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Alibaba perd 30 milliards de dollars au moment où les alliances politiques s’effritent

Écrit par Lu Chen et Matthew Robertson, Epoch Times
02.02.2015
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  • Le PDG d'Alibaba, Jack Ma, sonne la cloche au New York Stock Exchange le 19 septembre 2014. (Andrew Burton/Getty Images)

Alibaba, le conglomérat chinois œuvrant dans le commerce électronique qui a obtenu en septembre dernier le plus grand premier appel public à l’épargne (PAPE) de l’histoire des États-Unis, a subi pendant deux jours une suppression qui s’est soldée le 29 janvier en un retrait total de plus de 30 milliards de dollars US de ses capitaux sur le marché. Cette situation, survenue à la suite d’un rare désaccord public avec un régulateur chinois, est un signe que sa bonne fortune sur le plan politique pourrait avoir pris un nouveau tournant sous l’administration de Xi Jinping.

Le coup touchant le cours des actions d’Alibaba correspond à des gains pires que ceux qui avaient été anticipés; en effet, une dispute entre une des plus grandes sociétés chinoises et le régime lui-même est sans contredit rare en Chine et a été suffisant pour effrayer les investisseurs.

«Il est déconcertant pour les investisseurs d’entendre le gouvernement chinois dire à Alibaba que sa marchandise ne serait pas authentique sur son site Internet», explique Gil Luria, un analyste financier chez Wedbush Securities, dans une entrevue donnée à CNBC. «Je crois que c’est ce qui a ébranlé les investisseurs hier.»

Il faisait référence au livre blanc publié le 28 janvier par l’Administration d’État de l’industrie et du commerce (AEIC), un des régulateurs principaux pour les sociétés chinoises cotées en bourse. Le bureau a fustigé Alibaba, l’accusant de commercialiser des biens issus de la contrefaçon ainsi que d’une série d’autres violations. Alibaba a répliqué de façon indéfectible et a menacé d’engager une poursuite pour diffamation contre Lui Hongliang, le chef du département de surveillance du AEIC qui a émis l’accusation.

Liens politiques

Les connexions entre le monde des affaires et le monde politique sont omniprésentes en Chine – plus spécialement entre les sociétés d’envergure et les PAPES importants. Alibaba, dont les revenus totaux culminent à 52,5 milliards de yuans (8,46 milliards de dollars US) pour l’année se terminant en mars 2014, est la firme de commerce électronique la plus importante en Chine – on la compare souvent à un hypothétique conglomérat qui serait formé de Ebay, Amazon et PayPal combinées en une seule énorme entité.

Il est généralement reconnu que pour qu’une simple compagnie se retrouve dans cette position avantageuse en Chine, il lui faut être dans les bonnes grâces des bonnes personnes dans l’appareil du Parti.

La controverse entourant ceci bien sûr est que les associations avec les mauvaises personnes peuvent occasionner de graves problèmes.

Alors, quelles alliances avait faites Alibaba à l’intérieur du Parti communiste?

Le petit-fils de l’ancien dirigeant du Parti communiste Jiang Zemin, Alvin Jiang (Jiang Zhicheng, en mandarin) et son entreprise d’investissements privés, Boyu Capital, était à la tête d’une ronde de financement en faveur d’Alibaba en 2012, pour rapatrier la moitié des actions de Yahoo dans la compagnie, actions qui à l’époque étaient à 40 % de leur valeur.

Boyu et le consortium d’investissements duquel il faisait partie (y compris d’autres entités financières comme China Investment Corp) ont réuni plus de 7 milliards de dollars US dans cet accord pour finalement n’acquérir que 5,6 % des parts d’Alibaba, selon un reportage de Reuters sur le sujet, produit en 2014. 

À cette époque, Alibaba valait autour de 40 milliards de dollars US, tandis que son PAPE par jour culminait à 230 milliards de dollars US – un gain de près de 600 % pour ses actionnaires.

Jack Ma, le président d’Alibaba, a toujours été confiant de la solidité de ses relations avec les autorités chinoises, même s’il en minimise publiquement l’importance.

Dans un discours donné à l’Université de Columbia en 2011, il recommandait aux dirigeants de Google de «respecter le gouvernement» s’ils veulent bien se développer en Chine. Plus tard, il faisait les louanges de la détermination du Parti communiste chinois lors des mises à pied en ajoutant «j’ai étudié longtemps le fonctionnement du Parti communiste. Alors, nous apprenons et nous nous améliorons constamment».

Lors d’une entrevue donnée en 2013 au South China Morning Post, Jack Ma annonce que la décision de massacrer des étudiants autour de la place Tiananmen les 3 et 4 juin 1989 était «la décision la plus appropriée».

Mauvaise faction

Les observateurs de la politique chinoise verront des corrélations avec les problèmes expérimentés récemment par Alibaba malgré ses rapprochements de Jiang Zemin, un parrain du Parti qui, à l’aide d’un réseau d’alliés et d’hommes de main, a porté ombrage à la politique du pays pendant près d’une décennie après s’être officiellement retiré de la direction du Parti en 2002.

Depuis qu’il est à la tête du Parti communiste chinois, Xi Jinping prend pour cible les alliés de Jiang dans sa campagne anticorruption qui dure depuis deux ans.

Zhou Yongkang, ancien chef de la sécurité ayant été purgé récemment, par exemple, a longtemps été un allié de Jiang; tout comme Bo Xilai, ancien membre du Politburo et son coconspirateur dans l’acte de remplacer le statu quo procroissance par une espèce de violence néo-maoïste, qui croupit en ce moment en prison.

Xu Caihou, l’ancien vice-président de la Commission militaire centrale – un poste qui a fait de lui le deuxième responsable militaire le plus puissant du pays – était lui aussi nommé par Jiang Zemin, et sa purge a envoyé une onde de choc à travers les milieux politiques de la Chine. Pour faire un parallèle avec le système américain, c’est un peu comme si le président Obama annonçait sans plus d’explications que Robert O. Work, le secrétaire adjoint à la Défense, avait été reconnu coupable de corruption et avait été retiré de ses fonctions le même jour et qu’on n’en avait plus jamais entendu parler.

L’ampleur des liens qu’entretenaient Jack Ma et Alibaba avec le groupe politique de Jiang Zemin demeure imprécise – mais en même temps que Boyu fournissait une aide majeure pour ce qui est du financement, une filiale de Boyu, Athena China Limited, a laissé des traces sur le prospectus PAPE de la compagnie. Le document affirme que Athena China Limited, qui a été incorporée dans les îles Vierges britanniques, est contrôlée par Prosperous Wintersweet Limited, qui a également été incorporée dans les îles Vierges britanniques, et est également une filiale de Boyu Capital Fund I, L.P. – enregistrée dans les îles Cayman.     

L’enchevêtrement abstrus de sociétés-écrans imbriquées les unes dans les autres rend les choses difficiles lorsqu’on veut comprendre qui possède quoi dans Alibaba.

Ce qui est clair cependant c’est que les descendants de l’ancienne direction du Parti communiste étaient impliqués dans le jeu d’Alibaba.

Une firme d’investissements, dirigée par le fils de l’ex-premier ministre Wen Jiabao, Winston Wen, contrôlait aussi des actions d’Alibaba; tout comme le fonds souverain chinois Citic Capital et la société d’État CDB Capital, dont le vice-président à l’époque des investissements, He Jinlei, est le fils de l’ancien chef de la faction anticorruption, He Guoqiang, selon le New York Times. Ensuite, il y a eu le prêt de 1 milliard de dollars US de la China Development Bank– entreprise d’État également – à Alibaba dans le cadre de la ronde de financement de septembre 2012 dans laquelle Boyu était impliquée. Chen Yuan, le fils de l’ancien patriarche du Parti au niveau économique, Chen Yun, dirigeait la China Development Bank à cette époque.

Qu’une compagnie chinoise avec une si vaste liste d’intéressés figurant dans les rangs des anciens dirigeants chinois – représentant en grand nombre le personnel de l’ère de Jiang Zemin – se retrouve ouvertement la cible d’un régulateur chinois est une indication de la constante progression de l’étendue et de la profondeur des changements politiques qui se développent sous la gouvernance de Xi Jinping. 

Version en anglais : Alibaba Loses $30 Billion as Political Connections Turn Sour

 

 

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.