Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Petite histoire du sel

La saline royale d’Arc-et-Senans présente les travailleurs du sel

Écrit par Edwige Ansah, Epoch Times
28.02.2015
| A-/A+
  • Récolte du sel dans le salar d’Uyuni, en Bolivie. Le salar d’Uyuni (3.700 m) couvre une surface de 12. 000 km² soit la taille de l’Île-de-France, ce qui en fait le désert de sel le plus grand et le plus élevé du monde. (Luca Galuzzi/Wikimédia)

Du 20 février au 2 novembre 2015, la saline royale d’Arc-et-Senans dans le Doubs, en région de Franche-Comté, met en vedette les travailleurs du sel du monde contemporain à travers l’exposition de photographies de deux voyageurs créateurs, Catherine Gaudin et Seydou Touré.

La maison du directeur de la saline royale lance son ode au travail du sel et plus particulièrement aux travailleurs du sel. L’exposition est enrichie de deux vagues principales, un parcours scénographié et la mise en valeur des jardins.

Du 17 avril au 2 novembre, le parcours scénographié par des toiles et des vidéos projetées dans la berne ouest, fera revivre l’ambiance de travail des hommes du sel d’aujourd’hui. Les jardins auront la part belle dès le 13 juin et seront mis à l’honneur grâce à des portraits géants de travailleurs du sel, autour du thème des «Jardins de voyageurs».

Par-delà cette exposition centrée sur le monde contemporain du sel, prenons le temps d’une petite incursion dans un monde où le sel a, un jour, été plus précieux que l’or.

Petite histoire du sel

Le sel, NaCl pour natriumchlorid ou chlorure de sodium, est un minéral indispensable à la vie. Il existe sous deux formes, le sel gemme ou forme solide, que l’on trouve essentiellement dans le sous-sol et la forme diluée présente dans l’eau de mer.

Le sel fait son apparition très tôt dans l’histoire humaine. Composant naturel de la physiologie, le sel est un élément d’équilibre vital pour maintenir un certain niveau au sein du liquide interstitiel extracellulaire dans lequel baignent les cellules –le corps étant composé de 70% d’eau. Le sel pouvait alors s’arracher à des prix dépassant celui de l’or. Aujourd’hui, la production mondiale de sel atteint les 300 millions de tonnes et l’Europe représente 27% de la production mondiale.

A la fois monnaie et salaire, le sel a été par ailleurs à l’origine d’un impôt resté célèbre dans nos mémoires, célèbre surtout pour la non-équité de son fondement. Le sel est aussi connu pour les guerres dont il était parfois le seul enjeu.

  • Travailleur du sel en Birmanie. (Patrick Giraud/Wikimédia)

A la fois monnaie, salarium et impôt

La notion d’impôt, qui remonte à l’Antiquité pour le sel, a donné naissance à celle de salarium, le salaire du légionnaire romain. En effet, sous l’Empire romain, l’exploitation et la consommation de sel étaient sources de recettes fiscales, mises en place en 204 av. J.-C., à Rome et en Italie, afin de lutter contre les tarifs abusifs pratiqués par les particuliers. Ainsi, la solde du légionnaire, ou salarium, reposait sur une marchandise permettant d’effectuer une transaction pour obtenir d’autres marchandises. Cette propriété pouvant être reconnue au sel, celui-ci a été amené à occuper cette place de valeur refuge. Divisible en petites fractions, les transactions effectuées à l’aide du sel n’étaient pas du troc, car la conversion était générale pour le sel qui devenait un «étalon» sur lequel était mesurée la valeur des autres denrées.

En dehors de l’Italie, l’Afrique aussi avait adopté ce système d’échange fondé sur le sel. Il est à noter que plus on s’éloignait de la région des salines et plus ce sel prenait de la valeur. Toutefois, à l’usage, il finissait par être déprécié par l’usure et c’est seulement à ce moment qu’il avait valeur de sel alimentaire.

Certains auteurs nous apprennent ainsi que l’or et le sel pouvaient s’échanger à valeur égale.

En Chine, c’est vers l’an

600 av. J.-C. que le contrôle aurait été mis en place pour le sel. L’administration en contrôlait l’usage et la consommation. Certains auteurs mettent en relation la distribution du sel et la création du papier-monnaie, monopole royal. Ainsi le papier-monnaie était remis par l’État à ses créanciers  qui pouvaient l’échanger contre des pièces de monnaie.

La gabelle est l’impôt qui a été mis en place par les rois de France. Deux systèmes, riches de sous-systèmes, se déclinaient. Les grandes gabelles pour le nord de la France et les petites gabelles pour le sud, plus précisément la région du Languedoc. Dans les régions de grandes gabelles circulaient deux sortes de sel, le sel de commerce de gros et le sel de commerce de détail. Le sel de commerce de gros était dédié au stockage dans les greniers et circulait par les rivières alors que le sel de commerce de détail empruntait les routes et les sentiers. Les taxes portaient sur ce second et tout un arsenal «policier» était nécessaire pour pouvoir prélever l’impôt. Toute la difficulté consistait à s’assurer que le commerce de gros, non taxé, n’alimentait pas le commerce de détail. Dans les régions de petites gabelles, les greniers royaux installés à la sortie des salines permettaient une taxation dès ce niveau et une plus grande liberté dans la circulation du sel par la suite. Entre la diversité des taxes, celle des prix, la disparité pratiquée dans les provinces, les perquisitions et les peines encourues pouvant aller du marquage aux fers à la déportation aux galères, tous les ingrédients étaient réunis pour rendre cet impôt impopulaire.

Une exposition qui met en valeur la culture autour du sel

La saline royale d’Arc-et-Senans met en avant la culture pratiquée autour du sel. Cette saline construite en Franche-Comté par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux au XVIIIe siècle, a été l’une des plus importantes d’Europe à son époque. Elle sera exploitée jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Au-delà de son architecture et de son passé, c’est aussi la valeur du sel ignigène, le sel produit par l’action du feu, selon une technique distinguée par l’UNESCO, que la saline royale met en avant en ayant recours à la création artistique contemporaine et au passé industriel.

Cette exposition est aussi le fruit du travail de deux photographes voyageurs créateurs, Catherine Gaudin et Seydou Touré, qui font depuis 25 ans de la photographie et racontent les rencontres qu’ils ont pu effectuer lors de leurs nombreux voyages. Grâce à leur passion, ils ont déjà pu partager, en France mais aussi à l’étranger, près de 60 expositions avec le public, ainsi que des festivals, du travail de plateau ou encore des reportages.

  • Saline royale d’Arc-et-Senans: le pavillon du directeur et un atelier de fabrication, construit entre 1774 et 1779. Architecte: Claude-Nicolas Ledoux. (Patrick Giraud/Wikimédia)

Cette exposition présentera

163 photographies, qui seront enrichies par des anecdotes de voyage que partageront les photographes. Les paysages et la lumière du sel y seront présentés, mais le travail des hommes ainsi que leurs gestes composeront le cœur de cette exposition.

Un projet mis en avant par la  recherche documentaire effectuée par les deux photographes, mais aussi par leur empathie à l’égard de ces hommes et de leur labeur pour extraire le sel de la Terre.

 

INFOS PRATIQUES

Saline royale

Grande rue

25610 Arc-et-Senans

www.salineroyale.com

Situation

À moins de 2h30 de Paris, Lyon ou Genève, la saline royale est à la frontière du Jura et du Doubs, au coeur d’un espace de 7 hectares et à 5 min de la forêt de Chaux, deuxième plus grande forêt naturelle de France.

S’y rendre

TGV direct depuis Paris 2h20, depuis Lausanne 1h30, TER direct depuis Lyon 2h20.

A36 sortie Gendrey/saline royale; A39 sortie Poligny.

Tarifs

Adultes 8,80 €

Jeunes de 16 à 25 ans: 6 €

Enfants de 6 à 15 ans: 4,50 €

 

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.