Aux oubliettes, le «French Bashing»!

Écrit par David Vives, Epoch Times
26.01.2015
  • Capture d'écran de la chaine de télévision Fox news lors de son reportage sur les «no go zones» à Paris le 12 janvier 2015.(FoxNews)

Chacun son style pour vendre les qualités françaises: il y a quelque mois, Arnaud Montebourg, en marinière bleue et blanche, vantait le «Made in France» un mixer dans la main. Changement de gouvernement, changement de ton. Actuellement, Manuel Valls parcourt l’Europe avec son «Je suis pour l’entreprise», soigneusement décliné dans les langues des pays visités. Le «French celebrating», voilà le crédo, nous assure le Premier ministre.

Plus qu’un nouvel emballage pour le même produit, cette formule vient également en réponse au «French Bashing», une tradition dont les anglo-saxons ne boudent jamais leur plaisir: se moquer du petit Français et de sa baguette. Cela fait vendre, à en considérer les nombreuses Unes de revues internationales dont The Economist, dépeignant un François Hollande en difficulté dans un pays pour le moins haut en couleurs – baguettes, coq, béret, Marianne, rien ne nous est épargné.

En matière de «bashing» - qu’on ne saurait associer à une critique construite et raisonnée, le peuple Français est donc un terreau fertile pour les médias étrangers, pour qui nous apparaissons souvent déclinistes et anti-réformistes, refusant de travailler plus de 35 heures par semaines, parés d’un pessimisme à toute épreuve, etc. Pourtant, les indices relevés ne dépeignent pas toujours la réalité dans son ensemble, et occultent parfois par erreur, parfois par volonté politique, les beaux atouts de notre pays.

Le «French bashing», de l’amusant au diffamatoire

«On voit des jeunes porter des T-shirts ‘Oussama Ben Laden’. Al Qaïda va là-bas pour recruter en plein jour, c’est un fait accepté par la population». Ce n’est pas de Kaboul dont parle le journaliste de Fox News, mais bien de Paris et de ses «zones de non droit» apparemment régis par la charia islamiste. «C’est plutôt effrayant, je suis allé en Afghanistan, au Cachemire. Ces «banlieues» m’y font penser» continue le journaliste, sourire pincé. Anne Hidalgo a décidé d’attaquer en justice le média pour diffamation. Les experts doutent d’une possibilité de condamnation pour la chaîne américaine.

Journalisme de seconde zone? Plutôt l’écho d’une vielle passion outre-Atlantique, où il fut un temps où l’on remplaçait le nom des frites -«French fries» en «Liberty Fries», apparemment pour railler le «non» Français à la guerre en Irak. Dans ce cas, le cliché sert d’alibi à des raisons politiques. On peut aussi trouver d’autres raisons.

En 2005, lors de l’embrasement des banlieues, les médias internationaux découvraient en même temps que le reste du monde une France agitée par des rixes et des troubles sociaux. Des termes tels qu’ «échec d’intégration» circulaient alors, et la rigueur des investigations révélait également le degré de sérieux des différentes presses étrangères. Si nos voisins italiens ou finlandais portaient un regard parfois sociologique, les médias américains gardaient globalement une approche moins subtile. Le New York Times et le Washington Post dressaient un tableau noir des banlieues.

Pour autant, notre ville n’égale pas les métropoles américaines en termes de criminalité: en 2011, on compte 42 homicides dans notre capitale, contre 515 à New York – trois fois plus à l’échelle de la population, et à statistique équivalente, un Français a 50 fois moins de chances d’être tué par une arme à feu qu’un Américain. À l’origine du French Bashing, on retrouve souvent une compréhension partielle, plus ou moins volontairement tronquée.

«Retrouver le devant de la scène, avec l’Europe»

Comme le notent certains observateurs, le véritable objectif n’est pas de faire taire les menteurs ou de vouloir l’emporter, force d’argument. La France bénéficie de nombreux atouts: une démographie deux fois plus dynamique que la moyenne européenne d’après un récent rapport de l’INSEE, un bassin industriel très développé, des grandes écoles dont les talents sont prisés à l’étranger, un savoir-faire reconnu, une présence internationale renforcée avec la Conférence Climat prévue en fin d’année.

Le discours porté par Manuel Valls, actuellement en tournée à l’étranger, se concentre sur une vision optimiste de l’entreprise. «Il ne s'agit pas de nier certaines contraintes mais de mettre en avant nos atouts, nos talents. Il faut mettre l'accent sur nos points forts. Il y a peu de domaines dans lesquels nous avons à rougir de la comparaison», soutient Muriel Pénicaud, présidente de l’AFII (Agence française pour les investissements internationaux). Dans un sondage TNS Sofres-AFII publié en septembre, il apparaît que 65% des investisseurs étrangers estiment la France attractive, et 33% envisagent de renforcer leur présence dans l’hexagone dans le futur.

De nombreux défis restent à relever pour retrouver une compétitivité à la hauteur de tels atouts. Trouver une nouvelle dynamique en s’affranchissant des contradictions fiscales, voilà une direction qui pourrait être celle qu’espèrent de nombreux chefs d’entreprises dans notre pays. «Notre ennemi n'est autre que nous-mêmes et notre but consiste à retrouver le devant de la scène, avec l'Europe», devise Maurice Lévy, PDG de Publicis, dans une tribune accordée au Figaro. D’après lui, le French Bashing pourrait avoir un mérite, celui de provoquer un «électrochoc», un «sursaut qui définira clairement un cap».