouver Paul Giamatti (Lady in the Water, Sideways), ici en Dr Barker.

L’idée d’Ari Folman de dériver quelque peu de l’histoire originale de Stanislaw Lem et d’incorporer un «quasi documentaire» et une actrice jouant son propre rôle est vraiment géniale, surtout dans ce contexte de science-fiction et avec la base solide de Lem.

«J’ai toujours eu cette impression que tout le monde, partout, vit dans des univers parallèles où l’on fonctionne en temps réel et dans d’autres où la pensée nous amène là où l’on veut, avec ou sans contrôle. Combiner ces deux mondes en un était pour moi le plus grand but à atteindre comme réalisateur de films», raconte Folman.

 

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