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Des amis pour faire passer la pilule

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
30.03.2015
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  • La pilule peut parfois être amère et difficile à faire passer. (Root66/Wikimédia)

Ils l’ont amère, cette semaine, à l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM). À peine relevée du scandale de Médiator et toujours à se demander comment améliorer et rendre plus transparente l’évaluation des médicaments, l’agence se retrouve une nouvelle fois soupçonnée de conflit d’intérêt – et presque de corruption. «Les gendarmes du médicament faisaient affaire avec les laboratoires» titre Mediapart en guise d’allumage de mèche: des membres haut placés de la commission décidant de la mise sur le marché de nouveaux médicaments, et d’autres de celle – dite «de transparence» – qui recommande leur remboursement par la sécurité sociale, auraient régulièrement et jusqu’à récemment prodigué  des conseils tarifés aux industries pharmaceutiques sur les dossiers qu’ils étaient ensuite censés évaluer … en toute indépendance.

Très rapidement après ces nouvelles révélations, l’Agence, le ministère de la Santé, la Haute Autorité de Santé (HAS) ont explosé par communiqués interposés. La HAS, peu courageuse, a rappelé que les faits reprochés sont pour la plupart antérieurs à sa création en 2005 tandis que l’ANSM indiquait avoir depuis « renforcé la transparence de ses travaux d'expertise comme le prévoit la loi du 29 décembre 2011.»

L’industrie pharmaceutique pourrait-elle développer des produits innovants et efficaces sans bénéficier du conseil d’experts médicaux externes lorsqu’elle cherche à positionner un nouveau médicament sur une pathologie donnée, à un stade donné, pour un type de malade donné? La réponse est évidemment non, l’essentiel du savoir médical demeurant en dehors de l’industrie, dans les grands hôpitaux de recherche: sans ces experts pour préparer, baliser, alerter, anticiper qui dans l’immense population des malades pourrait le plus bénéficier d’un nouveau traitement, et qui devrait l’éviter, les accidents se multiplieraient dans les développements thérapeutiques. Le fait que ces experts puissent directement être payés par l’industrie est par contre un problème de fond: sans même avoir besoin de supposer une réelle corruption de certains d’entre eux, notre cerveau et sa faible raison sont tels qu’on trouve toujours éminemment sympathique la personne qui nous invite dans de bons restaurants et ajoute une ligne créditrice à notre compte en banque. On aura beau se penser parfaitement honnête, on n’en subira pas moins cette influence, ce biais, tout en protestant de sa bonne foi. Quand on est, de plus, en charge de décider si un médicament est suffisamment efficace pour être proposé aux malades, et si sa valeur ajoutée mérite qu’il soit payé par les impôts des contribuables français, notre faiblesse influe sur la santé de millions de gens et sur des milliards d’euros de dépenses publiques annuelles. 

Il est dur d’être expert et continuellement caressé… Ne finit-on pas par se croire une sorte de sage au dessus de la foule, méritant d’être nourri au prytanée, et donc plus encore d’être indemnisé pour  chaque conseil donné? Les grands médecins ne voient plus qu’ils ne sont que des personnes d’influence facilement influencées. Un grand mieux pourrait pourtant être facilement créé avec un changement léger: les activités de conseil doivent être stimulées et favorisées … pour autant que le médecin ne touche pas directement les sommes versées par l’industrie.  Si son employeur, l’hôpital, les recevait à sa place, la transparence serait garantie et le conflit d’intérêt brisé: les sommes pourraient être utilisées pour la recherche ou l’amélioration du soin et le salaire du médecin bonifié sans qu’il devienne marionnette. On verrait alors se distinguer ceux qui travaillent pour le bien des patients de ceux qui soignent surtout leur compte en banque.

 

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.