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L’État islamique n’est pas seul à commettre des atrocités en Irak

Écrit par Gary Feuerberg, Epoch Times
30.03.2015
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  • David N. Saperstein, ambassadeur américain pour la liberté de religion (Gary Feuerberg/Epoch Times)

WASHINGTON – Un comité du Congrès américain a récemment tenu une audience sur les horribles violations des droits de la personne commises par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Tout en reconnaissant la dépravation de l’EIIL, plusieurs témoins ont cependant mis en garde que les États-Unis ne doivent pas fermer les yeux sur les violations et atrocités perpétrées par les groupes qui luttent contre l’EIIL.

L’audience tenue le 18 mars était organisée par la Commission des droits de la personne Tom Lantos (TLHRC) et on y a entendu que l’ennemi de notre ennemi n’est pas nécessairement notre ami.

Ce concept est réapparu deux jours plus tard dans une entrevue du Washington Post avec le général David H. Petraeus, l’ex-patron de la CIA et le commandant américain en Irak durant l’augmentation des troupes en 2007 (l’événement appelé «surge»). Ce dernier connaît très bien la dynamique sectaire de la région. «J’avancerais que la plus grande menace à la stabilité à long terme de l’Irak et à l’équilibre régional plus large n’est pas l’État islamique; ce sont plutôt les milices chiites, dont la plupart sont soutenues – et certaines dirigées – par l’Iran», a-t-il indiqué.

Un des témoins à l’audience, Sunjeev Bery, du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International USA, s’est dit préoccupé que l’assistance militaire américaine en Syrie et en Irak pourrait mener à plus de violations des droits de la personne. «Des alliés clés des États-Unis dans le conflit armé contre l’État islamique ont des dossiers très problématiques en matière de droits de la personne», a-t-il fait remarquer.

M. Bery a fait état des enlèvements et des massacres commis par les milices chiites, des violations commises par le gouvernement irakien et des représailles menées par les combattants kurdes peshmerga.

Erin Evers, chercheuse de Human Rights Watch (HRW), a déclaré que son organisation a documenté de sérieux abus commis par les forces irakiennes et les milices chiites après que les combattants de l’EIIL ont été repoussés de Bagdad, Hilla et Diyala.

«Les milices et les forces de sécurité ont exécuté sommairement et en masse des prisonniers sunnites dans les provinces d’Anbar, de Diyala et de Ninive. Elles ont aussi détruit de nombreux villages, déplaçant des milliers de résidants et kidnappant des civils, apparemment dans le but de réduire la présence sunnite dans ces régions», a témoigné Mme Evers.

  • Carte des édifices détruits par les milices après le siège d’Amerli à l’automne 2014. Les points rouges représentent le nombre d’édifices détruits par le feu ou la démolition après le 31 août 2014 en se basant sur l’imagerie satellite. Les diamants noirs représentent des sites de frappes aériennes probables. Les points jaunes représentent des endroits où il n’y a aucun signe visible de destruction en se basant sur l’imagerie satellite. (Human Rights Watch)

«Pour la première fois, les États-Unis s’expriment publiquement concernant les abus des milices», a souligné Mme Evers, se référant à des déclarations comme celles de l’émissaire présidentiel spécial pour la lutte contre l’EIIL, le général à la retraite John Allen.

«Nous félicitons les dirigeants irakiens, dont son Éminence l’ayatollah Sistani qui a publiquement appelé à la protection des civils et qui a mis en garde contre les représailles, les récriminations ou les abus contre les civils ou les prisonniers», a déclaré M. Allen le 16 mars à Bagdad.

La montée en puissance de l’EIIL a été placée dans le contexte où le gouvernement irakien était dirigé par un premier ministre favorisant les intérêts de sa secte chiite.

«Avant l’invasion de l’EIIL, le gouvernement irakien était incapable de fournir des services essentiels ou de protéger les groupes vulnérables, dont les femmes, les enfants et les minorités. Les deux dernières années du gouvernement de Nouri al-Maliki ont été un cauchemar pour les minorités religieuses et ethniques», a déclaré le coprésident de la TLHRC, le représentant démocrate James McGovern.

«Les actions du premier ministre irakien ont annulé les principales réalisations de l’augmentation des troupes (surge). Elles ont aliéné les Irakiens sunnites et ont de nouveau créé, dans les régions sunnites, des champs fertiles pour semer les graines de l’extrémisme, ouvrant essentiellement la porte à la prise de contrôle de l’État islamique», avait pour sa part répondu M. Petraeus au Washington Post.

Conversions forcées

David N. Saperstein, l’ambassadeur américain pour la liberté de religion, revenait récemment d’Irak et a dit que, parmi les millions de réfugiés du conflit syrien et des conquêtes de l’EIIL, les minorités religieuses et ethniques se sentent les plus vulnérables.

«Ceux qui n’adhèrent pas à l’idéologie extrémiste sunnite – dont les musulmans chiites et sunnites, les alaouites, les chrétiens, les assyriens et autres – font face aux massacres, aux conversions forcées à la pointe d’un fusil, aux kidnappings et autres atrocités», a témoigné M. Saperstein.

  • Un milicien chiite des comités de mobilisation populaire participe aux combats près de Tikrit le 8 mars 2015. (Ahmad Al-Rubaye/AFP/Getty Images)

La communauté yazidi est victime des pires abus, puisqu’elle est «considérée comme païenne par l’EIIL et ne mérite que l’esclavage, habituellement de naturelle sexuelle, ou la mort», affirme Bassam Ishak, président du Syriac National Council of Syria.

Il est trop dangereux de voyager dans le territoire contrôlé par l’EIIL, affirme Erin Evers, de Human Rights Watch, ainsi son équipe s’est rendue dans le nord de l’Irak pour interviewer des Yazidis s’étant récemment évadés et d’autres toujours en captivité joints par téléphone.

«Ils ont décrit des récits douloureux de détention en lieux restreints, d’abus, de conversions forcées et de mariages forcés», explique Mme Evers.

Pour sa part, Rami Abdurrahman, le fondateur et directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, affirme que quiconque pense que l’EIIL cible seulement les minorités et les femmes se trompe. La plupart des victimes de l’organisation sont des musulmans sunnites.

La revanche des milices

L’histoire ne s’arrête toutefois pas avec les atrocités commises par l’EIIL et serait incomplète sans mentionner les violations des droits de la personne généralisées commises par les milices chiites et les forces gouvernementales documentées par HRW, estime Mme Evers.

HRW a publié un rapport le même jour de l’audience intitulé After Liberation Came Destruction (Après la libération, la destruction), relatant comment les milices chiites et les forces de sécurité ont détruit des villages sunnites et des quartiers autour d’Amerli après que l’EIIL a battu en retraite.

«Elles ont pillé les biens des civils qui ont fui durant les combats […] elles ont incendié les maisons et les commerces des résidants sunnites et ont utilisé des explosifs ou de la machinerie lourde pour détruire des édifices ou des villages entiers», rapporte HRW.

En se basant sur des images satellite et des enquêtes de terrain, HRW a découvert qu’entre début septembre et la mi-novembre 2014, plus de 3800 édifices ont été détruits dans 30 villes et villages, la plupart par des incendies volontaires ou des détonations d’explosifs.

Avant la destruction, les milices chiites ont pillé les villes et villages. Vingt-quatre témoins, dont des officiers peshmerga et des cheikhs tribaux locaux, ont déclaré à HRW avoir vu des miliciens prendre des réfrigérateurs, des télévisions, des vêtements et même du fil électrique avant de mettre le feu aux maisons, selon le rapport.

Version originale : ISIS Not Alone in Committing Atrocities

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