Abdallah n’était pas un dictateur bienveillant

Écrit par Jack Phillips, Epoch Times
30.01.2015
  • Le roi Abdallah d’Arabie saoudite s’est éteint jeudi soir. (Cherie A. Thurlby /Wikipédia)

Le président Barack Obama, le secrétaire d’État américain John Kerry et d’autres dirigeants occidentaux ont salué le roi Abdallah d’Arabie saoudite, qui s’est éteint jeudi soir. Il était considéré aux États-Unis comme un réformateur et un pilier de la stabilité au Moyen-Orient. Le gouvernement saoudien est un vieil allié des États-Unis dans la région. L’ex-président George W. Bush et Barack Obama ont tous deux entretenu d’étroits et solides liens avec les membres de la famille royale saoudienne.

Ce n’est donc pas une surprise si Obama et Kerry n’abordent pas la situation des droits de l’homme ou de la liberté de la presse dans le royaume, décrite comme très mauvaise par diverses organisations, dont Amnesty International et Human Rights Watch.

L’Arabie saoudite est saluée pour la force stable qu’elle incarne dans la région et pour avoir pratiquement éradiqué le terrorisme au sein du pays tout en entamant des réformes en faveur des droits des femmes.

«En 1995, suite à l’AVC du roi Fahd, Abdallah est devenu de facto le dirigeant du royaume; dix ans plus tard, après le décès du roi Fahd, il devient roi. Selon les standards saoudiens, Abdallah est un réformateur progressiste, qui a offert au royaume 20 années de stabilité», explique l’institut Brookings, expert en politique étrangère.

Lors des manifestations du Printemps arabe de 2011, des factions islamistes radicales ont émergé – notamment en Syrie. Sur la BBC, Adel Darwish, commentateur du Moyen-Orient, déclarait que le monarque «a contribué à établir une alliance entre l’Égypte, le Koweït et les Émirats arabes unis» pendant cette période de troubles.

Et d’expliquer que «lorsque des mécontentements s’exprimaient dans le royaume, il consentait à une ouverture afin de les contenir. En regardant la façon dont la presse saoudienne a débattu des problèmes ces deux ou trois dernières années – personne n’aurait imaginé cela il y a cinq ans. C’était un puissant exutoire et cela montre que l’Arabie saoudite a réussi à déjouer ce soi-disant Printemps arabe».

Toutefois, Toby C. Jones, professeur agrégé d’histoire à l’université Rutgers, n’est pas du même avis.

Dans un entretien accordé à Democracy Now, il s’oppose: «L’action d’Abdallah n’est pas aussi positive ou flatteuse qu’on peut se l’imaginer». «Il a pris formellement le pouvoir en 2005, il a été fêté comme un potentiel réformateur, comme quelqu’un qui moderniserait le royaume et lui donnerait une impulsion nouvelle. Mais il s’avère qu’il a échoué à répondre à chacune de ses attentes. Il a fait un bond en arrière en incitant au sectarisme sur le sol saoudien et en soutenant les forces extrémistes au dehors».

Jones ajoute qu’après son couronnement comme prince héritier, Abdallah a écrasé et supprimé tous les contestataires du gouvernement saoudien:«Et il l’a fait avec la même brutalité que tous ses prédécesseurs. Ce n’était pas un dictateur bienveillant. C’était un dictateur».