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2e biennale d’art flamenco. Évolution d’un art traditionnel

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
25.03.2015
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  • Ballet flamenco de Andalucía avec une création de Rafaela Carrasco qui évoque le premier concours de chant organisé naguère par Federico García Lorca et Manuel de Falla. (@Ghostographic)

Le Théâtre de Chaillot a accueilli pour la deuxième fois, du 12 au 22 mars, la biennale d’art flamenco avec les plus grands de la danse espagnole.

Parmi ces danseurs, se trouvaient le légendaire Antonio Canales qui a apporté au flamenco ses gestes explosifs et affolants, mais également les représentants de la jeune génération, tel Eduardo Guerrero ou l’exceptionnelle Rocío Molina, relève du flamenco nuevo.

Ceux qui ont cherché le «bon vieux flamenco», celui qui répond aux strictes règles de la tradition ont dû être surpris. Depuis quelque temps, cette danse glorieuse aux chants rauques, aux palmas (rythmes marqués par les mains) aux zapateados (rythmes marqués par les pieds), aux allures vives et aux jupes à volants multiples, évolue, se dépouille de ses  caractéristiques pour se trouver de nouveaux repères identitaires.

Le feu intérieur consumant tout sans laisser de trace, l’énergie refoulée menaçant d’exploser à chaque pas, la tension entre le désir volcanique et les lois symboliques cherchent à s’envoler au-delà des contraintes de la tradition pour s’associer à notre monde contemporain à travers la fascination des danseurs.

On peut aimer les innovations et les inventions dans l’arte flamenco d’aujourd’hui et applaudir vivement, ou au contraire, s’indigner et accuser les innovateurs de déformer – voire de faire disparaître la tradition.

Dans vingt ans

Le temps nous le dira. Pour l’instant, les jeunes artistes sont en quête d’une liberté qu’ils cherchent en dehors des murs. «Nous sommes quelques-uns à passer la tête par la fenêtre pour voir ce qui s’y passe», dit Rocío Molina en décrivant la situation de la danse espagnole actuelle.  

Rocío Molina, déjà récompensée à l’âge de 30 ans par les prix les plus prestigieux, fait partie de cette nouvelle génération. Rocío Molina a un talent immense, un feu qui consomme tout, ce duende, ce mystérieux génie que tous convoitent mais que peu possèdent. Ce n’est pas le cas de la plupart des danseurs qui cherchent à innover, à déconstruire et à se montrer originaux.

J’ai hâte de voir les plus doués parmi ces jeunes comme Rocío Molina dans 20 ans, quand la virtuosité et les gestes superflus céderont la place au dépouillement. Sans doute dans 20 ans, avec la maturité, comme ces vieux maîtres de kung fu qui n’ont plus besoin de pirouettes magistrales mais juste de rester immobiles avec leur force intérieure pour vaincre leur adversaire sans même combattre, ils comprendront que la liberté ne se trouve pas à la fenêtre mais à l’intérieur, que l’extraordinaire se trouve dans l’ordinaire, que l’art de flamenco, comme tout art, se trouve à l’intérieur de chacun et donc dans le moindre de nos gestes. Il suffit d’incliner la tête, de lever un bras, de faire un pas en avant pour mettre le feu, à l’exemple de l’incomparable El Güito. 

 

En attendant, les afficionados pourront jubiler de voir Rocío Molina et ses partenaires avec leur gestualité extravagante, leur virtuosité et leur regard frais sur la danse.

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