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Le Pérugin, maître de Raphaël

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman et Marlene-Aviva Grunpeter, Epoch Times
04.10.2014
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  • Vierge à l’enfant, Le Perugin. (NATIONAL GALLERY OF ART WASHINGTON)

Dans le meilleurs des cas, on se souvient de lui comme celui qui était le maître de Raphaël. Dans le pire des cas, on se souviendra d’un peintre qui peint et repeint la Vierge à l’Enfant. Le musée Jacquemart-André propose une lecture réétudiée de la peinture de Il divin Pittore - Le Pérugin pour redécouvrir ce grand peintre de la fin du quattrocento.

Considéré par ses contemporains comme l’un des plus grands peintres d’Italie, voire le plus grand, Le Pérugin (vers 1450-1523) est connu aujourd’hui plutôt comme le maître de Raphaël. L’importance de son oeuvre a été mésestimée au cours du XXe siècle.

Le musée Jacquemart-André propose de redécouvrir ce peintre, nommé par ses contemporains Il divin pittore, le peintre divin, et lui rendre une place digne de lui. Une cinquantaine d’oeuvres choisies avec rigueur par les meilleurs spécialistes de la Renaissance présentent son parcours et sa contribution capitale à l’évolution de la peinture à la fin du Quattrocento.

Le Pérugin était avant tout un peintre novateur. Il a créé un nouveau langage pictural qui a marqué l’Europe entière. En France, il aura une influence bien longtemps après sa mort. On lui doit les arrière-plans, l’invention de compositions harmonieuses aux couleurs audacieuses, une tendresse et une élégance baignées dans une lumière dorée, mais également une nouvelle prise de l’espace aussi bien qu’un aspect dramatique, portés à la perfection par son Raphaël.

  • Combat de l’Amour et de la Chasteté, Huile sur toile (1505), Le Perugin. (© MUSEE DU LOUVRE, DIST. RMN-GRAND PALAIS/ANGELE DEQUIER POUR LA GRANDE)

Les cinquante oeuvres de l’exposition permettent au visiteur de situer Le Pérugin dans l’Histoire de l’art en comparant sa peinture avec celle de ses prédécesseurs et celle de ses successeurs – entre le gothique et le classique de la Renaissance.

Le visiteur pourra par exemple comparer La Vierge à l’enfant accompagnée de six anges (1465) de Bartolomeo Caporali, oeuvre dans laquelle il trouvera une somptueuse Madone sur un fond doré selon la tradition médiévale appliquée encore dans le style de la première Renaissance de Pérouse – avec les peintures du Pérugin où l’arrière-plan doré est remplacé par un paysage détaillé, donnant ainsi une profondeur novatrice au tableau. Les éléments de décors cèdent la place à une expression intime et tendre unissant la mère et l’enfant.

Parcours

Pietro Vannucci est né entre 1445 et 1450 dans une famille riche de la petite ville de Cita della Pieve en Ombrie, non loin de Pérouse. Il est plus tard surnommé «le Pérugin» – Pérouse se dit Perugia en italien.

À cette époque, Pérouse est en pleine effervescence artistique. Le Pérugin entre en apprentissage chez un peintre de modeste renommée qui l’initie aux techniques de la fresque et du dessin.

Le Pérugin se forme initialement en étudiant les oeuvres de Piero della Francesca dont on remarque l’influence surtout dans le traitement de l’espace et des figures. Très tôt, il part à Florence pour entrer dans l’atelier d’Andrea de Verrocchio entre 1470 et 1472, où il côtoiera Léonard de Vinci et Botticelli. Il y découvre la manière flamande de peindre les paysages et les portraits naturalistes, et s’initie aux principes de la Renaissance. Ces rencontres à Florence seront décisives pour sa carrière et détermineront les techniques qu’il utilisera dès lors dans ses peintures.

  • Ange, Raphaël. (© PINACOTECA TOSIO MARTINENGO – BRESCIA)

De retour à Pérouse, il amène ce nouveau langage pictural acquis dans la capitale artistique d’Italie: la vivacité des couleurs, la maîtrise plastique du modelé du corps, l’expression des gestes et du visage. Ses vierges douces, élégantes et languissantes lui apportent la renommée. Le succès est immédiat. Il reçoit une commande, La Niche de Saint-Bernardin, datée de 1473 et destinée à décorer un oratoire. La composition à plusieurs niveaux qu’il propose avec une architecture en arrière-plan et le paysage au fond annonce un nouveau style (qu’on retrouve dans L’Annonciation de la vierge). Cette commande n’est que la première d’une série de commandes importantes et, en 1479, Le Pérugin est appelé à Rome pour coordonner les travaux de décoration de la chapelle Sixtine. Le pape Sixte IV, séduit par les figures élégantes, douces et pleines de grâce du Pérugin, souhaite avoir pour le chantier un artiste avec une vision moderne.

À Rome, il collabore avec Botticelli, Ghirlandaio et Rosselli pour orner les murs de la chapelle.

Le Pérugin y peint des épisodes de la vie de Moïse et de la vie du Christ, établissant un parallèle ainsi qu’une continuité entre le nouveau testament et l’ancien. Dans l’agitation de la créativité, les artistes exécutent une série de portraits.

La réputation du Pérugin s’étend dans toute l’Europe. Il partage sa vie et sa carrière entre Florence, Rome et l’Ombrie, sa région natale, où il puise les paysages idylliques de ses arrière-plans.

  • L’Annonciation de la Vierge, Le Perugin. (COLLECTION PARTICULIERE)

Pour répondre aux afflux de commandes, il ouvre deux ateliers, l’un à Florence et l’autre à Pérouse. En 1486, il devient citoyen d’honneur à Florence. Et en 1494, il part pour Venise où il perfectionne son art et s’approprie les codes de la peinture vénitienne et surtout de la luminosité.

En 1493, Le Pérugin épouse Chiara Fancelli, fille de l’architecte Luca Fancelli que l’historien Vasari jugeait «d’une beauté extraordinaire». Il utilisera le visage de son épouse dans certaines représentations de saintes et de la Vierge. C’est le cas dans Sainte Marie Madeleine (vers 1500).

À l’apogée de sa carrière

Le Pérugin octroie à ses personnages une sérénité et une noblesse spirituelle qui rompent avec les formes sèches et plus réalistes de ses prédécesseurs. Il introduira la beauté idéale et guidera la peinture vers le classicisme que son élève Raphaël mènera à la perfection. Sa Sainte Marie Madeleine, caractérisée par une beauté tendre et mystérieuse, exprime parfaitement le mélange de l’extraordinaire luminosité vénitienne et de la beauté classique.

C’est aussi vers cette époque qu’il réalise la magnifique version de son thème phare la Vierge à l’Enfant (vers 1500). La douceur angélique des sentiments se manifeste dans les jeux d’ombre et de lumière, dans la correspondance harmonieuse des bleus du paysage en arrière-plan, de la robe de la Vierge et de son ruban simple mais aussi à travers la posture de l’enfant: la tête détournée de l’enfant porte le regard du spectateur vers celui de la vierge, accentuant l’aspect méditatif de l’oeuvre.

OEuvres profanes

Les oeuvres profanes sont rares dans la production du Pérugin. En 1503, la marquise Isabelle d’Este lui commande un tableau allégorique: le Combat de l’Amour et de la Chasteté dont le charme tient au magnifique paysage dans lequel se déroule le combat allégorique.

Le Pérugin, maître de Raphaël?

Selon Vasari, à la fin du XVe siècle, Raphaël (1483-1520) devient l’élève du Pérugin. Raphaël maîtrisait les techniques de son maître et on trouve de nombreuses similitudes.

  • Sainte Marie Madeleine,Le Perugin. (© SOPRINTENDENZA SPECIALE PER IL PATRIMONIO STORICO ARTISTICO ED ETNOANTROPOLOGICO E PER IL POLO MUSEALE DELLA CITTA DI FIRENZE)

Mais les experts et les historiens ne sont pas d’accord sur ce point. Certains trouvent une influence tardive du Pérugin, ce qui impliquerait que Raphaël n’aurait pas fréquenté son atelier et n’aurait pas été son apprenti.

Cependant, Le Mariage de la Vierge et L’Annonciation sont des exemples flagrants de l’influence qu’exerçait Le Pérugin sur Raphaël mais aussi de l’excellence de l’élève qui dépasse son maître. Ainsi certains tableaux attribués à l’un se sont avérés exécutés par l’autre.

L’exposition est, par ailleurs, une excellente occasion pour rassembler des éléments du retable de Saint Nicolas de Tolentino prêtés par les différentes institutions qui les hébergent.

Le visiteur remarquera aussi l’influence de l’élève sur son maître dans le polyptyque de Sant’Agostino, peinture religieuse du Pérugin réalisée en deux périodes, la première de 1502 à 1512 et la seconde de 1513 à 1523.

L’exposition est un régal pour les amateurs de la Renaissance mais aussi pour tous ceux qui sont sensibles à la beauté, à l’harmonie et à la sérénité.

INFOS PRATIQUES

Le Pérugin, maître

de Raphaël

Du 12 septembre 2014 au 19 janvier 2015

Musée Jacquemart-André

158 boulevard Haussmann

75008 Paris

Tel: 01 45 62 11 59

Tarifs

Avec audioguide :

plein tarif 17 €

tarif reduit 15 €

Sans audioguide :

plein tarif 14 €

tarif reduit 12 €

Tarif réduit: enfants de 7 a 17 ans, etudiants, demandeurs d’emploi.

Gratuité: moins de 7 ans, membres et personnel de l’Institut de France, journalistes et visiteurs handicapes.

 

 

 

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