L’indépendance du système éducatif de Hong Kong remis en question

Écrit par Larry Ong, Epoch Times
15.01.2015
  • Chen Zuo-er, ancien directeur adjoint du Bureau des affaires de Hong Kong et de Macao en visite à Hong Kong le 20 juin 2014. (Pan Zai-shu/Epoch Times)

Un conseiller chinois a récemment suggéré que Pékin devrait intervenir dans le secteur éducatif de Hong Kong, ce dernier ayant selon lui favorisé le développement du mouvement pro-démocratie dit des parapluies.

Chen Zuo-er, président de l’Association chinoise des études de Hong Kong et de Macao, a déclaré lors d’un forum organisé jeudi dernier par ce groupe de pensée semi-officiel que Hong Kong doit considérer les «intérêts nationaux» du régime chinois dans la mise en œuvre des politiques d’éducation.

«Pourquoi le secteur éducatif était-il dans un tel désordre lors du mouvement Occupy Central? Comment de jeunes hommes, qui n’étaient que des bébés lors de la rétrocession, sont-ils devenus ceux qui en ligne de front brandissaient le drapeau national britannique et se sont précipités dans nos camps militaires et au gouvernement?» a interrogé Chen Zuo-er.

«De nombreuses personnes ont un manque évident de conscience nationale démocratique et civique, de buts dans la vie et de connaissances en géographie, histoire et culture», a-t-il ajouté. Ainsi, a déclaré Chen Zuo-er, la jeunesse de Hong Kong a subi un «lavage de cerveau» en rejoignant le mouvement pro-démocratie lors des près de trois mois d’occupation des rues.

Chen Zuo-er a aussi déclaré que le haut responsable à l’éducation de Hong Kong est soumis à la «supervision des autorités centrales», citant les articles 48 et 104 de la Loi fondamentale, la mini-constitution de Hong Kong. Produit de la Déclaration jointe sino-britannique de 1984, la Loi fondamentale dicte la façon dont Hong Kong, à qui un «degré d’autonomie élevé» pour les cinquante ans suivant le retour à la Chine en 1997, a été garanti, se dirigera elle-même sous le modèle «un pays, deux systèmes».

Les commentaires de Chen Zuo-er ont été rapidement critiqués par de nombreuses personnalités du système éducatif de Hong Kong.

Le législateur Ip Kin-yuen, qui représente l’Union des enseignants professionnels de Hong Kong, avance que l’éducation est un domaine hors du contrôle direct de Pékin, citant les clauses 136 et 137 de la Loi fondamentale. Ip Kin-yuen a déclaré que le secrétaire de l’éducation ne répond  qu’aux hauts dirigeants du territoire de Hong Kong et à personne d’autre.

De plus, la jeunesse de Hong Kong est devenue moins «patriotique» envers la Chine ces derniers temps, non pas à cause d’une défaillance ou d’une lacune dans le système éducatif de Hong Kong, mais à cause des changements sociaux en Chine et des informations provenant d’Internet, ajoute Ip Kin-yuen.

Cheung Yui-fa, professeur d’études libérales dans une école locale, affirme que les étudiants de Hong Kong seront davantage éloignés du gouvernement local et du régime chinois si Pékin insiste pour passer en force grâce aux classes de «lavages de cerveau» de l’éducation nationale.

Le gouvernement de Hong Kong et le régime chinois ont tenté d’instiller plus tôt le «patriotisme» dans les écoles de Hong Hong, en vain.

En 2012, des dizaines de milliers de Hongkongais sont descendus dans les rues pour protester contre la proposition d’un programme d’étude basé sur l’«éducation morale et nationale» – histoire chinoise contemporaine étroitement liée avec le nationalisme chinois et influencée par un Parti communiste prochinois. Après des semaines de manifestations, de grèves de la faim et une occupation des bureaux du gouvernement, le très impopulaire chef de l’exécutif Leung Chun-ying a fait marche arrière et donné aux écoles l’option d’adopter le programme d’étude pendant une «période test» de trois ans avant de décider s’il sera rendu obligatoire en 2015.

Le leader du mouvement étudiant Joshua Wong – le manifestant le plus célèbre du mouvement des parapluies en 2014 – a accédé à la notoriété lors des manifestations de 2012 et a fait un retour spirituel sur la proposition de Chen Zuo-er d’imposer à nouveau «l’éducation nationale» aux Hongkongais et de laisser l’autorité de Pékin exercer sur le système éducatif de la ville.

«Franchement, sans la proposition du programme d’étude ‘sur l’éducation morale et nationale’, Joshua Wong ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui», a-t-il déclaré, selon le journal Apple Daily.

«Pourquoi Chen Zuo-er veut-il inspirer plus de ‘Joshua Wong?’»

Version originale: Former Chinese Official Hints Beijing Should Control Education in Hong Kong