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La Chine n’est pas la plus grande économie au monde

Écrit par Valentin Schmid, Epoch Times
25.03.2015
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  • Fraser Howie, auteur du livre Capitalisme rouge. (Courtesy of Fraser Howie)

En 2011, la plupart des gens pensaient encore que la Chine, en tant que nation, détenait moins de dettes que l’Europe ou les États-Unis en raison du niveau d’endettement du régime relativement faible. Puis est paru Capitalisme rouge de Fraser Howie, un des premiers livres à exposer le mécanisme d’endettement au sein du système bancaire chinois et les risques du modèle de croissance reposant sur les dettes.

 

Après avoir vécu six ans en Chine, Fraser Howie vit maintenant à Singapour et a toujours beaucoup de choses à nous dire sur la Chine et son économie.

Pouvez-vous expliquer pourquoi certains pensent que la Chine est déjà la plus grande économie au monde?

Il existe une conjecture sur le principe de parité du pouvoir d’achat et on n’en fait généralement pas état. Elle soutient le principe suivant: la seule chose qui diffère dans les économies au sujet des biens et des services au sein de ces mêmes économies est le prix et non la qualité.

 

Vous pouvez vous faire couper les cheveux à Pékin pour 5 yuan (0,80 euros) ou 10 yuan (1,60 euros), alors qu’à New York, elle est à 20 dollars (19 euros). En fait, sur la 5e Avenue, elle est à 75 dollars (71,5 euros) et à 25 dollars (23,8 euros) à Brooklyn. Ainsi, pourrez-vous aussi parler de la parité du pouvoir d’achat entre Brooklyn et Manhattan?

Quand on parle de qualité, il y a beaucoup plus de différences en ce qui concerne les services. L’hypothèse de rééchelonner les prix pour avoir une comparaison valable est possible si vous le faites dans un groupe similaire d’économies, comme les pays scandinaves.

Qu’en est-il de la Chine?

Je pense que dans le cas chinois, il s’agit d’une comparaison plutôt stupide. Mais disons que dans une certaine mesure, l’économie chinoise est plus importante que celle des États-Unis. En fait, ce pays compte quatre fois plus de gens. Être simplement grand n’est pas tout.

Les biens et services chinois ne valent peut-être que 50% des biens et services des États-Unis. Cela se voit toujours lorsque les choses tournent mal. Fournir un service de base, généralement, ils peuvent le faire. S’il y a un problème, le service après-vente ou le suivi est douteux. J’utilise quelques logiciels chinois et le codage n’est pas bon.  Et cela mène à un mauvais service après-vente.

Qu’en est-il des autres chiffres?

Faut-il considérer les choses selon les indices par habitant? Peut-être. Mais je regarderais plutôt quelle économie mène le monde. Cela doit prendre en considération l’innovation, le recours aux idées, les services, etc.

Il n’y a pas seulement les États-Unis, il y a toujours eu d’autres pays. Mais les États-Unis continuent d’être un leader mondial dans de nombreux domaines et ce qui est développé aux États-Unis est copié ou adopté ailleurs.  Et  cela continue:  en Chine il y a le Facebook de Chine, le Google de Chine, l’Apple de Chine, c’est telle chose de Chine. Mais ils copient toujours ce qui a été développé ailleurs.

Cela changera-t-il bientôt?

Lorsque nous verrons une chose en Amérique provenant de Chine, nous pourrons parler de compétition chinoise. Mais je vois encore très peu de signes que la Chine entre de cette manière en concurrence mondiale dans un quelconque domaine. Je compare WeChat à WhatsApp et c’est maladroit. C’est comme comparer Lego Technic à Lego Duplo. L’un est un ensemble de blocs maladroits et l’autre est réellement bien conçu et assez incroyable.

La qualité des biens et des services fait défaut parce que les hommes daffaires chinois ne s’intéressent qu’aux prix. Si vous ne vous intéressez qu’au prix, vous ne pourrez jamais développer  une marque de qualité. Bien entendu, la quantité pourrait être plus importante.

Je vous donne un exemple pertinent. Lorsque j’ai commencé à travailler, il y a 20 ans et quelques, le marché que je suivais était celui du Japon. L’indice Nikkei arrivait à son record absolu de 39.000. Au milieu des années 1990, le Nikkei était encore autour de 20.000. L’indice Hang Seng était à 9.000 ou 10.000. Je me souviens que quelque part dans les années 1990, ces indices se sont croisés. La valeur numérique de l’indice Nikkei est maintenant plus faible que celle de l’indice Hang Seng. Qu’est-ce que cela nous dit? Rien. Ce ne sont que des chiffres. Cinq est plus grand que quatre et Pi est plus petit que 10.

Mais la Chine deviendra-t-elle plus importante?

À un certain moment, l’économie chinoise dépassera  celle des États-Unis. Et alors?  Pendant 30 ans, le Japon était la seconde économie mondiale, pourtant elle était largement stagnante et n’a pas affecté le reste du monde. Vous avez une économie forte? Vous additionnez simplement l’activité de 1,3 milliards de personnes. 

Je verrais plutôt le reste du monde battre les entreprises chinoises, non seulement parce qu’elles sont grandes, mais parce qu’elles ont un monopole ou une position préférentielle en Chine. Lorsque Alibaba concurrence Amazon hors de Chine, alors nous savons que la Chine détient une entreprise de classe mondiale.

Au lieu de cela, on voit que les grandes entreprises chinoises sont grandes parce qu’elles ont été isolées de la concurrence et que la Chine est un grand marché. Les entreprises ayant une position préférentielle sont donc de grandes entreprises.

Il y a très peu de signes que les entreprises chinoises arrivent à développer leurs propres réseaux et réussissent hors de Chine ou des communautés chinoises.

WeChat est utilisé par les Chinois de l’étranger. La possibilité de développer sa communauté latino-américaine ou européenne est encore très limitée. Ce n’est pas pour dire que cela ne peut pas arriver et à un certain moment vous aimeriez penser que cela arrivera. Mais il n’y aucune raison pour penser que d’autres entreprises ne pourront pas le faire. 

Depuis 20 ans, j’entends parler d’entreprises chinoises qui émergent, mais je n’ai toujours rien vu.

Fraser Howie est co-auteur de trois livres sur le système financier chinois, dont Capitalisme rouge, nommé Livre de l’année en 2011 par le magazine The Economist. Depuis 20 ans, il négocie, analyse et écrit sur les marchés asiatiques. Durant ce temps, il a travaillé à Hong Kong, Pékin et Singapour pour des entreprises comme Bankers Trust, Morgan Stanley, CICC et CLSA.

Le texte de l’interview a été révisé par souci de concision et de clarté.

Version originale: China Is Not the World’s Largest Economy

 

 

 

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