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Le destin maritime de la Charente

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
21.01.2015
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  • Réplique de la frégate qui permit en 1780 à La Fayette de rejoindre les insurgés américains en lutte pour leur indépendance face à l’Angleterre. (Charles Mahaux)

Le destin maritime de la Charente. Intimement liée à l’histoire de la France, la Charente est aussi le berceau d’une civilisation fluviale, celle des gabares qui ont acheminé toutes les richesses du terroir vers la mer. Des villes glorieuses la bordent, d’Angoulême à Cognac, de Saintes à Rochefort. Verte entaille dans un paysage de vignobles et de prestigieuses maisons de négoce, de manoirs et d’abbayes, le fleuve est sans aucun doute le plus beau fil conducteur pour découvrir la région.

La star de l’été 2014 en Charente, c’était sans conteste la réplique de la frégate qui permit en 1780 à La Fayette de rejoindre les insurgés américains en lutte pour leur indépendance face à l’Angleterre. Il faut dire que c’est un rêve un peu fou qui anime depuis 1992 une équipe de passionnés qui est parvenue à dépasser toutes les difficultés pour réaliser ce défi : reconstruire à l’identique – sous les yeux du public autorisé à visiter le chantier sous la houlette d’un guide – ce grand navire en bois qui, en été 2015, entreprendra la traversée de l’Atlantique, toutes voiles dehors, pour rejoindre Boston sur les traces de La Fayette.

Hermione, la frégate de la liberté

Tout a commencé à Rochefort-sur-Mer, cette petite ville encore connue pour avoir servi de décor à la comédie musicale de Jacques Deny, Les Demoiselles de Rochefort. Erik Orsenna, entouré de passionnés, met sur pied l’Association Hermione-La Fayette qui n’a eu de cesse d’œuvrer pour que le projet devienne réalité. Aujourd’hui, après 17 ans de travaux, on en est aux derniers réglages sur un morceau d’histoire ressuscité : un puzzle de 400 000 pièces devant lequel se sont extasiés des milliers de visiteurs qui ont permis de financer partiellement ce chantier pharaonique : une coque de 45 m de long, 12 m de large, 3 mâts, 2000 m2 de voilures, 28 km de cordages dans 1000 poulies. En avril 2015, ce sera le grand départ pour un périple historique de quatre mois qui s’achèvera à Boston, là où débarqua La Fayette pour apporter son soutien à George Washington.

Rochefort est née une première fois au XVIIe siècle grâce à l’impulsion de Colbert qui a choisi ce village de pêche installé à plusieurs kilomètres des côtes, à l’abri dans une boucle de la Charente, pour y bâtir un arsenal afin de construire, d’armer et de réparer une flotte de guerre capable de concurrencer la Royal Navy. La pièce maîtresse est la corderie royale de 373 m, le plus long bâtiment d’Europe produisant des cordages d’une longueur exceptionnelle. De profondes fosses sont creusées pour y recevoir les bateaux. Aux alentours s’élèvent tous les bâtiments nécessaires à l’équipement d’une flotte : voilerie, tonnellerie, menuiserie, fonderie, forge, magasins, hôpital, rampes de lancement, poudrières, etc.

La Seconde Guerre mondiale a complètement détruit le site, mais la Corderie Royale a été reconstruite en 1976, première étape d’une renaissance pour la ville qui s’invente un nouvel avenir en l’appuyant sur un patrimoine unique au monde. La cité regorge de trésors inattendus : un alignement d’harmonieuses maisons de pierres ornées de jolis balcons le long de rues tracées au cordeau, la somptueuse maison de Pierre Loti aussi originale que l’était son propriétaire, l’ancienne école de médecine navale, le premier établissement du genre qui plonge dans la médecine du XVIIIe siècle, l’émouvant musée des commerces d’autrefois établi dans l’entrepôt d’une quincaillerie et dédié aux petites boutiques du début du XXe siècle, la serre conservatoire du bégonia, 1000 m2 consacrés en grande partie à cette nouvelle plante ramenée des Antilles par l’intendant Bégon et le père Charles Plumier, botaniste, qui la nomma ainsi en l’honneur de son ami.

  • L’arc de Germanicus, une imposante porte monumentale dédiée à l’empereur Tibère (Charles Mahaux)

Saintes, ville d’art et d’histoire

Quand on remonte la Charente limoneuse aux alentours de son estuaire, il faut attendre Saint-Savinien pour y trouver le point de rencontre des eaux salées de la mer avec les eaux douces du fleuve, au rythme du flux et du reflux des marées. Cependant, c’est un peu plus haut, à Saintes, que commence vraiment la plongée dans l’histoire de cette splendide vallée. Née sur les rives de la Charente sous l’impulsion des Romains qui en font la capitale de l’Aquitaine, la cité offre un patrimoine archéologique et architectural à couper le souffle. L’arc de Germanicus, une imposante porte monumentale dédiée à l’empereur Tibère, se dresse sur la berge du fleuve, ouvrant le chemin vers un joyau de l’art roman, l’abbaye aux Dames, un des édifices majeurs de la Saintonge avec son clocher carré recouvert d’une coupole en forme de pomme de pin, avec de délicates voussures finement ciselées sur son portail, une exubérance qui se répète sur les chapiteaux ornés de figures décoratives. La civilisation romaine a laissé un autre vestige prestigieux avec un amphithéâtre gallo-romain qui pouvait accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs pour applaudir les spectacles les plus sanglants des stars de la gladiature. Aujourd’hui, le site adossé à un vallon naturel et recouvert de pelouses entretenues là où les gradins ont disparu dégage une ambiance toute romantique en harmonie avec les spectacles qui perpétuent la tradition des lieux.

  • Amphithéâtre gallo-romain qui pouvait accueillir jusqu’à 15 000 spectateurs pour applaudir les spectacles les plus sanglants des stars de la gladiature. (Charles Mahaux)

La vieille ville médiévale qui s’est tissée autour de la cathédrale Saint-Pierre dont le portail se lit comme des pages de sculpture est le pouls de la cité. Tout un quartier piéton aux rues pavées s’anime autour d’un marché très coloré et appétissant. La promenade serpente au fil des venelles et des placettes entre des maisons bourgeoises et des hôtels particuliers qui racontent ce que fut la prospérité marchande de la cité. Il faut gravir les degrés des ruelles étroites, puis grimper entre les jardins suspendus et les maisons de pierres pour atteindre la terrasse de l’ancien hôpital d’où le regard embrasse toute la ville alanguie au bord de la Charente : une mer de tuiles roses, de multiples clochers, un habitat cossu et le fleuve paisible qui baigne des berges accueillantes.

Cognac, une ville, un nectar

S’il est exact que la ville doit à la célèbre eau-de-vie sa notoriété de par le monde, il ne faut pas oublier qu’elle doit sa richesse à une histoire qui dépasse le cadre du cognac. Une longue tradition marchande liée au fleuve qui la borde a conditionné toute sa prospérité. Dès le Xe siècle déjà, le commerce du sel que les hommes remontaient sur des gabares, bateaux à fond plat, depuis les marais salants de l’Atlantique est une première étape avant que ne se développe le commerce du vin de Charente, des délicats pineaux et du précieux cognac jusqu’à la mer où les barriques étaient embarquées vers les pays nordiques. Cognac, tout comme Jarnac et Angoulême, était un grand port saunier. La corporation des gabariers comptait quelque 400 membres en 1776 et le bassin de la Charente connaissait alors une prospérité exceptionnelle. Toutefois, la concurrence du chemin de fer va précipiter la batellerie charentaise vers le marasme. En 1926, la Charente est même déclassée des voies navigables et il faudra attendre l’arrivée des navigateurs de plaisance dans les années 1970 pour que le fleuve retrouve peu à peu sa superbe d’antan.

Si Jarnac a donné un président à la France, Cognac, elle, a donné un roi, François 1er, dont le souvenir est omniprésent : un château au bord du fleuve, des médaillons sculptés en maints endroits sous la forme emblématique de la salamandre, une impressionnante statue équestre au cœur d’une place qui porte son nom. Cependant, Cognac demeure bien sûr la ville de «l’or brun». On raconte que l’évaporation du cognac, cette fameuse part des anges, représenterait chaque année l’équivalent de 20 millions de bouteilles… De quoi rêver en visitant l’un ou l’autre chai de cognac dont les plus connus sont installés sur les quais de la Charente. Dans ce périmètre, à l’intérieur de l’une ou l’autre distillerie qui préservent toutes jalousement les mystères de leur savoir-faire, les pages les plus passionnantes de l’histoire de la ville ont été écrites. Une visite captivante et enivrante…

Infos pratiques

Informations touristiques : auprès de www.poitou-charentes.fr/ ou encore http://fr.franceguide.com

Croisières au fil de la Charente : C’est sans aucun doute la manière la plus séduisante de découvrir le fleuve et le terroir qui le borde. La compagnie Les Canalous [www.canalous-plaisance.fr], du nom des anciens bateliers du canal, est une des plus anciennes compagnies de plaisance en France à offrir ses services. Hissée aujourd’hui au premier rang des loueurs-constructeurs français, elle propose aussi des destinations dans d’autres pays européens. À découvrir sur [www.fpp.travel]. Basée dans le port de Cognac, la compagnie propose des parcours vers Angoulême ou vers Saint-Savinien, au choix des vacanciers.

Coût d’une croisière : Il est toujours abordable quand il se divise par 4 ou par 6, d’autant plus que le voyage est plus confortable si l’équipage est plus important pour partager les manœuvres. Par ailleurs, choisir de faire son marché et de cuisiner soi-même les produits du cru évite de coûteux frais de restauration. Enfin, sachez qu’on peut amarrer partout le long du canal pour zéro euro, au cœur de la nature ou au pied de villages. Il suffit simplement de bien gérer le ravitaillement en eau et en électricité en choisissant des points gratuits ou peu onéreux signalés dans le livre de bord. Pour un supplément modique, des VTT peuvent être mis à votre disposition, ils s’avèrent pratiques quand il faut partir à la recherche d’une boulangerie pour assurer le petit-déjeuner ou tout simplement pour rayonner autour du lieu d’amarrage.

Le domaine Brard-Blanchard : Si la ville même de Cognac est le paradis du précieux breuvage avec plusieurs noms prestigieux qui organisent des visites guidées groupées de leurs chais, la campagne cognaçaise compte d’autres vignobles plus discrets, mais non moins intéressants. À découvrir absolument sur les coteaux sud de la Charente l’exploitation biologique de la famille Brard-Blanchard [www.brard-blanchard.fr] qui a choisi de surcroît la vendange manuelle. En bavardant avec le producteur, on apprend sur le vin de Charente, le pineau et le cognac en dégustant les produits proposés sous un très bon rapport qualité-prix.

Se loger : Si, par contre, vous choisissez la route, à recommander une étape au cœur de la ville bourgeoise de Rochefort, à deux pas de la place Colbert, à l’hôtel Roca Fortis [www.hotel-rochefort.fr] et dans le quartier piéton médiéval de Saintes l’hôtel Les Messageries [www.hotel-des-messageries.com].

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.