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Mr Turner, une réflexion sur la vie du peintre de la lumière

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
21.01.2015
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  • Timothy Spall dans Mr Turner. (Simon Mein/Sony Pictures Classics)

Mr Turner est un film «anti-biographique» sur la vie du grand peintre anglais Joseph Mallord William Turner (1775-1851), membre de la Royal Academy et précurseur de l’impressionnisme, surnommé «le peintre de la lumière».

Mike Leigh, Palme d’or pour Secrets et mensonges (1996), a fait de Mr Turner plus qu’une biographie, une réflexion impressionniste sur les 25 dernières années de l’une des figures majeures de la peinture en Angleterre.

L’art comme une nécessité physique

Dans un récit fragmenté, Mike Leigh nous dépeint l’image d’un homme quasi autiste, pour qui la peinture est une nécessité physique, une urgence, un instinct au même titre que la nourriture et le sexe.

Timothy Spall joue à merveille le peintre laid, presque monstrueux qui n’arrête pas de grimacer et de grommeler tel un animal féroce que nul ne peut dompter. Ce rôle a valu à l’acteur un prix d’interprétation au festival de Cannes.

Elevé par son père – sa mère est absente et finit ses jours dans un asile psychiatrique suite à la mort de sa jeune sœur, Turner se renferme. Il devient insensible à ceux qui l’entourent, à leur souffrance et à leur amour.

Deux personnes inspirent pourtant des sentiments chez le peintre, son père et Mrs Booth, une veuve qu’il rencontrera vers la fin de sa vie.

Le père, un ancien barbier installé à Covent Garden encourage son fils à faire des études. Il expose les dessins de son fils de 12 ans dans la vitrine de sa boutique depuis. C’est le père aussi qui va chercher les pigments flamboyants pour son fils – jaune, bleu outremer ou huile de pavot – très chers car provenant des quatre coins du globe. C’est encore lui qui prépare les toiles et les fixe au cadre. C’est la seule vraie relation qu’aura le peintre avant de rencontrer Mrs Booth.

Cependant nombreux et surtout nombreuses sont ceux qui voient derrière l’apparence trompeuse de cette «gargouille» comme dit le peintre lui-même  – «Quand je me regarde dans la glace, j’ai l’impression de voir une gargouille», une âme douce et tendre et «les sentiments les plus nobles» comme le lui confirme Mrs Booth. Des sentiments qui pourront expliquer la lumière radiante de ses tableaux, les paysages somptueux ou ravagés par la tempête, le ciel miséricordieux ou tourmenté.

En effet, Mike Leigh nous montre quelques rares moments de grâce de cet ogre, comme la scène dans laquelle le peintre chante d’une voix cassée et touchante une chanson d’amour d’Henry Purcell : «Souviens-toi de moi. Oublie mon destin.»

Le cinéaste s’attarde sur l’esclavagisme, sur la souffrance des esclaves, raconté par plusieurs personnages, un sujet qui semble avoir touché profondément Turner et auquel il a consacré le tableau Le Bateau Négrier (1840).

Ce même sens de la justice lui fera refuser la proposition d’un millionnaire d’acheter ses œuvres pour une somme colossale. Turner a préféré léguer ses tableaux au musée national, là où l’art est accessible à tous.

  • Timothy Spall dans Mr Turner. (Simon Mein/Sony Pictures Classics)

Les coulisses de l’art

Mr Turner est aussi un film sur le métier de l’artiste, sur sa passion qui le conditionne, les lieux, les événements, les lumières qui l’inspirent, mais aussi sur l’aspect plus pratique du métier, comme le choix des couleurs, la préparation des canevas, les intrigues avant pendant et après les accrochages, les amitiés, les rivalités, le jargon, les blagues, les colères, les peintres consacrés et les peintres marginaux, les rencontres, les dîners, les mécènes. Voilà comment Mike Leigh construit ce monde avec de petites touches de vérité, de vraisemblances et d’imagination.

Dick Pope, le chef opérateur qui travaille avec Leigh depuis Secret et mensonges reconstitue la palette du peintre, le jaune ambré, les nuances des bleus, les lieux que le peintre a fréquentés, les paysages stupéfiants au lever du soleil, les champs verdoyants, les immenses falaises menaçantes, les ports bourdonnants, les marchés tumultueux, la mer et encore la mer, paisible ou troublante, ensoleillée ou sous la neige, comme dans cette scène ou le peintre est accroché au mat d’un bateau pour voir du plus près et sentir au plus vif la tempête de neige. Il peindra ensuite Tempête de neige en mer (1842).

Mr Turner est un hommage au peintre, un magnifique tableau de l’Angleterre du XXe siècle.

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