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La forêt amazonienne perd ses capacités de poumon de la planète

Écrit par Héloïse Roc, Epoch Times
04.04.2015
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  • Arbre de dosel d'épiphytes, prise dans le Parc national Yasuni, dans la forêt amazonienne équatorienne. (Rodriguo Buendia/AFP/Getty Images)

Depuis des décennies, la forêt amazonienne joue un rôle important, elle est le poumon ou le puits de carbone atmosphérique pour toute la planète. Elle absorbe plus de carbone qu'elle n'en rejette et limite ainsi le réchauffement de la terre. Une nouvelle étude, publiée le 19 mars dans la revue Nature, annonce qu’elle est en train de perdre cette capacité.

Une étude de grande envergure, effectuée en forêt tropicale d’Amérique du Sud et qui a duré trente ans, révèle un taux de mortalité catastrophique des arbres de l’Amazonie. Cette recherche a été menée sous la direction de l’université de Leeds, par près d'une centaine de scientifiques, dont un grand nombre de chercheurs français du CIRAD, du CNRS et de l’INRA, collaborant au sein du Labex Ceba (Centre d’étude de la biodiversité en Amazonie).

Une forte accélération de la mortalité des arbres

D’après les scientifiques, le surcroît du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, l’un des composants nécessaires à la photosynthèse, a conduit les arbres amazoniens à accroître leur capacité de stockage. Mais, cet excédent de CO2 a son revers. Selon le professeur Oliver Phillips, coauteur de l’étude et coordonnateur du projet Rainfor sur lequel l’analyse s’appuie, «avec le temps, la stimulation de croissance impacte le système; les arbres vivent plus vite et meurent plus jeunes.» Roel Brienen estime que ce surplus de dioxyde de carbone altère la fonction de l’Amazonie: «Le taux de mortalité des arbres a augmenté de plus d’un tiers depuis le milieu des années 1980», précise-t-il.

La photosynthèse est le processus par lequel les plantes et certaines bactéries utilisent l'énergie solaire pour effectuer la synthèse de molécules organiques à partir de gaz carbonique et d'eau. Avec plus de CO2 dans l’air, la photosynthèse s’est accélérée. Jusqu’à présent les forêts tropicales humides participaient activement à la régulation du climat, mais cette capacité pourrait bien être en train de s’altérer. Cette observation a été faite depuis le milieu des années 1980, au travers de l’analyse de la biomasse contenue dans 321 parcelles de la forêt amazonienne. L’étude révèle que le taux de mortalité des arbres a augmenté de plus d’un tiers au cours de ces trois décennies, diminuant la capacité de stockage du CO2 dans la forêt tropicale. Les 321 parcelles d’étude mesuraient approximativement 1 hectare, elles étaient réparties sur les 6 millions de kilomètres carrés de l’Amazonie. C’est ainsi que les scientifiques ont étudié 200.000 arbres, la vie et la mort de chacun d’entre eux.

Des sécheresses récentes en Amazonie

L’étude a montré que l’augmentation de la mortalité des arbres avait commencé bien avant la grande sécheresse de 2005. Elle  a provoqué une inversion brutale des absorptions de carbone réalisées pendant des décennies. La mort des arbres s’est accélérée là où la sécheresse a le plus frappé. «Pendant des années, la région amazonienne a contribué à ralentir le réchauffement climatique. Si ce puits de carbone est amoindri, voire fonctionne à l’envers, le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère augmentera encore plus», souligne Oliver Phillips.

D’après les chercheurs, cette sécheresse en Amazonie a réduit l’absorption de CO2 par la forêt de 5 milliards de tonnes. Actuellement, ce carbone est «au sol», sous forme d’arbres morts, non encore décomposés. Leur décomposition et le retour du CO2 dans l’atmosphère prendra plusieurs dizaines d’années. Les effets écologiques peuvent avoir un impact mondial même sur le long terme. Et si les sécheresses perdurent, cela conduira inévitablement à l’accélération du réchauffement climatique.

Les scientifiques ont calculé ces changements en termes de stockage de carbone sur 100 sites forestiers, une zone de plus de 600 millions d’hectares, du Brésil jusqu’à l’Équateur, en passant par la Guyane Française. Ils ont utilisé les données de croissance de plus de 100.000 arbres, enregistrées depuis 30 ans et ont étudié les mortalités et les nouvelles pousses. Apparemment nous ne devons plus compter sur la forêt pour réduire le réchauffement climatique!

Des émissions fossiles conséquentes

L’article publié dans la revue Nature montre comment l'intensité du puits de carbone a décliné en Amazonie, en lien direct avec l’accélération de la mortalité des arbres. Dans les années 1990, 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone ont été stockées annuellement. Le stockage actuel a diminué de moitié, il est même dépassé par les émissions fossiles de l’Amérique du Sud.

Selon Dr Brienen, «quelles que soient les causes de l’augmentation de mortalité des arbres, cette étude montre que les prédictions d’une capacité indéfinie de stockage des forêts tropicales pourraient être trop optimistes. Les modèles climatiques qui prennent en compte la réponse de la végétation alimentent l’hypothèse selon laquelle, tant que les niveaux de dioxyde de carbone augmentent, l’Amazonie va continuer à stocker du carbone. Mais notre étude démontre que cette hypothèse pourrait être incorrecte et que les processus démographiques sont critiques dans ce système.»

Agir pour stabiliser notre climat

«Partout sur Terre, même les forêts intactes changent», ajoute Oliver Phillips. «Les forêts nous rendent un énorme service, mais nous ne pouvons plus compter seulement sur elles pour résoudre le problème du carbone. Nous devons agir pour réduire les émissions afin de stabiliser notre climat.»

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