Le dénonciateur du SRAS révèle le vol d’organes par l’armée chinoise

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
17.03.2015
  • Reconstitution, à Washington D.C. en 2006, d’une scène de prélèvements d’organes forcés par le régime chinois. (Jim Watson/AFP/Getty Images)

Le médecin chinois qui a fait les manchettes internationales en 2003 lorsqu’il a révélé le camouflage de la maladie mortelle SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) par Pékin dévoile maintenant un autre secret sombre de la Chine : l’implication des hôpitaux militaires dans les prélèvements d’organes sur les prisonniers – parfois lorsque les victimes sont encore en vie.

«L’absolue vaste majorité des stocks de foies en Chine vient de prisonniers exécutés. Il n’y avait pas de loi à l’époque; nous allons exécuter ce prisonnier. Que la famille soit d’accord ou non, aussitôt que les prisonniers sont morts ils vont sur place chercher les organes», raconte Jiang Yanyong, un ex-chirurgien militaire de 80 ans, en entrevue avec la chaîne Cable TV de Hong Kong.

«On parle de quelle proportion? Les ambulances du 301e hôpital militaire, avec un groupe de chirurgiens, se rendaient sur le site de l’exécution.» Aussitôt que les prisonniers recevaient une balle, les chirurgiens se mettaient au travail, indique-t-il. Le 301e hôpital militaire est l’hôpital général de l’Armée populaire de libération à Pékin, contrôlé directement par la Commission militaire centrale.

 

Ces pratiques ont évolué et pris une direction encore plus sinistre et mercenaire lorsque les médecins ont compris que plus l’organe était frais, mieux c’était.

Pas vraiment mort

«Pour les transplantations de foie, la chose la plus importante est de diminuer le temps pendant lequel il n’y a pas de circulation dans le foie. Aussitôt qu’ils sont tués, le sang cesse de circuler. Donc, si le temps est plus long, le taux de survie de l’organe est plus bas.»

Dans un environnement où il n’y a pas de supervision institutionnelle ou de remparts éthiques, le prévisible est survenu. Sur les sites d’exécution, toutes les ambulances du 301e transportaient des chirurgiens.

«Ainsi, plus tard, les prisonniers étaient tirés de manière à ce qu’ils ne meurent pas sur le coup. Ils étaient ensuite immédiatement montés [dans les ambulances] et leurs organes étaient prélevés et mis de côté. C’était leur manière de faire.»

Les révélations de Jiang Yanyong, rendu célèbre pour avoir été le premier médecin en Chine à dévoiler aux médias étrangers l’épidémie du SRAS – qui était camouflée par les autorités – sortent de l’ordinaire pour un individu qui est encore en Chine. Elles sont présentées dans une entrevue de 15 minutes avec le diffuseur de Hong Kong et, ce qui est inhabituel, les révélations nomment spécifiquement des médecins militaires chinois toujours en poste et énumèrent les crimes qu'ils auraient commis.

  • Des médecins chinois transportent des organes à un hôpital de la province du Henan en août 2012. (Capture d’écran de Sohu.com)

Les commentaires de Jiang Yanyong corroborent ce que plusieurs chercheurs ont conclu depuis de nombreuses années, les hôpitaux militaires sont les principaux responsables des prélèvements d’organes, que ce soit sur des prisonniers condamnés à mort ou des prisonniers de conscience. Ces chercheurs, parmi eux le journaliste américain Ethan Gutmann et les Canadiens David Kilgour et David Matas, concluent également que la source principale d’organes en Chine au cours des 15 dernières années provient des pratiquants de Falun Gong, une discipline spirituelle persécutée.

Jiang Yanyong n’a pas discuté de l’identité des victimes, quoiqu’il ait donné l’impression de se référer aux prisonniers condamnés à mort.

M. Jiang a fait ses révélations en partie pour honorer les dernières volontés de son mentor, le Dr Hua Yiwei de l’Armée populaire de libération, un homme tellement révéré qu’une statue à son effigie – portant une inscription de l’ex-dirigeant Hu Jintao – a été érigée dans les jardins de l’Hôpital général du Commandement militaire de Pékin.

Mécréants militaires

M. Jiang affirme qu’avant la mort de Hua Yiwei en 2006, ce dernier a confié à Jiang la tâche de révéler les prélèvements d’organes forcés effectués par l’Armée populaire de libération, en particulier ceux d’un chirurgien important et de son protecteur politique, respectivement Li Shiyong et Xu Caihou.

Xu était l’un des hommes les plus puissants dans l’armée chinoise, un général vice-président de la Commission militaire centrale qui dirige les forces armées et un membre du Politburo. Il a été destitué dernièrement dans le cadre de la purge politique du dirigeant Xi Jinping, menée sous la bannière de la lutte contre la corruption, où les cadres de tous rangs à la loyauté questionnable sont évincés, particulièrement ceux qui sont loyaux à l’ex-dirigeant Jiang Zemin.

«Dans tout le pays vous n’allez pas trouver quelqu’un d’aussi corrompu, une telle ordure, toujours prêt à mentir et à tromper», déclare Jiang Yanyong en parlant de Xu Caihou. «Tout le pays est dans la même situation. Le gouvernement est corrompu par l’argent, le pouvoir...»

Xu a obtenu son poste par l’entremise de Jiang Zemin, qui est monté au pouvoir après le massacre de la place Tiananmen en 1989.

C’est en raison de Xu Caihou que l’oncle et mentor de Jiang Yanyong, le médecin militaire Hua Yiwei, a été incapable de dévoiler les prélèvements d’organes forcés effectués à grande échelle par des médecins militaires travaillant sous Li Shiyong, explique M. Jiang en entrevue.

Li Shiyong était monté dans les rangs «comme une fusée» – falsifiant ses qualifications de chirurgien, selon M. Jiang – par d’incessantes manœuvres politiques, devenant finalement le directeur du centre de transplantation de foie de l’Hôpital général du Commandement militaire de Pékin.

Hua Yiwei a tenté de faire enquêter sur les violations de Li Shiyong, mais en vain en raison de la protection offerte par Xu Caihou.

 

Le reportage montre des scènes de journalistes qui confrontent Li Shiyong à son lieu de travail dans l’Hôpital général du Commandement militaire de Pékin. Il n’est pas clair comment ils ont pu pénétrer dans les lieux étant donné la nature sensible de l’endroit. «C’est un hôpital militaire, vous n’avez pas le droit de poser des questions», a déclaré M. Li en s’éloignant des journalistes.

Il n’est pas clair si le Parti communiste cherchait à accomplir un certain objectif avec les révélations de Jiang Yanyong, bien que ses remarques constituent jusqu’à maintenant l’aveu le plus explicite venant d’un chirurgien militaire – quoiqu’en marge de l’establishment – au sujet des prélèvements d’organes forcés par le complexe médico-militaire chinois.

Toutefois, les allégations se concentrent encore essentiellement sur les crimes de quelques hommes : Li Shiyong et son protecteur, Xu Caihou, qui a déjà été purgé. S’agissait-il d’une tentative de blanchir l’appareil militaire dans son rôle principal de prélever des organes sur les prisonniers exécutés et les prisonniers de conscience (un sujet non abordé par M. Jiang) en sacrifiant quelques hommes?

Version en anglais : SARS Whistleblower Exposes Organ Harvesting by Chinese Military