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Harlem: réconcilier la police et la communauté

The Epoch Times
12.02.2015
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  • La révérende Georgette Morgan-Thomas, en modératrice des échanges à sa table ronde sur le thème de l’amélioration des relations entre policiers et habitants des collectivités, à Washington Heights, Manhattan, le 2 février. (Samira Bouachou/Epoch Times)

NEW YORK - Dans la voiture de police qui la conduit, la révérende Georgette Morgan-Thomas était un peu anxieuse. Elle se redressa et ajusta son chapeau fedora, s’imaginant en silence comment il faudrait réagir si subitement ils se retrouvaient face à une situation de violence.

Faire du bénévolat, accompagnée par la police à Harlem – ce que faisait Morgan-Thomas de temps en temps pendant son temps libre depuis 1997 – n’était pas de tout repos.

Elle se souvient qu’un policier lui avait raconté, comment ils avaient découvert une tête décapitée dans un immeuble de son quartier, l’œuvre du gang jamaïcain Posse.

Et pourtant, elle et une demi-douzaine de responsables locaux, la plupart des membres du clergé, essayent d’accompagner les patrouilles de la police une fois par semaine, dans l’espoir d’améliorer les relations entre les forces de l’ordre et les habitants du quartier.

C’est dans les années 1980 que les patrouilles conjointes ont commencé comme une réponse à l’épidémie de crack et à sa répression qui a provoqué une rupture entre la communauté et les agents de police à New York, explique-t-elle.

Pour le révérend John L. Scott, les patrouilles conjointes effectuées, il y a vingt ans dans le Bronx, «ont été extrêmement fructueuses». Aujourd’hui, les patrouilles conjointes ont de nouvelles missions. Cette déclaration venant d’une femme afro-américaine peut paraître étrange. Pourtant, malgré les derniers évènements qui ont attisé les tensions raciales, après les meurtres par des policiers, d’hommes noirs non armés, de nombreux membres de la communauté afro-américaine, partagent le point de vue de Morgan-Thomas.

La coopération entre la communauté et les autorités locales comme le Capitaine de Police de New York (NYPD) Michael Baker, du 30e, est un exemple rare et plein d’espoir, que de bonnes relations avec la police sont possibles.

  • Hendrick Rodriguez (G) et Kahlah Shine expriment leurs inquiétudes et font des propositions pour améliorer les relations entre la police et la collectivité, à Washington Heights, Manhattan, le 2 février.(Samira Bouachou/Epoch Times)

Renforcer les liens avec les quartiers

L’établissement de bonnes relations relève d’un effort commun. Les capitaines et d’autres officiers du 26e et 30e s’efforcent d’être présents aux événements associatifs comme les fêtes de quartier et aux petites réunions d’affaires.

Selon Morgan-Thomas, «il y a des responsables de police professionnels. Et puis il y a les commandants comme le capitaine Baker et son prédécesseur, l’inspecteur adjoint Ruel Stephenson, qui ont fait un travail phénoménal». Plus important encore, le quartier est devenu accessible.

Par exemple, lors de cet incident survenu sur la 145e rue, un homme afro-américain s’est senti interpellé et brusqué sans raison. Au lieu d’entrer en confrontation avec le policier, il a mémorisé le nom inscrit sur l’insigne de ce dernier et a ensuite téléphoné à Morgan-Thomas.

Elle raconte la suite: «J’ai appelé le capitaine un samedi et il m’a rappelé». Une réunion a été organisée pour le lundi matin et le problème a été résolu.

«S’il ignorait que nous étions en contact avec le quartier, une confrontation inutile aurait eu lieu», analyse-t-elle. Si seulement plus de quartiers entretenaient de telles relations. «Je peux comparer avec un autre quartier dont je suis aussi membre du conseil d’administration de l’association communautaire et c’est une situation très différente», déplore Morgan-Thomas. Sur le compte Twitter de Baker, on peut en effet voir le type d’échanges entre le quartier et l’association.

 

Combattre les préjugés

Il ne faut pas en conclure qu’il n’y a pas de tensions entre la collectivité et la police dans le quartier de Morgan-Thomas. «Tous les officiers qui arrivent dans la communauté n’ont pas un état d’esprit réceptif, ni ne sont prêts à notre collaboration»,

constate-t-elle. «Certains agents arrivent ici sans rien connaître de notre fonctionnement... et ils viennent avec leurs préjugés».

Selon Baker, chaque année, les policiers changent d’affectation, suite à des promotions et ils partent dans des unités spéciales dans d’autres quartiers. Du coup, il est difficile pour les habitants d’apprendre à connaître réellement leurs patrouilleurs parce qu’ils ne restent pas longtemps.

«Ces départs créent un vide», explique Baker. «Et c’est notre défi de former les nouveaux officiers». Lors des patrouilles conjointes avec les nouveaux officiers, les bénévoles comme Morgan-Thomas leur font découvrir les quartiers et leur présentent les membres de la communauté. «Nous espérons que la vision qu’ils avaient de nous change après nos rencontres», dit-elle.

Elle se souvient d’un incident. Un policier avait aperçu un jeune homme noir, debout au coin d’une rue et allait l’interroger. «L’officier s’est approché du jeune avec respect et il a obtenu une réponse tout aussi respectueuse». Pour James O’Neil, chef du Département de police de New York, la police de New York (NYPD) travaille sur la transformation des préjugés dans les quartiers des minorités.

«Prenez 20, 30, ou 50 flics et mettez-les dans une zone. Et balancez-leur que c’est une zone de criminalité élevée. À votre avis, que va-t-il leur passer par la tête», interroge O’Neill. «La peur va débouler à 1000 à l’heure. Mais ce n’est pas ce que nous voulons».

  • Une brochure du forum du 2 février 2015 explique comment améliorer les relations entre la police et les collectivités à Washington Heights. Les habitants des quartiers et les officiers de police se rencontrent pour exprimer dans un environnement respectueux leurs préoccupations réciproques. (Samira Bouachou/Epoch Times)

Des réformes politiques

Les communautés cherchent ensemble tous les moyens qui permettront d’améliorer les relations avec la police. Ce 2 février, malgré les trottoirs recouverts de glace et les trains retardés, 125 personnes, dont 50 jeunes, se sont rendues au forum sur les relations Police-communauté, organisé à Washington Heights, par Gale Brewer – président de l’arrondissement de Manhattan.

Des résidents, une poignée d’avocats et des policiers se sont rencontrés autour de petites tables rondes de 12 places et ont exprimé pacifiquement leurs frustrations et leurs idées de réforme. À chaque table, un ou deux policiers devaient écouter et répondre aux questions. Pour les résidents, les problèmes spécifiques identifiés sont: les stéréotypes, l’utilisation de la force et les changements incessants d’officiers de patrouille dans leur quartier.

Ils ont également fait des propositions plus concrètes, de caméras embarquées, de besoins d’éducation sur les droits... Lors des échanges d’idées, un habitant a salué le travail de Baker dans son quartier et a souligné la relation entre la police et la communauté comme un modèle du genre.

Lorsque Baker était arrivé au poste pour la première fois en avril 2014, les résidents étaient plutôt sceptiques, parce qu’il était blanc.

«[Maintenant] pour moi, Baker et [l’officier des affaires communautaires] ne sont plus des étrangers», se réjouie Marisol Alcantara, 42 ans. «À présent quelque part, ce type blanc est simplement Baker. Il a marché avec nous. Il y a une relation humaine qui s’est installée».

Un programme pilote

Lors du forum, la NYPD a annoncé un programme pilote qui, espère-t-elle, va reproduire les bonnes relations entre la police et la communauté. Le projet sera lancé en avril et la NYPD prévoit d’étendre le programme à tout New York, pour changer fondamentalement la dynamique des relations entre la police et la communauté.

À Washington Heights et à Inwood, les deux communautés du nord d’Harlem, le projet prévoit d’installer des agents à des endroits désignés pour patrouiller, de sorte que le même officier reste dans la même communauté tout le temps. Cette stabilité permettra aux agents d’établir des relations.

Pour nombre d’habitants de la communauté, le fait que des policiers vivaient et patrouillaient dans les secteurs de leur résidence était un problème.

Au forum, Robert Dennis, un autre résident voulait partager sa pensée: «Parfois, des groupes de jeunes s’installent dans un coin,  parlent fort et quelquefois exagèrent, mais au fond, il ne font que discuter de sport». «Il faut que les officiers apprennent à les connaître».

«Dans quelques mois, le [programme pilote] va s’étendre à tout le quartier», s’enthousiasme Kathleen O’Reilly, le chef adjoint du commandant dans le nord de Manhattan.

«Ce projet va vraiment changer le rythme de fonctionnement de la police. Actuellement les policiers ont très peu de temps pour établir des relations avec les communautés», regrette O’Neill.

Même si la NYPD est en train de peaufiner les détails, explique-t-il, plus d’agents de patrouille seront probablement chargés de répondre aux appels des urgences au lieu de travailler sur d’autres unités spécialisées qui exigeront que les agents voyagent.

O’Neil rassure: «Chaque jour, nous allons poster les mêmes officiers aux mêmes endroits afin que les habitants apprennent à les connaître et que les policiers aussi arrivent à connaître les gens de la communauté. Certes, c’est beaucoup de travail, mais je pense que c’est la formule du succès ici .»

Version originale: How One Harlem Community Is Trying to Repair Police–Community Fractures

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