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Juste le retour du printemps

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
25.03.2015
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  • Juste le retour du printemps. Fleurs de marronnier. (Véronique Pagnier/Wikimédia)

C’est le vrai événement, plus que le résultat prévisible du premier tour des élections départementales: l’équinoxe a passé, ouvrant à deux battants les portes du printemps, pour les longues journées qui vont nous arriver et nous laisser voir chacune leur robe à traîne – robe tulipe, robe prunier, robe cerisier, robe tilleul –jusqu’à la reine journée, madame 21 juin, qui conclura le doux défilé du printemps pour ouvrir le grand bal de l’été. 

A Paris, l’épais nuage de pollution n’a pas empêché les marronniers du Jardin du Luxembourg de commencer à bourgeonner. Ne pensons, pour un instant, plus à nos gorges irritées; levons les yeux: avant qu’une jeune feuille, dont le vert incandescent ne se trouve sur aucun nuancier, ne se déploie complètement, le bourgeon qui s’ouvre laisse voir un duvet fin, couleur lie de vin, qui a servi à la fin de l’hiver de berceau aux cinq folioles dentelées. Flûte, ce n’est pas un sujet journalistique! Mais pourquoi cela ne serait-il pas plus important que beaucoup des informations de la semaine, que les analyses faciles d’une débâcle de la gauche aux élections départementales et d’une montée du Front National? Sous ces feuilles riront des enfants qui se moquent des journaux comme de leur première tétine et ne débattent de rien d’autre que du droit à courir dans les allées et à – s’il te plaît, maman – monter sur un poney. Ces feuilles protégeront, aussi, les doux méditatifs qui pratiquent leur corps et leur esprit chaque dimanche matin, hors du flux urbain, dégagés des bruits inutiles.

L’équinoxe a passé avec les grandes marées et une éclipse masquée. Saint-Malo était la semaine dernière assaillie de camping-cars et de retraités, collés aux remparts «comme des berniques», diront les autochtones. Ils voulaient voir la mer monter et se consoler d’avoir acheté pour rien des lunettes fumées, l’éclipse du 20 mars ayant eu la pudeur exagérée de se présenter voilée. 

Pour une nouvelle rencontre de la lune et du soleil, il faudra maintenant attendre 2021 ou, pour les plus patients, 2059… tout cela bien sûr s’il fait beau. Les prochaines noces de la lune et de la mer auront, elles, lieu en mars 2033. Ceci est le temps des astres, ou au moins celui de notre relation avec la lune et le soleil. Au moment des prochaines marées, le flux du quotidien aura lavé quantité de gouvernements et de bruits inutiles, évacué des centaines de «stars» et de «buzz», plus un certain nombre de catastrophes, d’attentats, de crises diverses dont il ne restera qu’un peu de sable au fond de l’eau.

Que nous apprend, finalement, la marée humaine qui a déferlé sur les côtes de la Manche et la pénurie de lunettes d’observation de l’éclipse? Qu’une mer qui monte ou une lune qui se place devant le soleil nous parlent plus profondément que tous les débats et que tous les discours, car ils nous rappellent que nous habitons un monde vivant dont l’homme n’est pas beaucoup plus qu’un locataire trop bruyant.

Alors, quoi qu’en disent les agités des scrutins départementaux et les passionnés de la gestion de voirie, la priorité d’un dimanche – après avoir voté puisqu’il faut être citoyen responsable – est bien de voir sortir les feuilles d’un marronnier, de croiser des enfants qui courent dans les allées et ces doux méditatifs assis en position du lotus, qui semblent avoir compris que tout ne fait que passer.

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.