Lettre venue de l’enfer

Écrit par Li Zhen, Epoch Times
19.01.2015
  • Dans son nouveau livre Roar of Masanjia, Du Bin expose les atrocités commises au camp de travail de Masanjia. (Poon Zaishu/Epoch Times)

En 2012, juste avant Noël, une lettre clandestine découverte dans un accessoire d’Halloween vendu par l’enseigne K-Mart a fait irruption dans les nouvelles internationales.

Ecrite dans un anglais approximatif, mélangé avec des caractères chinois, la lettre racontait les mauvais traitements subis par les prisonniers du camp de travail de Masanjia en Chine et appelait à l’aide. Julie Keith de Portland, Oregon, qui a trouvé la lettre, l’a publiée sur sa page Facebook, déclenchant par la même occasion des débats dans les médias et au sein des organisations de défense des droits humains, sur le système de camp de travaux forcés en Chine.

Pour les experts, l’émouvante lettre était très certainement authentique – le camp de Masanjia étant connu pour les tortures qui y sont pratiquées – mais l’identité de son auteur restait un mystère.

Aujourd’hui, l’écrivain chinois Du Bin raconte dans son dernier livre, Roar of Masanjia, l’histoire de l’auteur de la lettre.

Trois jours après que Keith a découvert la lettre dans l’Oregon, son auteur contactait Du Bin. À la surprise de Du Bin, c’était un de ses amis.

En 2008, l’auteur de la lettre avait été emprisonné à Masanjia et détenu 29 mois durant, dont dix au cours desquels il a été sévèrement torturé.

Au cours des 23 mois de préparation de son livre Roar of Masanjia, Du Bin a lui aussi été illégalement détenu pendant 37 jours et placé en résidence surveillée pendant un an. Il a publié son livre en chinois au mois de décembre à Hong Kong.

Roar of Masanjia est le onzième livre de Du Bin, et le troisième consacré au camp de travail de Masanjia. En juillet 2014, il publiait Vagina Coma à Hong Kong, qui abordait la torture sexuelle des femmes détenues dans le camp. En avril 2013, sortait son film documentaire  Above the Ghosts’ Heads, à Hong Kong et à Taiwan traitant des abus commis sur les femmes à Masanjia.

Dans Roar of Masanjia, Du Bin donne la parole à l’auteur de la lettre qui parle du camp: «Tous les gouvernements sur cette planète devraient s’opposer à l’existence et au maintien d’une telle perversité dans ce monde. Si vous ne vous sentez aucunement concernés par cela, c’est que vous êtes du côté du pervers Parti communiste chinois».

Puisque le sujet du livre est un pratiquant de Falun Gong vivant à Beijing, Du Bin a choisi de l’appeler «lui/il» tout au long du livre. Chaque pratiquant de Falun Gong en Chine, risque d’être arbitrairement arrêté, et ce pratiquant en particulier, s’il est identifié, subirait très probablement de vicieuses représailles pour avoir écrit ses quelques phrases.

Après la publication de Roar of Masanjia, le journal Epoch Times a pu interviewer Du Bin. Tout comme dans le livre de Du Bin, l’auteur de la lettre est ici aussi appelé «lui/il».

  • La couverture du livre Roar of Masanjia.

Pourquoi teniez-vous à écrire le livre Roar of Masanjia?

L’histoire devait être racontée. J’ai toujours défendu la thèse suivante, que les êtres humains ne sont pas des animaux, et par conséquent je voulais montrer comment un être humain pouvait survivre dans une situation hostile, ce qui est ici le thème de mon livre.

Je lui ai dit que j’avais déjà écrit de nombreux livres exposant les abus du gouvernement. Cela lui a peut-être donné confiance en moi, et il m’a raconté son histoire. L’ensemble du processus est une parfaite surprise.

Comment vous a-t-il contacté?

Avant qu’il ne prenne contacte avec moi, j’étais déjà à la recherche de l’auteur de la lettre. J’étais très intrigué par l’arrivée de la lettre aux États-Unis.

En fait, il s’est avéré que l’auteur de la lettre était un ami. Trois jours après la parution de la lettre dans le journal The Oregonian, «il» est venu me voir et m’a demandé si j’avais vu les informations au sujet de la lettre.

Puis il a posé la question suivante: «Sais-tu qui a écrit cette lettre?». J’ai répondu: «j’aimerais bien le savoir, et je le cherche en ce moment». Et là il m’a dit: «C’est moi. J’en suis l’auteur».

C’était un tel choc, j’étais abasourdi. Même si je le connaissais depuis un ou deux ans, nous n’avions vraiment discuté que quelques fois. Je savais qu’il avait été détenu dans un camp de travail, mais nous n’en avions jamais parlé dans le détail.

Au début, j’étais sous le choc, ensuite très surpris. Nous sommes tous les deux journalistes. C’était une bénédiction. Je lui ai donc demandé: «Peux-tu me prouver que c’est bien toi qui a écrit cette lettre?» Il m’a demandé un stylo et une feuille pour écrire. «Ça ressemble à mon écriture ou pas?» C’était vraiment son écriture. J’ai connu certaines personnes à Masanjia, qui le connaissaient également. Et pour tout le monde, c’était bien lui l’auteur de la lettre.

En avril 2013, en Chine, le Lens Magazine a fait un reportage sur le camp de travail pour femmes de Masanjia et des millions de personnes l’ont lu. Elles auraient dû être révoltées, sauf que très peu savent qu’un groupe spécifique est la cible de ces abus, et que ces personnes sont des pratiquantes de Falun Gong.

Pourquoi un «groupe spécifique de personnes?»

En Chine, aucun media public n’ose mentionner que les pratiquants de Falun Gong sont la cible de ces tortures. La maison d’édition aurait des comptes à rendre, les journalistes fuiraient le journal et la licence de l’entreprise serait révoquée.

Du coup, les medias chinois ne touchent plus à l’actualité politique et se rabattent sur des sujets moins sensibles. Je lui ai dit qu’il avait fait sa part du boulot. C’était à mon tour d’agir. J’allais terminer ce qu’il avait commencé.

Pouvez-vous confirmer qu’il avait été persécuté?

Il me l’a raconté, il m’a dit qu’au camp de travail des hommes de Masanjia, ils lui ont placé un ouvre-bouche dentaire et l’y ont laissé. Par la suite, il en avait des lésions nerveuses. Il lui est arrivé d’avoir à garder l’ouvre-bouche toute une journée. J’étais choqué.

Je lui ai demandé «qu’as-tu ressenti lorsqu’ils te l’ont enlevé?» Il m’a dit qu’il ne pouvait plus refermer la bouche, il ne ressentait plus rien, sa bouche était engourdie.

Il a subi toutes les techniques de tortures que j’énumère dans le livre, comme l’écartèlement extrême, l’écartèlement avec menottes, le lit de la mort, l’alimentation forcée et la torture psychologique – qui est la pire.

Il m’a aussi parlé de «la désensibilisation des nerfs» – qui enlève toute sensation. Vous devenez alors comme un automate, comme si vous étiez un être de plastique, sans sentiment, et vous faites tout ce qu’on vous ordonne de faire sans plus réfléchir.

Sa femme lui a envoyé une lettre demandant le divorce parce qu’elle ne supportait plus la pression que la police exerçait sur elle, harcelant sans cesse les membres de sa famille depuis qu’il pratique le Falun Gong. Sa femme souffrait énormément lorsqu’il était détenu et subissait des lavages de cerveau. Il m’a dit que la première lettre qu’il avait reçue de sa femme l’avait beaucoup fait souffrir.

Tout ce qu’il possédait dans le camp, comme objets personnels se résumait à une cuillère en plastique et à la lettre.

Lorsque les policiers ont découvert la lettre sur lui au cours d’une séance de torture, ils l’ont gardée. Et quand plus tard, il l’a réclamée, le policier lui a dit l’avoir égarée, avant de lui faire comprendre qu’ils [les policiers] confisqueraient tout ce qui pourrait encourager sa résistance [à leurs tentatives de lavage de cerveau], tout ce qui pourrait s’opposer à leur persécution contre lui.

Le pire à Masanjia, et c’est vraiment particulier, est la disparition de la notion du temps – personne n’était autorisé à avoir une montre. Les policiers donnent l’ordre d’amener les prisonniers travailler et l’ordre est exécuté quelle que soit l’heure. Il n’y avait aucun moyen de savoir précisément quelle heure il était. Si les policiers n’interrompaient pas le travail, les prisonniers devaient continuer.

Dans un environnement aussi hostile, comment a-t-il pu écrire sa lettre?

Je lui ai posé la question. Je lui ai demandé combien de lettres il avait écrites. Il m’a parlé de deux autres pratiquants qui avaient  aussi écrit des lettres. Lui, avait écrit une copie des lettres qu’il a ensuite donné à un autre pratiquant discrètement. Ce pratiquant a alors fait plusieurs copies de l’original.

La cellule était éclairée 24 heures sur 24. Il m’a raconté la rédaction des lettres. Il dormait sur la couchette supérieure du lit, face au mur. Il a secrètement posé un morceau de papier sur son oreiller et a commencé à écrire. Il devait rester aux aguets en permanence, car il y avait un «Zuo Ban» (espion de la police) dans la cellule.

Entre 1 heure et 3 heures du matin, lorsque le Zuo Ban était assoupi, il en a profité pour écrire une douzaine de lettres. Deux autres pratiquants en ont aussi écrit quelques unes. En tout, ils en avaient écrit plus de 20.

Il m’a dit qu’il comprenait l’anglais. Il savait que certains produits qu’ils fabriquaient comme les citrouilles d’Halloween, finiraient en Occident. Il s’est dit que si les lettres arrivaient à être publiées et connues du public, cela mettrait un peu plus de pression sur le PCC (Parti communiste chinois), d’autant plus que la Chine accueillait les Jeux olympiques cette année-là. Les conditions au camp de travail pourraient s’améliorer par la même occasion. Donc, il a secrètement placé les lettres dans des boîtes de produits Halloween.

Quelques jours après l’ouverture des Jeux olympiques, lors d’une inspection habituelle des cellules, un policier trouve l’une des lettres cachée dans le lit d’un pratiquant. Le policier en chef, furieux, a commencé à le torturer affreusement. Le pratiquant a alors avoué avoir écrit la lettre. Les autorités craignaient que l’incident prenne des proportions énormes. Ainsi, le pratiquant a eu beaucoup de chance et s’en est quand même tiré.

À quoi pensait-il précisément à l’époque?

Il voulait avec les lettres, révéler au monde, ce qui se passait à l’intérieur du camp de travail, comment les produits d’Halloween étaient fabriqués, et comment les pratiquants de Falun Gong étaient maltraités.

Il nous a fallu 23 mois entre le moment où il a accepté mon interview et la publication du livre. Pendant ces presque deux ans, je me demandais comment j’allais écrire son histoire. Finalement je me suis dit que j’allais écrire l’histoire avant son emprisonnement à Masanjia et ensuite, celle d’après sa sortie du camp. Le récit concernant les événements à l’intérieur du camp à Masanjia reposerait sur sa narration orale.

Mais l’ensemble du processus n’était pas facile.

J’aimerais que les lecteurs saisissent à travers cette histoire, comment une personne parvient à survivre dans une situation extrêmement hostile. Il m’a dit qu’auparavant il vivait dans la peur de la mort. Il estime que c’est grâce à sa pratique du Falun Gong qu’il a pu survivre.

Je lui ai demandé: «Qu’est ce qui, dans ta pratique, t’a donné la force de vivre?» Il a répondu: «Si vous êtes capable de lâcher prise face à la vie et à la mort, vous êtes comme une divinité ; sinon, vous êtes comme un être humain».

Cette phrase, m’a-t-il confié, l’avait beaucoup inspiré. Il affirme que ce n’était pas si difficile de lâcher prise envers la vie et la mort. Sur les 29 mois qu’il a passés en détention dans le camp de travail, il a subi les pires sévices à Masanjia. Je donne beaucoup de détails dans le livre sur la perversité qui sévit dans ce camp de travail chinois. Je sais que les lecteurs seront abasourdis en le lisant.

Qu’est-ce qui l’a le plus marqué lors de sa détention dans le camp?

Le gavage, ou l’alimentation forcée. En quoi cela consistait-il? Lorsque le personnel du camp a échoué à lui imposer le gavage forcé, deux infirmières spécialisées de l’hôpital de Masanjia sont venues en renfort. Le personnel policier du camp devait apprendre d’elles.

Les deux infirmières avaient un bol de bouillie de farine de maïs et lui ont ouvert la bouche avec un ouvre-bouche. Ensuite elles y ont versé la bouillie avec une cuillère. Qu’en est-il de l’alimentation forcée? Ils vous pincent le nez, et lorsque vous inspirez de l’air pour respirer, vous avalez la nourriture.

Il m’a raconté qu’il s’est tout simplement retenu d’inspirer de l’air, il avait déjà été nourri de force tellement de fois auparavant. Les infirmières ont cru qu’il était mort. Il m’a dit qu’au final, il ne pouvait plus tenir et qu’il a commencé à vomir – la bouillie s’est répandue sur les vêtements des médecins, des infirmières et des policiers. Ils lui ont alors retirer l’ouvre-bouche, de peur qu’il ne meure. Lorsqu’il a refusé à nouveau de manger, ils le lui ont remis en place. Après deux à trois heures de tentatives, ils ont finalement arrêté à cause des renvois.

Il m’a raconté qu’une fois il avait entamé une grève de la faim – je n’ai pas inclus ce récit dans le livre. Il m’a posé la question: «Sais-tu à quel point c’est douloureux d’être en grève de la faim?». À un certain moment de sa grève, il avait tellement faim, qu’il aurait pu manger n’importe quoi – des briques ou du dentifrice.

Pourquoi continuez-vous à écrire sur le Falun Gong?

Je sais que des sujets comme le massacre de la place Tiananmen et le Falun Gong sont très sensibles en Chine, même les medias étrangers les fuient. Pourquoi, moi, bien que vivant en Chine, je n’ai pas peur d’en parler? Il y a deux raisons. Tout d’abord, en tant qu’être humain, je veux comprendre comment une personne parvient à survivre dans une situation hostile, et le processus psychologique qu’il expérimente alors. Deuxièmement, puisque nous ne sommes ni des animaux, ni des bêtes sauvages, je ne peux me résoudre à accepter que des traitements inhumains soient infligés à d’autres êtres humains.

Je me souviens d’une fois où j’étais au centre de détention et j’étais interrogé au sujet du Falun Gong et du traitement fait aux femmes dans le camp de travail pour femmes de Masanjia. Je ne ressentais aucune peur. Quand j’y repense, cela me révolte toujours. Je leur avais dit: «Nous sommes des êtres humains, et en tant qu’êtres humains, ils ne doivent pas être traités comme des animaux. Donc, je vais écrire sur ça.» J’ai pensé: «Si vous voulez me jeter en prison, faites-le et cessez de gaspiller votre temps à me parler». Finalement, ils ont cessé de me parler.

Je sais que le camp de travail pour femmes de Masanjia sert à torturer les pratiquants de Falun Gong. Et pour ces personnes, ce lieu est un enfer. Sur Internet, des informations affirment que le lieu est sous le contrôle de la commission juridique et politique pour la rééducation des pratiquants de Falun Gong. Ce qui se passe ici est le résultat du pouvoir, cette persécution est faite avec l’accord du régime chinois. J’ai écrit un livre à ce sujet. Ce ne sont pas des inepties. Personne ne tient ces fonctionnaires de police pour responsables – le régime chinois leur a demandé de le faire.

L’Union soviétique avait son goulag. La Chine, elle, a Masanjia.

La persécution s’est-elle arrêtée?

Le camp de travail où a séjourné le résistant, auteur des lettres a été maquillé en camp de prisonniers et le camp de travail pour femmes de Masanjia a été rebaptisé «centre de désintoxication». Je suis catégorique sur ces points-là.

Du coup, comment peut-on dire que la persécution est finie? Elle continue. Mais elle est devenue moins visible. Les autorités chinoises ont été prises au dépourvu quand les médias chinois locaux ont publié leurs reportages sur Masanjia. De ce que j’ai appris, le camp de Masanjia est un endroit très typique où les pratiquants de Falun Gong sont persécutés.

Que pensez-vous des pratiquants de Falun Gong?

J’en ai rencontré certains qui avaient été gravement persécutés. Lorsqu’ils me racontaient leurs histoires, ils restaient très calmes, comme s’ils racontaient l’histoire d’autres personnes. Cela m’a vraiment impressionné. Après avoir été torturés et humiliés dans un environnement aussi horrible, être capables ensuite de partager leurs histoires si paisiblement, cela m’a marqué.

Les pratiquants de Falun Gong suivent les principes de vérité, compassion et tolérance. Percevez-vous ces principes quand vous êtes en contact avec eux?

Oui, je l’ai vu, sans aucun doute. J’ai été en contact avec environ 20 pratiquants de Falun Gong. Je les ai trouvé honnêtes, bienveillants, patients et tolérants. Leurs expériences, leurs histoires et la personne qui a écrit la lettre, m’ont fait ressentir cette énergie d’authenticité, de compassion et de tolérance. Je pouvais vraiment l’éprouver dans les détails de leurs histoires. Si quelqu’un ne comprend pas ce que sont les principes de vérité, compassion et tolérance, il devrait commencer à pratiquer le Falun Gong. Et alors, il comprendrait.

Racontez-nous votre propre expérience de la détention?

Le 8 juillet 2013, je venais d’être libéré sous caution, du centre de détention du District Fengtai, à Pékin, j’avais énormément appris. Tout d’abord, je venais de voir des mes propres yeux ce qui se passait à l’intérieur [là où les détenus sont emprisonnés]. Deuxièmement, après ma sortie, je me sentais toujours en sécurité, un sentiment nouveau pour moi. Je savais ce que je faisais.

Après 33 jours, j’étais convoqué au parquet, et un responsable d’une des équipes de la sécurité intérieure de Fengtai est venu me voir accompagné d’un haut responsable. Le responsable de la sécurité m’a demandé: «Du, sais-tu pourquoi tu es ici?» Je lui ai répondu: «Pourquoi?» Il m’a alors dit: «Un haut responsable veut savoir pourquoi une personne qui a ses meilleures années devant lui, s’entête à pointer du doigt les méfaits du régime chinois».

Ça m’a fait rire – les méfaits en question ne représentaient rien pour le régime chinois; c’était plus traumatisant pour le peuple chinois. Le responsable de la sécurité m’a dit qu’il ne pouvait pas dévoiler le rang du haut fonctionnaire en question.

Pourquoi ai-je écris l’histoire de ma détention sur la couverture arrière du livre? J’avais un objectif simple. Après ma libération sous caution, je n’ai reçu aucun document juridique, alors je me suis promis de tout écrire puisque je suis écrivain. Je voudrais utiliser les mots pour exprimer mes pensées et ma colère.

Le peuple chinois a tellement souffert. Un journaliste du New York Times disait un jour à un de mes amis «Lis les livres de Du. Ils contiennent tant d’histoires horribles. Et pourtant, Du s’efforce de faire bonne figure et garde le sourire».

On ne peut pas rester insensible devant la souffrance.

Moi aussi, j’ai été grièvement blessé. Même si je ne subis pas ces souffrances, je peux en ressentir la douleur. À part écrire, que puis-je faire d’autre? Parfois, j’ai envie d’abandonner, de laisser tomber un travail aussi pénible. Mais je me ressaisis tout de suite!

Chacun doit faire son devoir. C’est sûrement dû à mon tempérament aussi – ma vie est liée à la souffrance, parce que je dois combattre l’injustice.

Version originale: The story behind a letter from hell