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Comment les responsables chinois perçoivent la presse

Écrit par Frank Fang, Epoch Times
30.03.2015
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  • Shi Zhihong, ancien secrétaire de Zeng Qinghong, s’est exprimé contre la presse étrangère lors d’une récente réunion politique. (Capture d’écran/Epoch Times)

Les reportages consacrés au contrôle et la répression des médias en Chine sont innombrables: des directives propagandistes quotidiennes, des articles rejetés, des journalistes renvoyés, etc. Cependant, les responsables chinois ne révèlent pas toujours leur véritable sentiment envers la presse. Alors, qu’est-ce qu’un média du point de vue d’un apparatchik du Parti communiste chinois (PCC)?

Selon les propres termes (qui sont parfois  assez vulgaires) des responsables communistes chinois, les médias ne sont qu’un outil servant, selon les cas, de porte-parole, de serviteur obéissant et de marionnette —et leurs  remarques semblent même s’étendre aux médias étrangers.

Un porte-parole loyal

En juillet 2009, un journaliste de la Radio nationale de Chine, souhaitait interroger les responsables du  Bureau de la planification urbaine et rurale de la ville de  Zhengzhou, lors d’une série d’événements organisés par ce même bureau. Au cours d’une des réunions publiques, un habitant de la ville a soulevé un problème concernant un projet de construction. Lorsque le journaliste a finalement eu la chance de rencontrer Li Chengxiang, à l’époque directeur adjoint du Bureau de planification, il l’a interrogé sur ces doléances.

Selon Sina, le grand portail d’informations numériques chinois, le journaliste a été vertement sermonné: «Parlez-vous pour le PCC ou allez-vous parler pour le peuple?»

Cet exemple exprime parfaitement une hypothèse courante en Chine: les représentants de la presse et plus particulièrement de la presse officielle, n’ont qu’une seule responsabilité: assurer la propagande de la politique de l’État.

Les lecteurs attentifs ont rapidement fait remarquer que la question de Li Chengxiang contenait  aussi une importante contradiction théorique: en demandant si le journaliste représentait le Parti ou le peuple, il présumait que les intérêts des deux divergent. Bien que cela soit effectivement le cas en Chine, la doctrine communiste chinoise stipule clairement que le Parti est en réalité le représentant ultime du peuple.

Un serviteur obéissant

Dans de nombreux endroits, la carte de presse sert d’amulette aux journalistes, en leur permettant d’entrer facilement dans des lieux habituellement non autorisés au public. Mais avec les responsables chinois, cela ne marche  pas toujours de cette façon.

En avril 2010, un journaliste du quotidien d’État Legal Daily a présenté sa carte de presse à Zhang Shi, responsable des ressources publiques de la province du Zhejiang. Ce dernier a simplement répondu: «C’est inutile.»

Le journaliste a insisté. «Pourquoi dois-je accepter votre interview?» a demandé Zhang Shi. «Je refuse d’être interviewé. Et vous ne pouvez rien y faire.»

Le journaliste a demandé: «Comment ma carte de presse pourrait-elle être inutile? Elle a été  émise par l’Administration générale de la presse, des publications, de la radio, des films et de la télévision», l’agence supervisant les médias. Mais sa réaction ne lui a rien apporté de plus. 

Un grattoir

Shen Jinlin, directeur de l’hôpital central de Hengyang, province du Hunan dans le centre de la Chine, a une vision beaucoup plus vulgaire du rôle des journalistes.

Après avoir vu des articles de presse montrant sa voiture dans un parking souterrain – l’article visait à dénoncer les bénéfices excessifs et illégaux des employés et des cadres hospitaliers – Shen Jinlin a explosé devant la presse et d’autres représentants lors d’une réunion.

«Le journaliste est allé jusqu’à tracer et prendre des photos d’une voiture que j’ai cachée dans un parking souterrain!» a déclaré Shen Jinlin, avant de comparer «le stylo des journalistes» aux parties génitales d’une prostituée.

Shen Jinlin est à la fois directeur de l’hôpital et représentant du Congrès du Peuple au niveau municipal. Les journaux qui ont rapporté sa réaction ont insisté sur le choc de voir que le directeur d’un hôpital vieux de 100 ans et responsable officiel puisse s’exprimer aussi vulgairement en public. Même un journaliste de l’agence de presse officielle Xinhua a écrit: «Soit l’homme a des problèmes, soit il méprise les médias.»

La presse étrangère, un outil politique

Telle est l’idée véhiculée par Shi Zhong, ancien secrétaire de Zeng Qinghong, haut responsable du Parti, et représentant à la Conférence consultative politique du peuple chinois.

Le 8 mars, Shi Zhong a déclaré: «Tout reportage exclusif des médias doit être basé sur des preuves. Ne faites pas de reportages si vous n’avez pas de preuves.» Il a continué: «Surtout ces médias étrangers qui publient sans preuves et sans s’être informés auprès des services compétents et se précipitent pour dénoncer des choses et inventer des informations dans la foulée.» 

He Qinglian, auteur d’un livre sur le contrôle des médias en Chine, a écrit dans une analyse pour  Voice of America que les propos de Shi Zhong semblaient démontrer que les responsables chinois considèrent les médias étrangers comme la source de fuites délibérées.

Elle a précisé: «Cet acte de fournir des informations pourrait être l’acte d’un seul responsable chinois ou d’un certain groupe tout entier.»

«Et la phrase parlant de ’s’informer auprès des services compétents’ peut seulement signifier que la personne qui divulgue les informations agit sous les ordres de ses supérieurs.»

Les remarques s’ancrent dans un courant de scepticisme, partagé par He Qinglian et beaucoup d’autres experts des médias et de la société chinoise, qui ont grandi, vécu et travaillé en Chine, selon lequel les articles révélant les fortunes personnelles de haut responsables chinois et publiés en 2012 par  le New York Times et Bloomberg n’ont pas été écrits par des journalistes occidentaux travaillant seuls.

Tous les hauts responsables chinois engagés dans la lutte politique ont leur propres réseaux pour proposer des informations aux différents médias étrangers», a confié He Qinglian.

En novembre 2012, le New York Times a publié un long article, expliquant avec des détails «malicieux» comment Wen Jiabao, alors Premier ministre, avait amassé au cours des années une immense fortune. À cette époque, la controverse s’était portée sur la source de ces informations embarrassantes plus que sur Wen Jiabao lui-même.

Version originale: How Chinese Officials View the Press

 

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.