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Cours sans te retourner: l’histoire incroyable d’un enfant qui a survécu à la Shoa

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
27.01.2015
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  • Pour survivre, il doit affuter ses sens: qui va l’aider? Qui lui veut du mal? (Sophie Dulac Distribution)

Un jour, un homme appelle la radio israélienne pour demander au médecin qui se trouve à l’autre bout du fil comment soulager ses douleurs fantômes qui l’atteignent de temps en temps quand le climat change. Le médecin lui pose des questions et l’encourage à se livrer. L’homme commence alors à raconter une longue histoire. Il s’appelle Yoram Fridman, il  a perdu sa main à l’âge de 9 ans, 70 ans auparavant, en Pologne sous l’occupation nazie. Un jeune médecin refusa alors de soigner le petit garçon blessé, allongé devant lui sur la table d’opération simplement parce qu’il était juif. Heureusement, le lendemain un autre médecin arrive et l’ampute de son bras pour éviter la gangrène, lui sauvant ainsi la vie.

Yoram Fridman, qui a raconté cette histoire, est aussi l’homme qui a inspiré le livre pour enfants d’Uri Orlev Cours sans te retourner (2014, Flammarion). Le mois dernier, le film, une production franco-allemande qui porte le même nom, est sorti en salles en France.

Un enfant seul dans la forêt

Le film Cours sans te retourner est basé sur l’histoire vraie d’un jeune garçon juif polonais pendant la Deuxième Guerre mondiale, Yoram Fridman, âgé de 6 ans. Sa vie bascule avec l’occupation nazie.

Il s’appelle Srulik, il a à peine 8 ans quand il s’enfuit du Ghetto de Varsovie au moment d’une rafle en se cachant dans la charrette d’un paysan polonais. Il échappe de justesse aux coups de baïonnette des gardes qui cherchent les clandestins dans les charrettes. Le conducteur de la charrette décide de l’aider et l’amène discrètement dans la forêt où il rencontrera d’autres garçons comme lui, livrés à eux-mêmes. Dès lors la forêt sera sa maison, son refuge, son alliée. Il chasse des petites bêtes, cueille des baies, ramasse des champignons, mange des insectes et des escargots crus quand les temps sont plus rudes. En hiver, il erre d’une ferme à l’autre, parcourt des distances, traverse des champs enneigés pour trouver des petits boulots. Il vit avec les bêtes, dans les étables et les bergeries en hiver et dans les arbres de la forêt en été. Il se donne un nom polonais Jurek, mais un nom ne suffit pas toujours. Dès qu’on découvre ses origines, il s’échappe car les Polonais livrent les enfants juifs aux nazis pour une bouteille de vodka ou une pièce de monnaie.

La solidarité

Un enfant seul, dans son propre pays, se trouve soudain en territoire ennemi. Pour survivre, il doit affuter ses sens: qui va l’aider? Qui lui veut du mal? Parfois il se trompe et ne reconnaît pas le danger, mais la chance est toujours et encore avec lui. Quelqu’un lui tend la main et sa vie est sauvée, des paysans, des partisans, des forestiers. Il doit sa vie aussi à son propre courage et sa ténacité. Parfois ses amis sont imprévus, un officier nazi, qui, séduit par l’intelligence de l’enfant, renonce à sa première intention de le tuer et finit par le laisser vivre; un soldat allemand qui est à sa recherche, mais saisi par l’absurdité de la poursuite d’un petit garçon amputé, décide plutôt de l’aider à se cacher. Son père, qu’il rencontrera un jour par hasard, se sacrifiera en sortant de l’abri pour distraire l’attention des soldats allemands et pour que son fils puisse s’enfuir.

  • Pour survivre, il doit affuter ses sens: qui va l’aider? Qui lui veut du mal? (Sophie Dulac Distribution)

«Srulik, on n’a plus beaucoup de temps. N’oublie jamais ce que je m’apprête à te dire. Tu dois rester en vie! Tu m’entends? Trouve quelqu’un qui t’apprendra comment se comportent les Chrétiens, comment ils communiquent entre eux et comment ils prient… Et la chose la plus importante, Srulik: oublie ton nom. Efface-le de ta mémoire… Désormais, ton nom est Jurek Staniak. … Mais même si tu oublies tout, même ta mère et moi, tu ne dois jamais oublier que tu es juif», lui dit son père avant de le quitter.

Et Srulik obéit, il trouve la belle et pieuse Magda, la femme du partisan, surveillée par les Allemands qui lui ouvre la porte sous la tempête de neige au moment juste où il s’évanouit. «La belle femme», comme il la nomme dans le livre, lui apprend comment dissimuler ses origines et se faire passer pour un enfant polonais. Elle l’aide à se construire une nouvelle identité.

«Elle  m’a sauvé la vie, c’était un ange», raconte Yoram Fridman dans une émission pour enfants à la télévision israélienne le jour de la commémoration de la Shoa.

Un espoir dans l’obscurité

Au début, quand Fridman arrive en Israël et raconte son histoire personne ne pouvait croire aux fabuleuses aventures de Jurek Staniak et encore moins qu’un enfant puisse survivre à la Shoa. Alors pendant longtemps, il s’est tu. Il y a quelques années, Yoram Fridman a rencontré l’auteur Uri Orlev et lui a raconté son histoire, et un livre a vu le jour. Tous deux ont travaillé étroitement pour que les moindres détails soient corrects. Le livre est recommandé pour les enfants de 10 à 12 ans mais suscite une grande émotion chez les adultes.

À 79 ans, Yoram Fridman est un homme souriant et vif, avec encore quelques cheveux roux. Son allure joyeuse ne trahit pas les années de son enfance où sa vie était en péril et dépendait d’un «oui» ou d’un «non» d’un paysan polonais, d’un médecin antisémite ou d’un officier SS.

À la fin du film, le réalisateur Pepe Danquart a choisi de nous montrer le vrai Yoram Fridman avec sa famille, sa femme, ses deux enfants et ses six petits enfants.

Le film Cours sans te retourner comporte peut-être quelques faiblesses du point de vue cinématographique – un montage un peu banal ou une musique excessive. Mais il a su magnifiquement montrer que la bonté, la compassion et la solidarité peuvent exister dans n’importe quelles circonstances, que la lumière se trouve même dans l’obscurité. Bref, un film de cœur et d’espoir.  

Un message de Yoram Fridman aux spectateurs

«Tout le monde devrait aller voir ce film… Car ça s’est réellement passé comme ça… Je prie tous les jours pour que l’Histoire ne se répète pas. Je suis croyant et je trouve que les gens se détournent de leur foi, quelle qu’elle soit, pour ne plus être animés que par des considérations financières ou par leur carrière. Et c’est lorsque les gens perdent leur âme qu’ils deviennent sauvages. Cours sans te retourner n’est pas un film facile, il ne laisse pas indifférent. Mais c’est un film pour tout le monde: les jeunes et les moins jeunes, les croyants et les athées.»

 

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