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Zones humides

Pour le bon fonctionnement des milieux aquatiques

Écrit par Héloïse Roc, Epoch Times
14.02.2015
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  • La baie du Mont Saint-Michel bénéficie de la Convention de Ramsar pour la protection des zones humides depuis 1994. Une superficie de 62 000 hectares est ainsi classée. (Uwe Küchler/Wikimédia)

Chaque année, le 2 février, qui marque la Journée mondiale des zones humides, est célébré par 163 pays. Ainsi pour sensibiliser le public à la protection des zones humides, des organismes de protection de la nature rappellent le rôle majeur des étangs, des lagunes, des prairies inondables, des forêts riveraines et autres tourbières en termes de biodiversité et de lutte contre le changement climatique.

Ces zones comptent parmi les milieux naturels les plus riches et assurent une grande part de l’alimentation mondiale par la pêche, l’élevage, la chasse et l’agriculture. De plus, l’abondance des formes de vie y est étonnante: plantes, insectes, crustacés, mollusques, amphibiens, reptiles, poissons, oiseaux, mammifères s’y alimentent et s’y reproduisent en nombre.

Les zones humides agissent comme une éponge

Près du littoral, les zones humides contribuent à l’atténuation des risques dus au changement climatique en diminuant les menaces liées à l’augmentation du niveau de la mer annoncée par les scientifiques. Elles sont comme une éponge, elles absorbent les écoulements longeant les forêts riveraines et les plaines alluviales et elles restituent les eaux à la terre en période de sécheresse.

Conséquences de la disparition des zones humides

«Si un pays construit un barrage en amont d’une rivière ou draine une zone humide, la gestion de la pêche en aval devient pratiquement inutile», explique Devin Bartley, expert en ressources halieutiques à la FAO. En France en 30 ans, la moitié des zones humides a disparu en raison des activités humaines : l’aménagement des cours d’eau et la construction de barrages, la construction d’infrastructures de transport comme les routes et les voies ferrées, les équipements touristiques, les constructions de lotissements, les remblaiements dus à l’intensification agricole…

Elles sont souvent considérées comme des lieux insalubres et des réservoirs à moustiques, c’est pourquoi elles ont souvent été comblées et asséchées. Même si bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte, la disparition des zones humides entraîne une perte de qualité de certaines eaux souterraines, des crues de plus en plus violentes ainsi qu’un appauvrissement et une fragilisation de notre patrimoine naturel. «Il faut déployer des efforts pour éviter les pratiques qui détruisent la biodiversité ou minent la santé des écosystèmes agricoles comme, par exemple, l’utilisation d’insecticides à large spectre qui affectent les pollinisateurs», insiste la nouvelle publication de la FAO.

  • La Camargue est la seule zone de reproduction en Europe pour les flamants roses qui se nourrissent de minuscules crustacés qui pullulent dans ces eaux sursalées. (Wikimédia)

La défense par les écologistes de lieux comme Sivens, Notre-Dame-des-Landes, Roybon ont un point en commun: leur transformation détruirait des zones humides. Ces sites sont menacés au nom de la rentabilité et du profit économique. Ces terres possèdent de véritables réservoirs naturels et risquent d’être les victimes de ces politiques d’urbanisation et ce ne sera pas la première fois. En effet, 76 hectares de zones humides risquent d’être  détruits en pleine forêt du Chambaran sur la commune de Roybon  en Isère, et 13 de plus à Sivens. Quant à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, s’il est construit, il entraînera la destruction à la fois d’un bocage très bien préservé et d’un espace situé entièrement en zone humide.

La zone humide de Notre-Dame-des-Landes est riche de ses liens naturels et corridors biologiques entre deux grands bassins fluviaux: la Loire et la Vilaine. Les fonctionnalités écologiques de la zone sont multiples : contribution à la qualité des eaux situées en aval, fonction d’éponge, limitation des inondations… La réalisation de l’aéroport conduirait à la destruction du «château d’eau» de ce secteur.

Les zones humides dépolluent

320.000 tonnes de produits phytosanitaires sont épandues chaque année sur les terres agricoles européennes et se retrouvent par infiltration dans les nappes phréatiques. Pour lutter contre la pollution, la directive cadre européenne 2000/60/CE du 23 octobre 2000 (DCE) sur l’eau imposait aux pays membres le retour au bon état écologique des masses d’eau souterraines d’ici à 2015. Parallèlement, le plan Ecophyto 2018 vise à réduire de moitié les quantités de pesticides appliquées à l’horizon 2018. Malgré la directive et le plan issu du Grenelle de l’environnement, il existe toujours des situations en France où les aquifères ne sont pas correctement protégés par des niveaux imperméables superficiels.

Pour retrouver le bon état écologique des masses d’eau souterraines, les scientifiques d’Irstea ont prouvé l’efficacité des actions préventives comme les zones tampons humides artificielles. Grâce à l’activité microbienne du milieu, elles retiennent en moyenne jusqu’à

73% de pesticides.

  • Situé dans le delta du Rhône, le site comprend de vastes étendues de lagunes, de mares, de lacs, de marais d’eau douce et de dunes. (Fritz Geller-Grimm/ Wikimédia)

Comment fonctionne la dépollution

Le travail conjoint de la faune et de la flore permet de réduire la pollution causée par les métaux lourds, nitrates ou encore les pesticides. La dépollution dans les zones humides artificielles fonctionne comme dans celles des zones naturelles. Les molécules polluantes sont dégradées plus ou moins bien en fonction du temps de séjour dans l’eau et des caractéristiques de la zone : température, type de sédiment, hauteur de l’eau, espèces végétales présentes… La fixation des pesticides (adsorption) se fait sur les végétaux présents dans la zone humide. Ils sont ensuite dégradés par la lumière ou par l’activité microbienne du milieu. Cette même activité microbienne dégrade également les résidus d’engrais azotés (azote et oxygène) en utilisant l’oxygène disponible sur le nitrate laissant l’azote se dissiper sous forme gazeuse.

Ainsi, afin de dépolluer de l’eau en Île de France, l’IRSTEA (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture) et le CNRS ont choisi de créer des zones humides. Les résultats sont significatifs. Sur 100 pesticides présents dans l’eau à l’entrée, la réduction des concentrations a été de 50% au bout d’une semaine. Du côté des nitrates, la concentration est passée d’une moyenne de 60 et 70 mg/l à une moyenne de 20 mg/l, avec une forte variabilité suivant les saisons.

Les grandes zones humides françaises

Aujourd’hui, malgré de nombreuses recherches, aucun inventaire complet des zones humides françaises n’existe. Seuls les sites Ramsar répertorient les zones humides d’importance internationale. En 2014, la France y a répertorié 43 zones humides (en métropole et Outre-mer) d’une superficie totale de 3.554 000 ha. La plupart de ces lieux ont été créés sur des aires déjà protégées en totalité ou en partie par d’autres statuts (Parc naturel régional, réserve de chasse, sites du Conservatoire du littoral, sites Natura 2000, etc.).

Les zones humides les plus prestigieuses du territoire français – la baie du Mont-Saint-Michel, le Marais poitevin, la Camargue ou encore les rives du Lac Léman – sont des espaces merveilleux à découvrir et à protéger.

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.