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Le caoutchouc naturel, une menace pour les forêts tropicales d’Asie

L’industrie du pneu met en péril les forêts protégées du Sud-est asiatique.

Écrit par Héloïse Roc, Epoch Times
30.04.2015
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  • Le latex se récolte en faisant une saignée: la pratique d'une incision sur l’écorce du tronc sectionne les vaisseaux laticifères. (Hevea/wikimedia)

Selon une étude publiée le 17 avril par l’université d’East Anglia (UEA), université de recherche située à Norwich en Angleterre, 8,5 millions d’hectares de plantations de caoutchouc supplémentaires seront nécessaires pour satisfaire la demande d’ici à 2024. La culture de l’hévéa, dont 70% sont utilisés pour la fabrication de pneus, pourrait bien s’accélérer et les effets sur la biodiversité seront équivalents à ceux de l’arbre à palme.

Selon Eleanor Warren-Thomas, chercheur de l’UEA des sciences environnementales, «l’industrie du pneumatique consomme 70% de caoutchouc naturel cultivé. La demande devenue croissante pour la création de pneus de véhicules et d’avions entraîne l’expansion actuelle des plantations.»

De nombreuses espèces menacées

«Malheureusement, l’impact de cette prolifération d’arbres sera une perte de la biodiversité tropicale, une perte d’espèces», ajoute Eleanor Warren-Thomas. Effectivement, comme avec l’huile de palme, les premières victimes de l’accroissement des hévéas sont les forêts primaires du sud-est asiatique abritant de nombreuses espèces menacées. Les forêts tropicales sont défrichées pour ces plantations de caoutchouc, plaçant les oiseaux en voie de disparition, et les chauves-souris et les primates en danger, d’après des chercheurs britanniques. Parmi les zones les plus touchées, l’Indonésie, la Malaisie, le Laos, le Cambodge, le Vietnam, le sud-ouest de la Chine et les Philippines.

Les écologistes espèrent la création d’un caoutchouc durable

Au cours de ces dix dernières années, plus de 2 millions d’hectares de forêts et d’exploitations à travers le monde ont été transformés en plantations de caoutchouc. Le plus grand impact a été en Asie du Sud-est, dans le Xishuangbanna, une région du sud-ouest de la Chine, qui fournit 84% des 9,9 millions d’hectares plantés d’hévéas au monde. Les écologistes espèrent de nouveaux efforts pour développer un caoutchouc durable qui pourrait freiner l’impact écologique.

L’arbre à caoutchouc, l’hévéa, se développe au détriment de la forêt primaire et de sa biodiversité, et sa prolifération entraîne de grands déséquilibres écologiques – les forêts protégées ont été sacrifiées aux plantations. «Ainsi, la réserve naturelle Snoul au Cambodge a été en 4 ans (de 2009 à 2013) recouverte à plus de 70% par 75.000 hectares d’hévéas en dépit de la présence de nombreuses espèces menacées», disent les chercheurs.

Certificat de durabilité

Contrairement à l’huile de palme, les populations sont peu informées des ravages de l’hévéa sur les forêts tropicales. «Les entreprises qui transforment, en toute légalité, les forêts protégées en plantations d’hévéas devraient faire l’objet de restrictions d’accès au marché, avec une certification d’exploitation durable», juge l’équipe de chercheurs. Un projet international a été lancé dans ce sens en janvier dernier.

Eleanor Warren-Thomas et ses collègues ont fait leurs calculs. «Au minimum, les entreprises qui convertissent, en toute légalité, des forêts protégées en plantations d’hévéas devraient faire l’objet de restrictions d’accès au marché, avec une certification d’exploitation durable», juge l’équipe. En janvier, un projet international a été lancé, aboutissant sur un label nommé «Caoutchouc Naturel Durable».

«Il peut y avoir de l’espoir», dit Eleanor Warren-Thomas. La certification de durabilité a réussi à réduire les impacts négatifs de l’huile de palme et de la pâte à papier. Un nombre important de sociétés ont convenu d’acheter des produits certifiés et 400 des plus grandes sociétés du monde se sont engagées à contrôler leur approvisionnement. Un effort similaire pour le caoutchouc vient de commencer et on peut espérer obtenir des producteurs, des transformateurs, des commerçants et des utilisateurs qu’ils se conforment à ce label de durabilité. Mme Warren-Thomas précise «qu’à l’heure actuelle, les systèmes de certification sont vraiment l’un des seuls moyens de protéger l’environnement, contre le profit».

Les forêts, l’ONU et le réchauffement climatique

À l’occasion de la Journée internationale des forêts célébrée le 21 mars, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a demandé que le déboisement soit ralenti, que les forêts soient conservées en bon état et que tous les moyens de faire face au changement climatique soient donnés.

«Pour ces raisons et bien d’autres encore, les forêts occupent une place de choix dans le programme de développement pour l’après-2015. Elles jouent notamment un rôle important dans la capacité de résistance des sociétés aux effets des changements climatiques», a-t-il déclaré, pointant que les changements climatiques sont le thème de la Journée internationale des forêts cette année.

Le déboisement continue à l’échelle mondiale

«Malgré la valeur écologique, économique et sociale des forêts, le déboisement continue à l’échelle mondiale à un rythme alarmant puisque 13 millions d’hectares de forêts sont détruits chaque année, ce qui n’est viable ni pour la population ni pour la planète», a-t-il ajouté.

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.