La Chine peut-elle interdire les textes occidentaux dans ses écoles?

Écrit par Frank Fang, Epoch Times
07.02.2015
  • Des visiteurs feuillettent des livres politiques au Salon du livre de Hong Kong le 18 juillet 2012. (Philippe Lopez/AFP/GettyImages)

Une série de remarques récemment prononcées par Yuan Guiren, ministre chinois de l’éducation, a inquiété de nombreux libres penseurs en Chine: selon le ministre, les manuels scolaires et la pensée de «l’Occident» devraient être bannis des écoles chinoises. 

«Xinhua, l’agence de presse officielle du régime chinois, a rapporté quelques-unes de ses paroles: «Il est nécessaire de mettre en place une meilleure gestion de l’utilisation des documents d’enseignement provenant de l’Occident».

«Les documents insistant sur les valeurs occidentales sont interdits dans nos classes», a affirmé Yuan Guiren alors qu’il rencontrait des représentants d’universités chinoises à Pékin.

Voici un autre de ses commentaires tranchants: «Toute attaque verbale ou diffamation envers les dirigeants du Parti, ou toute discussion diabolisant le socialisme, ne devrait jamais être entendue dans les salles de classe».

 

Il n’est pas certain que cette politique soit appliquée. Elle représenterait un immense défi, étant donné que les textes occidentaux sont déjà largement utilisés dans les universités chinoises.

Par exemple, le site web de l’Université de Pékin, l’une des plus prestigieuses de Chine, présente une liste d’ouvrages recommandés aux étudiants se préparant à passer l’examen d’entrée dans la section des relations internationales, parmi lesquels se trouvent plusieurs livres occidentaux. 

Pas plus tard qu’en 2011, le ministre de l’éducation avait lui-même approuvé des textes «occidentaux» dans un commentaire: «Pour lancer la réforme, nous devons nous ouvrir et permettre à l’éducation chinoise de sentir la pression de l’éducation à l’étranger.»

Cela se passait le 3 mars 2011, au cours d’un forum de l’éducation lors de la Conférence consultative politique du peuple chinois. En réponse aux inquiétudes selon lesquelles la pensée occidentale pourrait dépasser la Chine, Yuan Guiren avait dit: «Il n’y a aucun risque, car cela se passe dans notre pays, où se trouve le Parti communiste chinois.»

L’ironie des remarques de Yuan Guiren n’est pas passée inaperçue et a été moquée par les internautes et les observateurs politiques chinois – étant donné que le Parti communiste chinois lui-même est fondé sur les principes du marxisme-léninisme, deux philosophies clairement occidentales.

Selon Shen Kui, professeur en droit de l’Université de Pékin, a demandé dans un message en ligne que le ministre de l’éducation clarifie la différence entre «valeurs occidentales» et «valeurs chinoises» – étant donné que la constitution de la République populaire de Chine stipule que le peuple doit être éduqué selon le marxisme, l’internationalisme et le communisme – trois idéologies originaires de l’Occident.

Sur Sina Weibo, une plate-forme chinoise de médias sociaux similaire à Twitter, un avocat a constaté: «Les choses qui devraient selon le ministre Yuan être bannie renverraient le «marxisme» de Chine vers l’Europe».

 

D’autres sur Internet ont critiqué Yuan Guiren pour avoir soulevé des questions idéologiques sans importance lorsque d’autres problèmes liés au bien-être et à l’éducation en Chine semblent plus urgents, comme l’impunité des auteurs de mauvais traitements dans les écoles et le niveau de pauvreté qui ne permet pas à de nombreux enfants d’aller à l’école.

«Il n’a rien dit lorsque des professeurs ont violé des élèves. Il a gardé le silence lorsque des responsables ont violé des élèves. Il n’a pas ouvert la bouche pour les enfants qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école», a écrit un employé de la Faculté de Bangde à Shanghai sur son compte Weibo. «Maintenant, il parle. Il veut interdire les valeurs occidentales des salles de classe.»

Version originale: China Considers Banning ‘Western’ Thoughts and Textbooks