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L’arrivée d’un homme d’État

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
03.03.2015
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  • Le ministre de l’Économie Emmanuel Macron. (John Macdouglas/AFP/Getty Images)

Progressivement étouffés par la horde des quémandeurs de mandat, les grands hommes d’Etat ont, dit-on, graduellement disparu avec l’essor de la télévision. Parce que celle-ci a développé le jeu du superficiel, favorisant les grands acteurs aux grands penseurs et n’intégrant progressivement la vie politique que comme un spectacle de plus, presqu’au niveau d’une télé-réalité. 

Nos âmes confiantes espèrent pourtant toujours – au moins une fois par quinquennat – voir émerger une personne cristallisant la fierté nationale, capable de se placer au-dessus des foules. Et lorsque les débats parlementaires sentent l’égout comme lors des débats sur la loi Macron – on cherche partout si pourrait éclore une personnalité salvatrice, que n’affecterait pas la médiocrité des intérêts particuliers – un véritable homme d’État.

Chaque présidentiable tente, une fois tous les cinq ans, d’en prendre le costume pour devenir le choix du peuple, profitant de la mémoire courte de nos foules instables – les positions variables, les mesquineries, les arrangements entre amis sont oubliés; il suffit de longuement travailler sa voix, son regard, ses gestes et son discours avec une armée de «spin doctors» – des faiseurs d’opinion – pour devenir un homme nouveau.  Les mécanismes de communication sont rôdés et monotones car tous basés sur les mêmes principes, mis en musique par les mêmes conseillers, faisant les mêmes analyses sur ce qu’il faut dire pour plaire et être élu.

Quand dans ce paysage normé le jeune Macron, en pleine discussion de la loi pour la croissance et l’activité qui porte son nom, reconnaît publiquement avoir fait une erreur d’appréciation et négligé les effets pervers potentiels du corridor tarifaire proposé pour cadrer les prix des professionnels du droit,  il casse en une phrase un mur porteur de la communication politique, et ose ce que personne n’a fait avant lui dans l’histoire politique récente: savoir, et savoir dire, qu’il n’est pas infaillible, reconnaître ses erreurs et les corriger. Avec cette honnêteté et cette hauteur de vue, Macron est sorti du cadre de ce qu’un politique de base fait, pour se placer au véritable niveau de sa fonction. Le «jeunot» a presque créé le malaise dans ce monde feutré où il est convenu qu’on peut mentir et cacher ses fautes.

La semaine dernière, le ministre a livré dans les colonnes du Monde sa lecture des débats sur sa loi et du rôle des frondeurs du PS. Et là encore, sa différence de vue apparaît. Alors que le Parti socialiste a choisi une nouvelle fois de ne rien faire contre les francs-tireurs du parti,  Emmanuel Macron pointe là où cela fait mal: «Ce texte a été pris en otage ou, en tout cas, il a été pris dans des logiques politiciennes, indépendamment du travail de fond qui avait été accompli».

«Je pense qu’il y a une politique de fainéants et il y a la politique des artisans. Moi je fais la politique avec les artisans et les artisans, au sens fort du terme, ce sont ceux qui ont passé des jours et des nuits à travailler un texte au fond, qui savent ce qu’il y a dedans, qui peuvent en être fiers. Et il y a la politique des fainéants, qui consiste à regarder la surface de l’eau. On meurt de cela».

Les mots et les actions d’Emmanuel Macron, cette recherche de la profondeur politique traduisent rien moins que la maturation en cours d’un véritable homme d’État.  S’il se déploie, l’homme va faire de l’ombre à la foule des boutiquiers du Parti socialiste; qu’il prenne donc garde à la revanche des médiocres – ceux-ci ne pardonnent pas l’excellence.

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