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Si près, si loin

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
02.02.2015
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  • Alexis Tsipras au milieu d’une manifestation contre la privatisation des retraites en 2007. (Panagiotis Botsis / Wikimedia)

Toutes les extrêmes gauches d’Europe ont vu dans la victoire aux législatives du parti grec Syriza l’équivalent d’un tir de coup de canon par le croiseur Aurore à Saint-Pétersbourg en novembre 1917.  Ce serait, du Sud de l’Europe, le déclenchement du signal de la conquête du pouvoir, la secousse qui doit créer, au départ de la Méditerranée, comme de la Baltique autrefois, une vague de submersion pour l’avènement d’un «nouvel ordre».

En France, Jean-Luc Mélenchon y croit tellement qu’il se dit déjà prêt pour les élections présidentielles de 2017, que les poings se dressent un peu partout dans des appels au «ralliement populaire.»  D’un extrême à l’autre sonnent les mêmes appels au grand coup de balai, contre l’austérité, contre les «castes dominantes» – les «bourgeois», passés de mode, sont laissés de côté et avantageusement remplacés par les «banquiers» et les «technocrates» européens, représentés comme l’était le juif dans les années 1930: manipulateurs de l’ombre à l’œil fuyant et aux doigts crochus. L’homme curieux pourrait se demander si Monsieur Mélenchon et Madame Le Pen se détestent tant parce qu’ils sont fondamentalement différents, ou plutôt parce qu’ils se ressemblent trop, agitent les mêmes épouvantails et proposent au peuple le même type de programme?

Il est particulièrement frappant, dans la vision bien ordonnée de la politique où l’extrême-gauche brandit le poing à un bout de la grande table politique tandis que l’extrême-droite tend la paume ouverte vers le bas à l’autre, de voir la proximité des messages et des cibles: chemise brune et brassard rouge d’un côté, chemise vert-empire et  brassard aussi rouge de l’autre. La nouvelle table politique est devenue ronde et, quoi qu’ils en disent, les deux extrêmes sont maintenant voisins.

Ce n’est certes pas sans raison que Marine Le Pen a officiellement soutenu Alexis Tsipras et le parti d’extrême-gauche Syriza lors des élections grecques. Ce n’est pas non plus un hasard qu’Alexis Tsipras ait fait alliance avec un parti conservateur et souverainiste dont le leader s’inquiétait récemment de voir les juifs grecs payer moins d’impôts que les grecs chrétiens.  Podemos, l’allié espagnol de Syriza dont la manifestation à Madrid le 31 janvier a montré la puissance montante, est un parti qui se décrit comme n’étant ni de gauche ni de droite, mais qui avec son message insistant sur la «patrie espagnole», prend à son compte un discours souverainiste traditionnellement de droite – tout en proposant des mesures de gauche.

La situation européenne en 2015 évoque plus 1933 que 1917.  Plusieurs peuples surendettés et mis sous tutelle sont humiliés, comme l’Allemagne lorsqu’elle avait été mise à genoux par le traité d’armistice de 1918.  Ces mélanges de souffrance et d’absence d’horizon créent les sursauts d’orgueil, la volonté – non plus de discuter – mais de se battre.  En 1933, les Allemands avaient cru, pour redevenir fiers d’être allemands, aux promesses du «parti ouvrier allemand national socialiste,» le parti nazi. Parallèle amusant, ce parti anticapitaliste avait comme grand cheval de bataille le rééchelonnement du paiement des réparations dues à la France – soit la «dette» allemande de l’époque. Aujourd’hui, le Front National, Syriza, Podemos et les autres proposent également, pour protéger de «l’Europe» et «des banquiers», la mise en place d’un socialisme national. Et font qu’on ne peut s’empêcher d’entendre l’écho d’anciens bruits de botte.

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.